Vendredi soir, les San Antonio Spurs vont disputer leur troisième match dans la série qui les oppose aux Houston Rockets en demi-finales de la conférence Ouest des play-offs NBA. Ils le feront sans Tony Parker, pour la première fois depuis… 221 matches de play-offs. Mercredi, lors du match n°2, leur emblématique meneur, modèle de constance au plus haut niveau, s'est en effet gravement blessé au genou gauche après une mauvaise réception. Le verdict est tombé jeudi soir : rupture du tendon quadricipital, qui fait le lien entre le quadriceps fémoral et la partie supérieure de la rotule. Les play-offs sont évidemment terminés pour "TP", qui devrait être éloigné des terrains pendant près de six mois.
35 ans le 17 mai. Le n°9 des Spurs va devoir apprendre à gérer cette longue indisponibilité, une première pour lui dans une carrière entamée en 1999 au PSG Racing et qui se poursuit aux Spurs depuis 2001. Le joueur, sans doute marqué par cette blessure, n'a pas encore communiqué son état d'esprit sur les réseaux sociaux, alors que va commencer pour lui le long chemin de la guérison. Car il paraît en effet improbable que "TP", compétiteur né, ne termine sa carrière sur cette mauvaise réception contre Houston. Sous contrat jusqu'en 2018 avec les Spurs, il tentera très certainement de revenir le plus vite possible la saison prochaine. Mais, à bientôt 35 ans - il les aura le 17 mai prochain -, son retour à la compétition sera forcément compliqué.
Je ne vois pas Tony arrêter comme ça
Redevenu décisif en play-offs. "Tout dépend de sa volonté. Maintenant, dans le sport moderne, 35 ans, c'est moins vieux qu'il y a 20 ou 30 ans, avec toutes les améliorations qui ont été faites dans le suivi médical et dans les structures du basket pro", estime George Eddy, voix historique de la NBA en France et qui suit le championnat pour Canal+ Afrique. "Il a déjà dit par le passé qu'il espérait encore jouer pendant trois ou quatre saisons, donc je pense qu'il va faire les efforts nécessaires pour revenir. Dans six mois, ce sera le début de la saison régulière, donc il pourrait très bien retrouver la forme pour les play-offs la saison prochaine. Je crois qu'il a envie de le faire, je ne vois pas Tony arrêter comme ça."
Cette saison, l'ancien meneur de jeu des Bleus, qui a pris sa retraite internationale l'an dernier après les JO de Rio, a été utilisé avec parcimonie par son entraîneur, Gregg Popovich : 25 minutes de jeu en moyenne et un peu plus de 10 points seulement, sa plus faible moyenne depuis sa saison de rookie, en 2001-2002. Mais, depuis le début des play-offs, on avait retrouvé le vrai Tony Parker, avec une moyenne de points en nette augmentation (15,9 points). Mercredi, avant de se blesser, "TP" en était d'ailleurs à 18 points inscrits et avait signé quelques mouvements de grande classe.
"Plus que notre meneur". "Quand il a la balle en main, on sait qu'il va faire les bons choix, le bon shoot", a expliqué mercredi soir Patty Mills, doublure de Parker au poste de meneur. Ironie de l'histoire, Parker s'était emparé à l'occasion de ce deuxième match face à Houston de la 5ème place du classement des joueurs ayant disputé le plus de matches de play-offs et était devenu le neuvième joueur à dépasser le seuil des 4.000 points en play-offs. On ne s'en rend pas toujours compte de ce côté-ci de l'Atlantique (peut-être parce qu'on le connaît trop bien), mais Parker est une sommité de la NBA.
"C'est plus que notre meneur, son expérience et son sang froid vont nous manquer aussi", a insisté mercredi soir son coéquipier argentin Manu Ginobili. "El Manu" a fait partie avec Parker et Tim Duncan de l'un des "Big three" les plus prolifiques de l'histoire de la NBA (quatre titres en 2003, 2005, 2007 et 2014). Si Duncan a pris sa retraite et si Ginobili joue cette année sa dernière saison, George Eddy considère que Parker peut encore espérer jouer les premiers rôles une ou deux saisons de plus : "Il a commencé sa transformation. Avant, il jouait sur sa vitesse de pointe, maintenant il joue plus sur sa technique et sur son savoir-faire en tant que meneur de jeu expérimenté. S'il revient, il peut encore être performant pendant une ou deux saisons." C'est tout le mal que l'on peut souhaiter aujourd'hui à cette légende du sport français.