Tout juste élu meilleur joueur du mois d'octobre en Premier League, Samir Nasri et Arsenal reçoivent Newcastle, dimanche, lors de la 11e journée de Premier League. L'occasion est donnée à l'ancien minot marseillais de justifier cette distinction honorifique, lui qui semble avoir franchi un cap après deux saisons laborieuses et des échéances internationales ratées. Si l'on était dans la peau de Laurent Blanc, le temps d'un week-end, on lui conseillerait de faire un tour dimanche après-midi à l'Emirates Stadium. D'abord parce que la pelouse londonienne regorgera de représentants français mais surtout parce le sélectionneur tricolore aura l'occasion de superviser un Samir Nasri en pleine possession de ses moyens. De quoi redonner du baume au coeur à l'ancien technicien des Girondins, pas vraiment gâté ces dernières semaines par les performances des éléments à vocation offensive de l'équipe de France. Au sortir d'une discussion avec Arsène Wenger après la rencontre, il saura définitivement que le milieu d'Arsenal marche actuellement sur l'eau. Car le manager d'Arsenal n'est pas peu fier de son protégé: "Il a maintenant ajouté l'efficacité offensive à son jeu. Cela fait un grand joueur, parce qu'il marque des buts, fait des passes décisives, il peut provoquer en un-contre-un, il peut passer, il est tout ce que vous rêvez d'être quand vous êtes un joueur de football." Une litanie d'éloges méritées pour le Gunner, récompensé mercredi dernier par le titre de meilleur joueur du mois d'octobre en Premier League. Au nez et à la barbe de Rafael van der Vaart et de Carlos Tevez, qui portent actuellement à eux-tous seuls leurs clubs de Tottenham et City. Ça vous classe quand même la forme du bonhomme ! Enfin débarrassé des pépins physiques qui ont longtemps retardé son adaptation au jeu anglais, Samir Nasri semble avoir trouvé une certaine stabilité au sein du club londonien. Une aisance qui fait de l'ancien minot marseillais l'homme fort du début d'exercice canon d'Arsenal (2e du championnat à cinq points de Chelsea), avec sept réalisations et quatre passes décisives, toutes compétitions confondues, dont trois buts lors des six derniers matches. A titre de comparaison, le meneur de jeu de 23 ans n'avait trompé la vigilance des portiers anglais qu'à cinq reprises sur l'ensemble de la saison dernière. Preuve que le "Petit Prince" a parcouru bien du chemin depuis son arrivée dans la Perfide Albion, ajoutant une nouvelle corde à son arc, celle de l'efficacité. "Samir est plus efficace dans la création d'occasions, sur les derniers ballons. Il a amélioré sa vision du jeu, et il est plus rapide dans la projection vers l'avant," s'évertue à dire Wenger, ravi des prestations de son joyau français. Emon: "A l'OM, il ne jouait qu'avec le ballon dans les pieds". Mais à quoi est-dû ce rendement offensif nettement supérieur ? "A la maturité", répond instinctivement Albert Emon, le coach du jeune phocéen entre 2006 et 2007. "Son jeu n'a pas changé. C'est venu avec la maturité dans le jeu. Il a plus de cent rencontres avec Arsenal dans les jambes et ne fait plus que des matches de haut niveau." Le fait de quitter son cocon marseillais pour s'installer sur les bords de la Tamise a également accéléré sa progression. Tout comme la découverte d'une concurrence acerbe. Car aux côtés d'Andreï Arshavin, Cesc Fabregas, Tomas Rosicky ou d'Abou Diaby, le gamin de la Gavotte-Peyret doit bosser dur pour se faire une place dans le onze titulaire d'Arsenal. Autant le chouchou du Vélodrome se reposait sur son talent intrinsèque et ses lauriers à Marseille, couvé qu'il était par les formateurs du club olympien, autant le nouveau canonnier s'est fait violence pour donner une toute autre profondeur à son jeu. Et là encore, c'est Albert Emon qui en parle le mieux : "A l'OM, il ne jouait qu'avec le ballon dans les pieds. Maintenant, il a acquis l'art du déplacement et du placement." Plus à l'aise dans une position axiale, juste derrière l'attaquant, l'international français, sur qui Laurent Blanc semble compter, a surtout su mettre ses qualités techniques au service du collectif. C'est désormais dans une position de "meneur excentré", à gauche comme à droite, comme il se plaît à l'expliquer, que Nasri donne satisfaction au club londonien. Une polyvalence qui lui permet donc d'être plus décisif dans la zone de vérité, même si à court terme, son profil de "playmaker" pourrait lui servir pour succéder dans l'entrejeu à Fabregas, qui finira bien un jour par céder aux sirènes barcelonaises. C'est d'ailleurs dans cette optique qu'Arsenal vient de lui offrir une prolongation de contrat de trois années supplémentaires. Et c'est sûrement à ce poste que cet élément de la génération 87 a un avenir international. Car si Raymond Domenech n'a jamais donné sa chance au meneur de 23 ans, la faute soit-disant à un crime de lèse-majesté envers les cadres tricolores, allant jusqu'à l'écarter de la Coupe du Monde en Afrique du Sud, son successeur l'a titularisé lors des deux derniers matchs des Bleus, face à la Roumanie et le Luxembourg. Une destinée qui pourrait perdurer, à plus forte raison si Blanc traverse la Manche dimanche.