"On est des supporters acteurs et non pas des supporters spectateurs", lance Julien*, jeune ultra de la tribune sud du Stade du Ray. "On n'a rien à voir avec les nouveaux supporters du PSG qui applaudissent quand on leur demande". A chaque match à domicile de l'OGC Nice, ils sont environ 2.000 ultras à se répondre dans les tribunes nord et sud. Montrés du doigt par la Division Nationale de Lutte contre le Hooliganisme (DNLH), ils ne pourront pas se rendre à Bastia samedi soir pour encourager leur équipe. Pour Europe1.fr, ils brossent leur autoportrait en guise de défense.
"Tous sauf des nazillons violents"
"On a souvent une image de supporters ultra-violents, voire parfois de nazillons mais c'est totalement faux", proteste Luc*, l'un des fondateurs du mouvement ultra à Nice. "On est le parfait reflet de la société française. Sur une tribune de 2.000 personnes, il est certain que vous allez trouver quelques gars d'extrême droite, mais c'est une minorité. On se connaît tous et je peux vous assurer qu'il n'y a aucun danger à assister à une rencontre dans ces tribunes. Il y a même des enfants à nos côtés".
Le mouvement ultra existe depuis la saison 1984-1985 à Nice. A l'époque, les Aiglons évoluent en deuxième division. Situation géographique oblige, certains supporters vont goûter à l'ambiance des stades de l'autre côté des Alpes. "On a été voir des matches à Milan et à Turin (et notamment des rencontres du Torino)", raconte Luc. "Ils vivaient autrement leur passion pour le foot. Petit à petit, on a commencé à s'en inspirer, à reprendre des chants, des idées". Au départ, ils ne sont qu'une petite cinquantaine à former la Brigade Sud Nice. Mais au fil des saisons, leur nombre grandit, des groupes se forment et se dissolvent. Aujourd'hui, seule l'Armada Rumpetata Nissa (ARN) existe en tant que telle mais ils sont nombreux au stade (2.000 pour une capacité de 19.000 spectateurs au Stade du Ray). "Les différents gouvernements ont essayé de nous tuer à petit feu mais les ultras existent toujours à Nice".
Interdictions de stade et bombes agricoles
Seulement voilà, depuis le début de la saison, les ultras niçois collectionnent les arrêtés ministériels. Une centaine d'interdictions de stade, deux interdictions de déplacement (à Marseille le 11 novembre dernier et à Bastia, samedi soir) et trois huis clos partiels au Stade du Ray. "Ce sont toujours les même clubs qui sont visés, et en particulier Nice et Bastia", regrette José Boetto, président du club des supporters de Nice (mouvement non ultra). "On aurait peut-être été 100 ou 200 à se déplacer en Corse pour ce match. Cela montre que le préfet et ses équipes sont incapables d'assurer notre sécurité".
Reste une rivalité historique entre Nice et Bastia qui existe réellement. En 2004, les deux clubs s'affrontent sur le terrain. Une partie des supporters continue la rencontre en dehors du stade (voir ci-dessous). "C'était un carnage", se souvient José Boetto qui avait fait le déplacement à l'époque en car. "On avait été carrément attaqué par des ultras bastiais à coups de bombes agricoles".
Pour éviter tout nouveau débordement, le ministère de l'Intérieur a interdit le déplacement des supporters bastiais au match aller. Même mesure de précaution pour la rencontre de samedi, à Bastia.
"Ils ont envie de tuer le foot populaire"
Les ultras se sentent accusés en permanence. Le coupable est à leurs yeux, la fameuse DNLH (Division Nationale de Lutte contre le Hooliganisme), accusée de "vouloir tuer le football populaire et d'aseptiser les stades". Pour sa défense, le chef de la DNLH, Antoine Boutonnet est prêt à "assumer encore plusieurs interdictions de déplacements dans le futur s'il existe une très forte probabilité d'incidents". Et de conclure : "quand vous vivez votre passion, il n'y a aucun souci. Vous pouvez venir au stade avec vos enfants, vous mettre torse nu et crier à tue-tête, ça ne pose aucun problème. Mon but est simplement de ne plus voir d'infractions dans les enceintes sportives".
* Les prénoms ont été modifiés