Bernard Lapasset, président du Comité français du sport international (CFSI), présente jeudi un rapport encourageant sur "la faisabilité et l'opportunité" des JO-2024 à Paris, qui devrait rapidement déboucher sur une candidature. Une candidature à laquelle, selon un sondage CSA pour Direct Matin, près de 3/4 des Français seraient favorables à la candidature parisienne aux JO de 2024. Interrogée mardi matin sur BFM TV, la maire de la capitale, Anne Hidalgo, a elle aussi montré une certaine envie sur ce dossier. "Je ne dis pas oui ou non sur un coup de tête. Aujourd'hui, mon inclinaison, mon cœur est plutôt sur le sport et les jeux. J'en aurais vraiment envie. Mais en même temps, je dis que je ne veux pas faire n'importe quoi", a-t-elle déclaré.
>> La candidature de Paris aux JO 2024 est-elle une bonne idée ? Le dépôt officiel des candidatures est en septembre. D’ici là, voici les arguments pour les deux camps :
LES ARGUMENTS POUR
Des infrastructures à rénover et à développer. Dans les années à venir, la France va organiser plusieurs compétitions sportives internationales comme le championnat d'Europe de football en 2016 ou les Mondiaux de handball en 2017. Autant d’événements qui vont permettre de rénover les infrastructures sportives déjà existantes. En 2015, le Palais omnisports de Paris Bercy deviendra la "Bercy Arena", avec une nouvelle capacité de 21.000 spectateurs. Pour l’Euro 2016, le Stade de France devrait, lui aussi, subir quelques rénovations. On peut aussi imaginer que Roland-Garros subira un petit lifting d’ici dix ans. Autre avantage : les transports. Le plan des sites retenus s’intégrera au schéma de transports du Grand Paris dont le financement est acquis et qui aura commencé à voir le jour, avec ou sans JO. Si Paris présentait son dossier, le comité directeur devra s’appuyer sur ce point.
Une source de motivation pour le sport de haut niveau. Tous les athlètes tricolores en rêvent. Champion olympique du saut à la perche en 2012, Renaud Lavillenie souhaite finir sa carrière sur un titre à Paris en 2024. Il y aussi ceux qui rêvent d’une telle candidature pour booster leur carrière. Si Paris venait à organiser les Jeux olympiques, de nouveaux crédits permettraient d’aider des sports qui manquent aujourd’hui cruellement de subventions.
Les retombées économiques. C’est bien évidemment un argument à double tranchant. Le coût (qu’on évoquera ci-dessous) doit être contrebalancé avec les retours sur investissement. Une campagne olympique crée bien évidemment des emplois mais aussi des logements autour des infrastructures sportives.
L’alternance des continents. 2008 : Pékin (Asie). 2012 : Londres (Europe). 2016 : Rio (Amérique). 2020 : Tokyo (Asie). Et 2024 ? Cela ne sera bien évidemment pas le premier argument avancé par le Comité français du sport international (CFSI) mais il en tiendra compte. Si Madrid avait remporté les Jeux en 2020, Paris n’aurait même pas imaginé une seconde présenter son dossier en 2024.
100 ans sans Jeux. En 2012, Paris avait beaucoup avancé cet argument. Depuis 1924, la France n’a pas été l’hôte d’une olympiade. En 2024, Paris fêtera donc les 100 ans des derniers Jeux olympiques sur son sol. Une arme "corde sensible" qui peut très bien peser dans la balance.
LES ARGUMENTS CONTRE
Le coût trop élevé. C’est toujours le premier argument avancé par ceux qui ne veulent pas d’une candidature française. Si on met de côté les budgets astronomiques pour les JO de Pékin en 2008 (31 milliards d’euros), les JO de Londres (11 milliards d’euros), ou les JO de Sotchi (36 milliards d’euros), le budget des Jeux olympiques à l'avenir devrait être plus mesuré. Evalué entre 4 et 5 milliards d'euros par la mairie de Paris, le coût des Jeux est estimé à moins de 4 milliards d'euros dans le rapport du CFSI. Mais les écarts sont souvent faramineux entre les budgets prévisionnels et la facture finale, comme l'indiquent les économistes du cabinet d'experts Microeconomix.
Une concurrence très relevée. Alors que la France hésite encore, l'Allemagne, les Etats-Unis et l'Italie ont déjà franchi le pas et annoncé leur candidature à l'organisation des JO 2024. Préférée à Washington, Los Angeles et San Francisco par le Comité olympique américain, Boston a clairement bénéficié des nouvelles recommandations du CIO prônant des Jeux à taille humaine. Les Etats-Unis ont retenu pas mal de leçons depuis l’échec de la candidature de Chicago pour les JO de 2016. Autre adversaire de taille : Rome. La ville italienne mise sur une candidature low-cost en temps de crise et pourra compter sur l’aide du Vatican qui a récemment proposé d’abriter une ou plusieurs épreuves. Enfin, si l’Allemagne hésite encore entre Berlin et Hambourg, elle pourrait être sérieusement handicapée par le président du CIO (Thomas Bach élu en 2013, ndlr). Une ville allemande peut-elle être élue par une institution olympique présidée par un Allemand ?
L’exposition universelle un an plus tard. Beaucoup moins coûteux que la candidature olympique, l’organisation de l’Exposition universelle 2025 pourrait être une sacrée épine dans le pied de Paris. D’autant que le Premier ministre Manuel Valls a récemment appuyer cette organisation. Mais est-ce pour autant un problème. En 2008, Pékin organisait les JO. Deux ans plus tard, Shanghai accueillait l’Exposition universelle.
>> LIRE AUSSI - Exposition universelle ou JO : que veut Paris ?
L’échec de 2012 encore dans toutes les têtes. Il ne serait pas très lucide de ne pas y penser. De très nombreux sportifs tricolores ont encore bien en mémoire cet échec. Pour les JO de 2012, de nombreux sportifs avaient notamment regretté que la candidature soit surtout portée par des hommes politiques. Une erreur à ne pas reproduire…