Oui, le Losc a cette saison l'étoffe d'un champion. Supporters de tous bords et observateurs s'accordent à l'admettre et à le dire, Lille séduit par la fraîcheur et la vivacité de son jeu. Seulement à cinq levées de la fin du championnat, rien n'est encore joué ! L'OM reste en embuscade et les troupes de Rudi Garcia ont encore bien des écueils à éviter. "Je ne vois pas comment Lille pourrait ne pas être champion." Vahid Halilhodzic a le mérite d'être clair. Pas forcément objectif, lui l'ancien patron des Dogues, entre 1999 et 2002, le technicien bosnien n'en dépeint pas moins un tableau qui s'impose aux yeux de tous: "C'est la meilleure équipe, la plus complète, le plus talentueuse, même si Marseille et Lyon ont plus de maturité." Et l'intéressé de prodiguer un précieux conseil aux Nordistes, au détour d'une interview accordée à France Football: "Ce n'est pas le moment de lâcher, de se cacher ou de pratiquer la langue de bois. « Champion, champion », il faut mettre ça dans la tête des joueurs." Champion, le Losc ne l'a plus été depuis 1954... et cela se ressent dans son approche de la dernière ligne droite de la saison. Malgré quatre mois de leadership assumé avant l'intérim marseillais subi quelques jours durant la semaine passée, les Lillois peinent à se projeter sur la plus haute marche. "On a été leader pendant longtemps, c'est un peu notre place", osait à peine Rudi Garcia le week-end dernier devant la presse. Une audace pas tout à fait partagée encore par ses joueurs, comme en témoigne la perspective timorée de Mathieu Debuchy: "En championnat, on veut obtenir une des deux premières places au classement. On souhaite disputer la prochaine Ligue des champions, ce qui serait déjà énorme pour nous." Chat échaudé craint l'eau froide il est vrai, et les Nordistes, qui ont vu la C1 leur passer sous le nez au profit d'Auxerre l'an dernier, ne veulent surtout pas revivre pareille désillusion. Ce même si les sept longueurs d'avance qu'ils comptent sur le troisième actuel, l'OL, leur autorisent tous les espoirs européens à cinq journées de la fin du championnat. Pour ce qui est de la course au titre en revanche, leur seul point de marge par rapport au champion de France sortant les incite fatalement à la prudence. D'autant que le calendrier qui s'annonce n'est pas des plus simples à négocier. Une Coupe à double tranchant Privés de Cabaye, Obraniak et Béria, les Dogues sont attendus cette semaine sur la pelouse synthétique d'une ASNL qui lutte pour son maintien parmi l'élite. Un déplacement périlleux suivi trois jours plus tard d'une redoutable plongée dans le Chaudron stéphanois, sans un Gervinho qui sera alors suspendu. Puis viendra l'heure de la finale de la Coupe de France, face au PSG, et trois ultimes rendez-vous sans doute cruciaux contre Sochaux, Paris et Rennes. Deux batailles à mener de front, en somme, qui pourraient bien jouer des tours aux Lillois quand la concurrence phocéenne se veut d'ores et déjà focalisée sur le championnat et affiche trois matches de moins au compteur (47, toutes compétitions confondues, contre 50 à l'actif de Lille). "C'est excitant, mais on peut aussi tout perdre, admet Yohan Cabaye. C'est un sentiment partagé. Ce dernier mois peut-être magnifique pour le club. Espérons que ça se finira dans la joie et dans la fête." Pour le milieu de terrain du Losc, la finale de la Coupe de France le 14 mai prochain constitue la clef de la fin de saison de son club: "Il ne va pas falloir louper ce match. Cela peut être bénéfique comme nous causer des torts. On va essayer de gagner cette finale pour que l'on soit sur la vague de cette victoire sur les trois derniers matches afin de gagner quelque chose en championnat." Une vision partagée par Mathieu Debuchy: "Cette finale est importante, car une victoire nous boosterait. Mais, même en cas de défaite, on ne lâchera pas la fin de saison. On ne veut pas tout gâcher." Le gâchis serait effectivement de ne pas aller au bout... après tant d'efforts et d'espoirs nourris dans les travées du triste Stadium Nord, et alors que le Losc d'aujourd'hui ne sera certainement pas celui de demain. Si les Eden Hazard, Rio Mavuba, Mathieu Debuchy ou Mickaël Landreau ont prolongé leur contrat cette année et devraient être de la partie lilloise la saison prochaine, Adil Rami s'est déjà engagé en faveur de Valence et Gervinho a décliné la dernière offre en date du président Seydoux. Il y a peu - le 9 avril à Monaco - les Dogues, et Rami en particulier, ont par ailleurs démontré qu'ils avaient la défaite mauvaise. Au point de perdre quatre unités en deux journées dans la foulée. Une rechute de cet acabit, si près du but, serait probablement fatale à la meute. Aussi méritante soit-elle...