Quand, le 29 août dernier, l'Américain Frank McCourt, alors seulement futur probable repreneur de l'OM, a évoqué un "Champions project", tout le monde ou presque s'est un peu moqué de lui. Difficile en effet de concevoir un "Champions project" pour un club qui sortait d'une anonyme 13ème place dans le championnat de France. Pourtant, six mois presque jour pour jour après cette spectaculaire sortie, et alors que le club phocéen doit recevoir le PSG, dimanche, en clôture de la 27ème journée de Ligue 1 - mais aussi Monaco, trois jours plus tard, en 8èmes de finale de la Coupe de France - force est de constater que les contours du projet sont un peu plus nets…
Quatre axes.Frank McCourt avait évoqué quatre axes pour ce "Champions project". Les voici, pour rappel. "Le premier : nous construirons une équipe qui se battra tous les ans pour le titre dans le championnat de France. Le deuxième concerne les supporters, nous créerons la meilleure expérience pour les fans en L1. La troisième englobe la communauté, le club doit être un modèle et rendre ce qu’il doit à la ville de Marseille. La quatrième est de bâtir une organisation forte, aussi forte en dehors que sur le terrain." Depuis, les mots ont été suivis de faits. Rudi Garcia a été recruté comme entraîneur et quatre joueurs sont arrivés au mercato : deux pointures internationales (et françaises), Dimitri Payet et Patrice Évra, et deux valeurs sûres de la Ligue 1, l'ex-Bordelais Grégory Seric, et Morgan Sanson, venu de Montpellier. Même si les deux premiers sont incertains pour affronter le PSG, l'équipe que devrait aligner l'ancien coach de la Roma, dimanche, n'aura pas grand-chose à voir avec celle de l'aller, qui avait courageusement ramené un match nul (0-0) pour rester à la 11ème place du classement. Quatre mois plus tard, l'OM est désormais 6ème, avec le même nombre de points que le 5ème, Saint-Étienne. Et le match contre Paris tombe à point nommé pour montrer que le projet commence à prendre corps.
"Accélérer le projet". Interrogé sur la question vendredi en conférence de presse, Garcia, qui n'a sans doute pas oublié le sévère revers enregistré en janvier face à Monaco (1-4), a reconnu qu'une victoire sur le quadruple champion de France en titre pourrait avoir un impact. "Il (le "Champions project") est lancé depuis longtemps", a-t-il d'abord insisté. "Après, c'est vrai qu'à l'image du match contre Lyon (2-1 a.p., en 16èmes de finale de Coupe de France), des victoires comme celle-ci, si on peut la reproduire dimanche, nous permettraient d'accélérer le projet. Mais, même si c'est un match qui fait l'histoire du football français, à part rendre nos supporters heureux, il n'y a pas beaucoup plus que trois points en jeu".
Pas beaucoup plus, mais plus quand même, comme le traduit l'excitation qui a gagné la Canebière en amont de ce match. Les centaines de places réservées à l'origine pour les supporters parisiens, qui ne feront finalement pas le déplacement, ont rapidement trouvé preneurs chez les Marseillais, qui devraient être plus de 67.000 dimanche soir. Et par ailleurs, les fans de l'OM, sevrés de victoire face au PSG depuis novembre 2011 (2 nuls, 11 défaites), ont d'ores et déjà annoncé un tifo spectaculaire dans les deux virages. Les fans ? C'est le deuxième point du "Champions project" ça.
"Développeur de structures". Pour ce qui est des troisième et quatrième points, sur le rayonnement global du club, l'OM semble compter sur un homme : Andoni Zubizareta, arrivé lui aussi cet hiver. L'ancien gardien de la sélection espagnole est sorti de son silence jeudi, à trois jours de son premier Classique, dans un double entretien fleuve à L'Équipe et à l'AFP. Il y a détaillé ce qui lui a plu dans le projet de l'OM. "J'ai senti que le projet que Frank McCourt et Jacques-Henri Eyraud (le président) m'ont présenté était solide, pas juste un projet pour apparaître sur le marché français", a-t-il confié. "Ils veulent développer vraiment un club de football en lien avec sa ville, développer la formation, des choses qui me plaisent, je suis un développeur de structures." Et pour faire grandir une structure, une victoire de prestige face au récent bourreau du Barça ne peut évidemment pas faire de mal.