Le Brésil a-t-il perdu son "joga bonito" ?

David Luiz est le meilleur brésilien depuis le début de la Coupe du monde. Un signe...
David Luiz est le meilleur brésilien depuis le début de la Coupe du monde. Un signe... © Reuters
  • Copié
, modifié à
DUR COMME FER - La Seleçao, qui affronte le Brésil mardi soir en demi-finale du Mondial, est la sélection qui commet le plus de fautes.

Changement de style. Avec 19,2 fautes en moyenne par match, le Brésil ne joue pas avec le frein à main. C'est même l'équipe la plus sanctionnée du Mondial, devant le Costa Rica et l'Uruguay, deux sélections qui n'ont pas la réputation d'être des enfants de chœur. Il faut dire qu'en quart de finale, face à la Colombie, le match a été marqué par d'innombrables fautes des deux côtés, dont des tacles très durs des joueurs de la Seleçao sur le meneur de jeu colombien James Rodriguez. Alors que les Auriverde affrontent l'Allemagne mardi soir en demi-finale du Mondial, on s'est demandé à Europe1.fr où est passé le beau jeu du Brésil. Car le Brésil, cinq fois championnes du monde, a fait rêver des générations de supporters.

Du rêve en barres. Les dribbles, les gestes techniques sublimes, les buts de folie, ça c'était avant. Le Brésil actuel n'est qu'un lointain cousin de ses devancières qui ont fait du "joga bonito", le beau jeu à la Brésilienne, la marque de fabrique de la Seleçao. Revenons un peu en arrière. En 1970, le Brésil triomphe en finale du Mondial mexicain en atomisant l'Italie (4-1). Dans les rangs de cette équipe qui est souvent citée comme une des plus belles de l'histoire du football : le "roi" Pelé, élu plus grand footballeur de tous les temps par la FIFA, Jairzinho, Rivellino et Tostao. Que des artistes du ballon rond. Plus près de nous, la machine à rêves brésilienne a produit son lot de funambules : Ronaldo, Ronaldinho, Rivaldo ou Romario. Mais aujourd'hui, hormis l'attaquant Neymar, blessé et forfait pour le reste du Mondial, c'est le désert.

Le but légendaire de Carlos Alberto en finale du Mondial 1970, face à l'Italie (4-1) :

Parce que le Brésil joue avec ses armes. Alors pourquoi avons nous le sentiment que le Brésil n'est plus vraiment lui-même ? Prenons un exemple symbolique du manque de talent offensif des Auriverde : Fred. L'ancien Lyonnais, actuel attaquant de la Seleçao, n'a inscrit qu'un seul but depuis le début du Mondial. C'est certain que 10 ans après Ronaldo, co-meilleur buteur de l'histoire de la Coupe du Monde avec l'Allemand Miroslav Klose (15 buts), le parallèle est cruel. Pour Dominique Rocheteau, l'ancien attaquant de l'équipe de France, "l'équipe d'aujourd'hui ne pratique pas le beau jeu que les amateurs de football aiment. Ce n'est plus le même Brésil qu'avant." Pour l'ancien joueur de l'AS Saint-Etienne, ce changement de style a une origine : "ce ne sont pas des artistes. Pour avoir du beau jeu, il faut des grands joueurs. Là, Neymar est blessé. Alors ils misent beaucoup sur la force physique de Hulk". Avec son physique de body-builder, l'attaquant du Zénith Saint-Pétersbourg est plus doué pour passer en force que pour dribbler en finesse…à la Brésilienne.

L'attaquant brésilien Hulk montre ses muscles.

© Reuters

Parce qu'on voit surtout les défenseurs. Vous l'avez entendu depuis le début du Mondial, mais c'est toujours vrai avant la demi-finale face à l'Allemagne : les meilleurs joueurs du Brésil, ce sont les défenseurs. Un constat que personne n'aurait imaginé réaliser pour une nation qui a fourni un bataillon d'attaquants de légende. Car aujourd'hui, seuls les défenseurs sont des références mondiales à leur poste. Thiago Silva, suspendu contre l'Allemagne, est considéré comme un des meilleurs défenseurs centraux au monde. Même chose pour son futur partenaire au PSG, le technique et rugueux David Luiz. Sur les côtés, Marcelo à gauche et Daniel Alves à droite sont connus dans le monde entier pour leur jeu offensif. Finalement, les derniers représentants du joga bonito, ce sont peut être les défenseurs. Les anciens latéraux mythiques du Brésil, Roberto Carlos ou encore Cafu, tous deux champions du monde en 2002, ont donc bien de dignes héritiers.

Regardez le coup-franc d'anthologie inscrit par David Luiz en quart de finale face à la Colombie.

Le Brésil veut gagner. Mais beau jeu ou pas, le résultat doit être le même pour la Seleçao : remporter la Coupe du Monde. Même l'artiste de l'équipe, l'attaquant Neymar, avait déclaré à la veille du quart de finale face à la Colombie : "On n'est pas là pour le spectacle. On est là pour courir, jusqu'à plus de fatigue et sortir vainqueur". Sur le terrain, les Brésiliens font donc tout pour gagner, y compris mettre un gros impact dans les duels. Forcément, les amoureux du joga bonito sont déçus, mais comme le souligne Dominique Rocheteau, "ce n'est pas toujours la plus belle équipe d'une Coupe du Monde qui va au bout". L'Italie en 2006 et l'Espagne en 2010, avec seulement deux buts encaissés, ont remporté la compétition en misant d'abord sur une défense de fer. Mais attention, le Brésil a déjà pris 4 buts sur l'ensemble du Mondial. Soit autant que les deux derniers champions du Monde réunis.

sur-le-meme-sujet-sujet_scalewidth_460_scalewidth_460

INSOLITE - Des masques de Neymar distribués pour Brésil-Allemagne

CHOC - Cinq choses à savoir sur Brésil-Allemagne

CASSE-TÊTE - Comment jouer sans Neymar ?

FAVORIS - L'Allemagne, la meilleure équipe...sur le papier

POISONS - Les 5 atouts de la Mannschaft