Marc Liévremont a toujours une pointe d’humour. Mardi matin, au moment d’annoncer la composition de son équipe pour affronter le Canada, le sélectionneur français est arrivé avec cinq bonnes minutes de retard, presque tombé du lit. Devant une cinquantaine de journalistes, il sourit, plutôt détendu. On voitt encore ses yeux tirés et sa barbe naissante pas encore rasé. "J’ai raté le réveil, désolé". Il sourit de nouveau : "comment demander à des joueurs d’être sérieux quand on arrive pas à se gérer soi-même". L’assistance rigole. Tout le monde veut le XV de départ mais Liévremont en remet une couche : "je vais me concentrer, je serais capable d’annoncer Jo Maso (manager) au centre, et Lionel Rossigneux (attaché de presse) titulaire en troisième ligne".
Changement d'attitude
La conférence de presse reprend ensuite. Dès la première question, il interrompt le journaliste non sans courtoisie : "on a marqué six essais contre le Japon et pris le point de bonus, c’est déjà très bien". Cette dernière remarque en dit long sur le changement d'attitude de Marc Liévremont. En 48 heures, pourtant assis à la même place, il a complètement bouleversé son discours.
Samedi soir, tout était négatif. Mardi matin, le sélectionneur affichait sourire et optimisme. Discussions posées avec ses joueurs ou simple auto-critique ? L’ancien troisième ligne des Bleus balbutie encore sa communication. En 48 heures, il s’est tout simplement rendu compte que les critiques devaient d’abord être faites aux joueurs, puis communiquées d’une façon moins directe aux journalistes. Une règle maîtrisée par tous les techniciens du sport (Guy Novès en est un très bon exemple, ndlr). Mais ce rétropédalage et cette attitude pose une vraie question : est-ce que le XV de France, et surtout le sélectionneur dans sa façon de communiquer, ne sont pas encore tout simplement au stade de l'apprentissage...