"Ça sera une fête sublime, ça sera extraordinaire, on va kiffer nos races ! J’ai hâte d’y être même si j’ai un pincement au cœur car ce sera une fête avec deux convives très importants qui manquent à l’appel : avec Benzema et Ben Arfa, la fête aurait été plus folle." Non, ce n’est pas Éric Cantona qui parle mais un autre acteur célèbre : Jamel Debbouze.
Jamel et le survêtement d’Anelka.Dans un entretien au site de l’hebdomadaire France Football, l’humoriste évoque son excitation à l’approche de l’Euro, tout en regrettant l’absence des deux représentants de la fameuse génération 87. "Ça me fait mal … J’aime cette équipe de France. Je l’aime profondément", insiste le réalisateur de Pourquoi j’ai pas mangé mon père. Elle est arrivée dans mon quartier par le biais de Nicolas Anelka (originaire comme lui de Trappes et, faut-il le rappeler exclu du groupe France lors du Mondial 2010, ndlr). Je me souviens de la première fois qu’il est arrivé avec son survêtement de l’équipe de France… C’était d’une puissance incroyable. On est tous sélectionneur ou entraîneur, on a tous notre avis sur la question. Le sélectionneur a certainement ses raisons. Mais je n’aurais pas fait comme ça pour Benzema et Ben Arfa. Pour plein de raisons."
Et Jamel de s’interroger : "Sportivement, comment fait-on pour se priver de joueurs extraordinaires comme eux ? Benzema est l’un des meilleurs attaquants du monde. Ben Arfa, lui, est le meilleur joueur français de la saison en Ligue 1, c’est incontestable tout le monde l’a vu. N’avoir aucun de 'nos' représentants en équipe de France ('nos', on imagine des joueurs d’origine maghrébine ET venant des quartiers car Adil Rami a la double nationalité marocaine et Paul Pogba vient de Seine-et-Marne, par exemple, ndlr)… Quand on vient des quartiers, on a une mécanique qui nous est propre. Avec un mélange de joie, de frustration et d’envie, on veut bouffer la terre entière mais avec nos potes et notre famille."
Cette fois, Didier Deschamps n’est pas taxé de racisme latent. Si Benzema et Ben Arfa n’ont pas été sélectionnés en Bleu, c’est parce qu’ils "payent la situation sociale de la France d’aujourd’hui". Verbatim : "Tant qu’on ne permet pas aux quartiers d’évoluer et qu’on en fera pas des Silicon Valley, qu'on ne leur permettra pas de s’épanouir humainement, socialement et économiquement, on 'leur' en voudra toujours d’être ce qu’ils sont. Karim Benzema, et par extension Hatem Ben Arfa, payent la situation sociale de la France d’aujourd’hui." Malheureusement, Jamel ne va pas plus loin de la démonstration et c’est quand même bien dommage.
Et l'affaire de la "sextape", alors ? Car, dans son raisonnement, il semble oublier des choses, à commencer par les raisons de l’absence de Benzema. L’attaquant du Real Madrid, dont l'histoire avec les Bleus a toujours été tourmentée, n’a pas été écarté parce qu’il n’a pas marqué assez de buts cette saison ou parce qu’il vient de Bron. Longtemps défendu par le président de la Fédération française de football (FFF), Noël Le Graët, l’avant-centre tricolore a été mis en examen pour "complicité de tentative de chantage et participation à une association de malfaiteurs" dans l’affaire de la "sextape" de Mathieu Valbuena, l’un de ses coéquipiers en équipe de France. Quant à Ben Arfa, dont le talent n’est pas à remettre en cause - il fait d'ailleurs partie des réservistes et pourrait, en cas de nouvelle blessure lundi soir, être dans les 23 -, il avait été sanctionné d’un rappel à l’ordre à l’issue de l’Euro 2012 après une altercation avec son sélectionneur de l’époque, Laurent Blanc…