"J'ai envie, et je l'ai déjà dit à l'entraîneur et au président, de continuer avec Lyon et je suis pleinement impliqué dans le projet cette saison." Ça, c'était le 18 juillet dernier, au sortir d'un match amical gagné contre l'AC Milan au stade Gerland (2-1) : Alexandre Lacazette affichait sa confiance en l'avenir. Depuis, tout va à vau-l'eau ou presque : l'OL a perdu ses deux autres matches de préparation, avec notamment une correction infligée par Arsenal (6-0), ainsi que le Trophée des champions face au PSG (2-0). Et Lacazette, meilleur buteur et meilleur joueur sortant de la saison, se retrouve au cœur du cyclone.
La raison : une performance insignifiante, dimanche, face au PSG, mais également un comportement qui prête à discussion, à la fois sur le terrain, mais aussi en dehors. Le quotidien L'Equipe précise ainsi mardi que Lacazette s'est "montré hautain" avec un intendant du club lors de la récente tournée de préparation outre-Atlantique et que son entraîneur, Hubert Fournier, lui a même signifié qu'il "pouvait partir s'il n'était pas content d'être ici". En un été, Lacazette serait-il passé d'homme providentiel à boulet qu'on traîne ?
Une revalorisation dans un tiroir. "Bien sûr, des clubs sont intéressés par un joueur comme lui, mais il est sous contrat avec Lyon, et avec toutes les compétitions que nous aurons à jouer cette saison, la Ligue des champions et les Coupes nationales, nous voulons bien sûr le conserver." Ça, c'est Hubert Fournier qui le déclarait le 24 juillet. Problème, son président, Jean-Michel Aulas, ne s'est pas toujours montré aussi affirmatif, même s'il a souvent assigné à Lacazette, sous contrat jusqu'en juin 2018 avec l'OL, le fameux qualificatif d'"intransférable", qui signifie souvent "transférable à un prix très élevé".
"JMA" s'est surtout fendu au cœur de l'été d'une sortie dont il a le secret, en révélant que le club avait proposé à son attaquant une prolongation de contrat assortie d'une revalorisation salariale à "quatre millions d'euros bruts par an". Même s'il s'en est défendu, Lacazette n'a pas dû apprécier cette déclaration, qui lui donne un mauvais rôle, quoi qu'il arrive : celui qui a demandé plus d'argent ou celui qui en demande encore plus. De fait, sa prolongation, et donc sa revalorisation salariale, reste pour le moment dans un tiroir.
Confiance (et argent) aux jeunes. "Avant, c'était une bande de copains. Aujourd'hui, c'est une équipe de stars avec des gros salaires." Ça, c'est le constat dressé par Jean-Michel Aulas, le 29 juillet dernier, dans L'Equipe. Un constat aux allures de reproche d'autant plus étonnant que c'est lui, en tant que président, qui a validé ces fameux contrats. Mais pour la défense du président rhodanien, on peut convenir qu'il y était un brin contraint.
Sa classe biberon a en effet terminé deuxième de Ligue 1 la saison passée, derrière l'intouchable PSG, et s'est qualifiée directement pour la phase de groupes de la Ligue des champions. La plupart des joueurs de l'équipe-type bénéficiaient d'un premier contrat loin des canons proposés dans les autres grosses écuries françaises et européennes. Anthony Lopes, Samuel Umtiti, Jordan Ferri, Corentin Tolisso, Clément Grenier et Nabil Fekir ont tous été prolongés et donc revalorisés lors de l'intersaison. Le monde du football n'étant pas autrement que celui de l'entreprise, chacun a semble-t-il comparé son contrat avec le voisin. Et les jalousies de commencer à poindre...
Selon L'Equipe, Lacazette a pensé un temps se placer au-dessus de ça et ne pas prolonger pour montrer qu'il faisait passer le sport avant l'argent. Mais visiblement, aujourd'hui, une non-prolongation serait plutôt synonyme de départ. A l'orée d'une saison qui se conclura par l'Euro 2016, Lacazette, qui compte huit sélections avec les Bleus, a tout intérêt à livrer un grande saison s'il veut assurer sa place dans le groupe des 23. L'OL, qui entrera dans son nouveau stade en janvier prochain, a besoin de son talent mais aussi de son image. Ses premières performances, à commencer par celle contre Lorient, dimanche, pour la 1re journée de Ligue 1, seront sans doute décisives dans l'issue du feuilleton...