"On ne parle pas de Daech quand même, personne n'est mort." Le quarterback vedette des New England Patriots Tom Brady a tenté jeudi de dégonfler le scandale qui a éclaté peu de temps après la qualification de sa franchise pour le Super Bowl, dimanche dernier, face aux Indianapolis Colts (45-7). Sollicitée par un membre du staff des Colts, la NFL a indiqué que 11 des 12 ballons utilisés par les Patriots lors de ce match étaient sous-gonflés de manière significative (16% par rapport à la pression minimale exigée), au contraire de ceux utilisés par les Colts, conformes au règlement. En NFL, chaque équipe est responsable de ses ballons, dont la pression et le poids peuvent varier de 7 à 8 %. Quel est l'intérêt pour les Patriots de sortir des clous ? Un ballon sous-gonflé est plus facilement maîtrisable par le quarterback et les receveurs, notamment dans des conditions difficiles, et favorise donc le jeu à la passe.
"Quand j'ai choisi ces ballons, pour moi, ils étaient parfaits", s'est justifié Brady, qui avait d'abord pris cette histoire à la plaisanterie avant que la polémique n'enfle de jour en jour. "Je ne veux pas que quelqu'un touche le ballon après ça. Je ne veux que personne les frotte, ne rajoute de l'air, n'en enlève. Pour moi, ces ballons étaient parfaits, et c'est ce à quoi je m'attendais quand je suis entré sur le terrain." Que dit la règle ? Chaque équipe doit remettre un jeu de 12 ballons aux arbitres 2h15 avant le coup d'envoi afin qu'ils soient testés et jugés conformes. Visiblement, dimanche, quelqu'un est ensuite intervenu pour dégonfler un peu les ballons des Patriots. Brady a confirmé lors de sa conférence de presse qu'il aimait utiliser des ballons gonflés au minimum, mais dans le respect des règles.
"Je n'étais au courant de rien." Les observateurs de la NFL sont sceptiques et se demandent comment un quarterback peut ne pas être au courant de la pression mise dans le ballon - et ne pas sentir de différence -, lui pour qui c'est son outil de travail. Brady a expliqué ne pas avoir senti de différence entre les ballons utilisés en première période et en seconde, après que les Colts ont signalé aux arbitres le problème à la mi-temps. A l'instar de Brady, le coach des Patriots, Bill Belichick (photo), a adopté la politique de l'autruche. "J'ai été choqué d'apprendre pour les ballons lundi. Je n'étais au courant de rien jusqu'à lundi matin", a-t-il insisté. "Je dirais que j'en ai davantage appris sur le processus de gonflage des ballons ces trois derniers jours que je n'en ai appris, ou que j'en ai parlé, durant les 40 dernières années où j'ai entraîné dans la Ligue."
On pourrait croire à la bonne foi des deux hommes forts des Patriots, mais le problème est que la franchise a (déjà) quelques casseroles sur le dos sous leur ère. En 2007, elle avait ainsi été condamnée pour avoir filmé les indications des coaches des New York Jets sur la ligne de touche. A l'issue de ce "spygate", Belichick avait notamment été condamné à une amende de 500.000 dollars (447.000 euros), la plus lourde jamais infligée à un coach.
Une mauvaise publicité pour la NFL. Une amende et des tours de draft, voilà ce que risquent aujourd'hui les Patriots pour cette tricherie qui n'a sans doute pas changé le cours du match face aux Colts mais qui altère l'image de la franchise et celle de la NFL de manière significative. Et dans les jours précédant le Super Bowl, sa plus belle vitrine, la puissante Ligue se serait bien passée de cette bien mauvaise publicité.