Avant que le XV de France de Marc Lièvremont n'ait droit à son tour au chapitre le week-end prochain face aux Fidji, le premier week-end de confrontation entre le Nord et le Sud a déjà consacré le zéro pointé des nations européennes. Mais si le Pays de Galles et, à un degré moindre, l'Irlande, ont pu décevoir, l'Angleterre, capable de bousculer les All Blacks, a montré que le fossé n'était pas si béant... A un an de la Coupe du monde, la dernière possibilité offerte aux équipes européennes de s'étalonner avec leurs rivaux venus du Sud tourne déjà plutôt mal. Premier week-end, trois premiers chocs et... carton plein pour l'hémisphère sud, qui de Twickenham au Millennium de Cardiff, en passant par le nouveau Lansdowne Road, a signé autant de victoires. En attendant que les Bleus de Lièvremont n'ouvrent en douceur leur automne samedi face aux Fidji, au Stade de la Beaujoire, à Nantes, Anglais, Gallois et Irlandais ont baissé pavillon devant leur public. A Dublin, la première sortie sous une pluie battante du XV du Trèfle dans son écrin rénové de Lansdowne Road a sonné le creux, la faute à une politique tarifaire totalement hors sujet de la fédération irlandaise (IRFU). S'ils étaient en quête d'un quatrième succès consécutif à domicile sur les Champions du monde sud-africains, les hommes de Declan Kidney n'ont pu éviter devant leur public un sixième revers de rang, en dépit d'un réveil qui s'avérera finalement trop tardif (21-23). Mais pour son entrée dans le cercle très fermé des centurions, Ronan O'Gara, dont l'entrée en jeu en seconde période en lieu et place d'un Jonathan Sexton transparent avant le repos, a pourtant marqué la réaction des Verts, a raté la transformation d'un hypothétique match nul... Et la 104e cape de Brian O'Driscoll, nouveau recordman des sélections en équipe d'Irlande, a finalement eu le goût d'une nouvelle défaite. "Le ballon était comme une savonnette et les deux formations ont commis des erreurs d'inattention. Nous avons essayé de faire un peu de jeu. Peut-être n'était-ce pas la meilleure chose à faire dans de telles conditions, mais nous essayons de construire un plan de jeu et d'avancer..." La réception des Samoa le week-end prochain devrait au moins permettre aux Irlandais de renouer avec la victoire. L'inhabituel déchet des Blacks La défaite aussi au rendez-vous des Gallois au Millennium Stadium de Cardiff, où Warren Gatland ont concédé un huitième revers en onze matches face aux Wallabies, vainqueurs (25-16) d'un XV du Poireau, qui n'est plus parvenu à signer un succès face à une nation majeure depuis... février 2009. Sans forcer son talent, à l'image du petit point d'avance qu'elle comptait à la pause (7-6), l'Australie a pu compter une fois encore sur la vista de ses jeunes trois-quarts, à travers son ailier James O'Connor, incontestablement l'homme en forme de ce début de tournée, et son arrière Kurtley Beale, tous deux auteurs des deux essais de la victoire. A défaut pour l'équipe de Robbie Deans de disposer d'une conquête à la hauteur, notamment dans l'exercice d'une mêlée fermée, où entre blessures et limites flagrantes, les Gallois ont pu donner des idées aux Bleus, futurs adversaires de Rocky Elsom et de ses coéquipiers. "J'ai un sentiment mitigé, a commenté Gatland, désireux de positiver. Il y a eu plusieurs choses positives. Nous avons été bons en mêlée et en touche, on voulait les prendre devant surtout en mêlée et être direct. Mais on a eu quelques pertes de balles, qui nous ont coûté cher et des tirs au but (manqués) en première mi-temps, qui nous ont compliqué les choses. On connaissait la créativité des Australiens, mais ils ont marqué sur quelques ballons perdus". Ceux-là mêmes qui avaient conduit à la perte des All Blacks face aux Wallabies il ya dix jours, à Hongkong. Inhabituel pour des Néo-Zélandais, dont la nouvelle sortie à Twickenham, si elle a préservé les ambitions de Grand Chelem des hommes de Graham Henry dans cette tournée des îles britanniques, a confirmé cette propension à un déchet plus que rare chez la bande à McCaw, qui aura surtout capitaliser sur ses deux essais inscrits tôt dans le match face aux Anglais. ""Nous disions depuis deux semaines que si nous ne commencions pas bien, ils nous feraient mal et c'est ce qui s'est passé, regrettait amèrement Martin Johnson. Etre revenus dans le match après avoir été menés 14 à 0, c'est bien. Mais la différence c'est de marquer quand on en a l'occasion. Ils ont eu deux occasions et les ont prises, pas nous." Le retour d'une équipe anglaise, décidée à jouer tout ou presque de ses ballons à la main, au point d'égarer quelques points au pied, sur les talons des Blacks ne sera pourtant pas loin de faire mouche (26-16). "Nous avons par moments fait preuve d'un trop grand respect à leur égard, a réagi encore le sélectionneur anglais. Dans nos bons moments, nous jouions très bien, mais on ne peut pas avoir de seconde chance face à de tels joueurs". L'ancien capitaine du XV de la Rose, champion du monde en 2003, espère voir ses joueurs réagir. "C'est le premier match d'une grosse année pour nous." La Rose a des idées, c'est suffisamment nouveau pour être noté, les Wallabies, leurs prochains adversaires, sont prévenus.