Tout au bout d'un week-end de Ligue 1 un peu dingue, l'Olympique lyonnais a écrasé Montpellier, dimanche soir, sur le score sans appel de 5-1, en clôture de la 28e journée. Un joueur s'est mis en évidence lors de cette démonstration de force : Nabil Fekir, qui, lui aussi, a vécu un week-end complètement fou...
Vendredi : critiqué par Fournier, choisi par l'Algérie. En conférence de presse, l'entraîneur de l'OL, Hubert Fournier (photo), critique le comportement de son jeune joueur, qui, au cours d'une interview le week-end précédent, avait fait fait part sans ambages de son ambition mais aussi de ses interrogations sur son avenir international. En effet, né en France de parents algériens, Fekir peut à la fois jouer pour les Bleus ou les Fennecs. Selon Fournier, la médiatisation de cette hésitation a nui à la performance de son attaquant à Lille, où Lyon s'était incliné le samedi après-midi (2-1). "C'est ce qui était à craindre, ça l’a perturbé", avait souligné Fournier, qui, dans la foulée du match, avait déjà fustigé le comportement de ses joueurs. "Maintenant, il faut qu’il passe à autre chose, que lui et son entourage se fassent plus discrets dans les médias, et qu’il fasse plus parler ses pieds que s’exprimer dans la presse. C’est le meilleur moyen de retrouver ce qui a fait qu’on parle de lui positivement."
Parallèlement à cette déclaration assez franche du collier, on apprend que le sélectionneur de l'Algérie, Christian Gourcuff (père de Yoann, coéquipier de Fekir à Lyon, ndlr), a retenu Fekir dans une pré-liste de 37 joueurs pour les deux matches amicaux que doivent disputer les Fennecs en mars, face au Qatar, le 26, et Oman, le 30. Selon le quotidien L'Equipe, Fekir a appelé Gourcuff vendredi après-midi pour lui dire qu'il avait choisi l'Algérie. Mais, en début de soirée, le joueur publie un message sur Facebook dans lequel il se montre beaucoup moins affirmatif : "J’ai été très sensible à la convocation de l’équipe d’Algérie mais je n’ai pas encore donné ma décision définitive", écrit Fekir. "J’ai eu Christian Gourcuff au téléphone mais comme je l’ai déjà expliqué, je donnerai ma position avant la fin du mois de mars et il est donc trop tôt pour dire quoi que ce soit." Le rétro-pédalage commence mais de l'autre côté de la Méditerranée, la machine Fekir est déjà en route...
Samedi : Fekir a choisi de "jouer pour l'Algérie". Au sortir d'une réunion de la fédération algérienne de football à Biskra, son président, Mohamed Raouraoua, confirme le contact Fekir-Gourcuff. "Fekir (ici en photo avec le maillot des Espoirs tricolores, face à la Suède, en octobre dernier) a effectivement appelé Gourcuff au téléphone, pour lui faire part de sa décision de jouer pour l'Algérie", souligne le dirigeant algérien. "C'est pour cela que nous lui avons d'ailleurs envoyé le jour même une convocation, mais nous avons été étonnés de voir ce démenti sur le site du club de Lyon. Ce qui prouve que son club a un rôle dans cette décision."
Effectivement, si Fekir a laissé un message de dénégation sur Facebook, vendredi soir, il l'a fait à 19h08. Or, ce même message est apparu mots pour mots sur le site de l'OL à... 19h04, soit quatre minutes auparavant. En principe, un club n'a pas à intervenir dans le choix de sélection d'un joueur. Mais, dans le cas de Fekir, l'encadrement de l'OL, où il a été formé, suit visiblement l'affaire de près. L'intérêt du club est de pouvoir valoriser un international français. Mais, toujours selon L'Equipe, c'est le joueur lui-même qui aurait choisi de faire volte-face et d'opter pour la France, qui disputera elle aussi deux matches amicaux en mars prochain, contre le Brésil et le Danemark.
Dimanche : un doublé à Montpellier, "il a choisi l'équipe de France". C'est dans ce contexte un brin rocambolesque qu'arrive le match de dimanche, à Montpellier. L'OM a gagné vendredi, le PSG a gagné samedi et l'OL se retrouve mené 1-0 après six minutes. Fekir entre alors en scène, provoque le penalty de l'égalisation d'Alexandre Lacazette (30e) avant d'inscrire un doublé (40e et 71e) - ses 10e et 11e buts de la saison -, doublé qui va mettre l'OL sur les rails d'un large succès aux allures de mise au point (5-1). Cette fois, Fekir n'a pas exactement été perturbé par le débat autour de sa sélection... "Les six mois qu'il (Fekir) vient de vivre, c'est un apprentissage accéléré du très haut niveau", a convenu Fournier en conférence de presse. "Ça a été difficile à digérer et à gérer mais il faut reconnaître que ce soir (dimanche soir) on a retrouvé un Nabil plein d'allant, libéré, ce qui nous a sans doute permis de remporter largement ce match."
Dans la foulée de cette démonstration, Bernard Lacombe, bras droit du président de l'OL, Jean-Michel Aulas, confie que Fekir a choisi... la France. "Nabil m'a appelé pour me dire : 'j'ai changé d'avis, je reste pour l'équipe de France'", a expliqué Lacombe en zone mixte. "On a discuté un peu, c'est son choix, on n'a rien fait pour le pousser et c'est lui qui a décidé. On ne verra qu'après si c'est un bon choix." Quoi qu'il arrive en mars, le choix de Fekir ne sera pas irrémédiable. En effet, l'Algérie comme la France disputent des matches amicaux et Fekir aura alors toujours le loisir ensuite de changer de sélection (la Fifa interdit à un joueur de jouer pour deux pays au cours de sa carrière, mais seulement dans des compétitions officielles). On verra en temps utile ce que Fekir a effectivement choisi, entre la France et l'Algérie. Du moment qu'il a aussi choisi de nous régaler tous les week-ends...