Lors des tirages au sort des huitièmes de finale, on savait que les clubs français auraient des difficultés pour se qualifier. Après les regrets de l’OM à Manchester et la leçon reçue par l’OL à Madrid, le constat est sévère : aucun représentant français ne verra les quarts de finale. Europe1.fr analyse les raisons de cet échec.
Une fois encore. L’année dernière n’était qu’une exception. Lyon-Bordeaux en quarts de finale et l’OL en demi. Mais cette année, le foot français se retrouve une nouvelle fois confronté à ses limites. Un titre comme une épitaphe mortuaire à la Une du journal L’équipe : "Fin". Pendant ce temps-là, les autres championnats européens poursuivent leur chemin sans même se retourner. L’Angleterre et l’Espagne sont une nouvelle fois les grands gagnants de ces huitièmes. Trois clubs anglais (Manchester United, Chelsea et Tottenham) seront en quarts. L’Espagne, elle, aura deux représentants (le Real Madrid et le FC Barcelone).
Trop d’erreurs défensives. On entend toujours la même rengaine après un match contre un grand club : "à ce stade-là, ça ne pardonne pas". Evident mais pourtant bien réel. Le Croate Lovren est impliqué sur les trois buts, Cris s’arrête sur le second,… La défense lyonnaise a pris l’eau mercredi soir contre le Real. Si l’OL a retrouvé un second souffle en championnat, la Ligue des champions a révélé au grand jour ses limites défensives. Et le journal L’Equipe d’en rajouter une couche : "cette défense a quand même trouvé le moyen d’encaisser dix buts lors de ses trois derniers déplacements (quatre à Benfica, trois à Schalke et trois nouveaux hier, ndlr). Sur ces bases-là, l’OL ne pouvait pas aller plus loin".
A Old Trafford, mêmes erreurs et même constat. Les Marseillais ont encaissé deux buts casquette. Mais bien plus que des erreurs défensives manifestes, c’est un manque de lucidité général sur les duels qui a condamné les clubs français.
Des attaquants jamais décisifs. La composition des équipes explique, à elle-seule, la différence de niveaux. Cristiano Ronaldo, Özil et Benzema contre Lisandro, Briand et Gomis. La différence est encore plus criante à Old Trafford : Rooney, Nani et "Chicharito" d’un côté, Gignac, Rémy et Ayew de l’autre. Sur le papier, les écarts font peur. Sur le terrain, les disparités font rougir. Contre le Real, Lisandro, Briand et Gomis ont été fantomatiques. Et que dire d’André-Pierre Gignac à Manchester ? Inexistant serait un doux euphémisme.
Manque d’individualités. Mercredi soir, Marcelo a débloqué la situation sur un exploit personnel. Marcelo mais aussi Cristiano Ronaldo qui lui adresse une merveille de passe. Un contrôle d’un pied et je donne de l’autre. Simple et efficace. Mais encore fait-il savoir le faire. Ni l’OL ni l’OM ne possède aujourd’hui des joueurs capables de faire la différence en quelques gestes. Le coup de rein qui le fait, la vista au bon moment et le pied qui ne tremble pas devant le gardien. Contre des équipes européennes plus abordables, les clubs Français peuvent se débrouiller. Mais contre des gros bras comme le Real ou Manchester, ils ne font (presque) jamais le poids.
Y-avait-il la place ? Ne parlons pas ici de Lyon. Le Real a infligé une correction aux joueurs de Claude Puel. La défaite est logique et indiscutable. Non, cette question concerne le match de Marseille. Après l’élimination de l’OM, nombreux étaient les spécialistes à prétendre que les Phocéens avaient fait frémir les Mancuniens. Certes, un léger frisson a soufflé sur Old Trafford après le but contre son camp de Brown. Mais les responsables ne sont pas les joueurs de Dider Deschamps mais bien les Red Devils qui n'ont jamais haussé leur talent. Rappelons aussi que Edwin Van der Sar, le gardien des Red Devils, n'a jamais eu à réaliser des parades incroyables. A peine a-t-il eu le temps de chauffer ses gants...
L’excuse de l’arbitre. "Ce qui aurait sauver l’OL, c’est que le jeune arbitre slovène M. Skomina expulse Pepe, déjà averti, pour un genou dans la tempe de Lisandro". L’attaque du journal L’Equipe est assez facile. L’homme en noir est toujours le premier responsable de l’échec de nos préférés. Si Pepe méritait un carton rouge, Lisandro, lui aussi, devait être sanctionné pour avoir essuyé ses crampons sur Xabi Alonso.
L’excuse financière. Ce n’est plus un secret, Jean-Michel Aulas, le président de l’OL, digère souvent mal la défaite. Après l’élimination de son équipe mercredi soir, JMA a encore brandi l’excuse financière : "le plus puissant économiquement a gagné". Si les joueurs de Lyon n’ont pas été à la hauteur contre le Real, Aulas soulève une nouvelle fois l’un des gros problèmes du foot français. Et de renchérir : "imaginez que ce soir la recette qui a été faite représente 25 à 30 % de notre recette annuelle". Avec des droits TV peut-être bientôt revus à la baisse et une fragilité financière actuelle des clubs de Ligue 1, les choses ne devraient pas s’arranger si rapidement.