Sept buts en sept matches, une place de leader aux classements de la Ligue 1 et des buteurs, une première convocation en équipe de France, tout sourit en ce moment à Dimitri Payet. Avant de découvrir le «Château» de Clairefontaine, le Réunionnais passe samedi par la case Marseille au cours du choc de la 8e journée de L1 qui voit les Verts recevoir l'OM. Pour un nouveau coup d'éclat ? "Il est en train de traverser une bonne période, il confirme le talent qu'on lui prêtait depuis plusieurs saisons, j'ai choisi ce moment pour l'intégrer dans cette équipe. A lui de trouver sa place, de humer l'odeur qu'on veut installer et de confirmer le talent qu'il démontre actuellement. C'est un bon signe pour lui et pour d'autres joueurs qui auraient l'excellente idée de faire comme lui." Ainsi parlait jeudi Laurent Blanc au moment de commenter la première convocation en équipe de France de Dimitri Payet. A 23 ans, celui qui avait été recalé du centre de formation du Havre en 2004 avant de se voir offrir une nouvelle chance du côté de Nantes un an plus tard, confirme enfin un talent pourtant précoce, décelé dès les benjamins par l'un de ses éducateurs au club réunionnais de la Saint-Pierroise, Joseph Clain. Sur le site du Journal de l'île de La Réunion, l'intéressé se souvient: "Sur les conseils d'un instituteur de son école à Saint-Philippe qui lui avait trouvé des qualités hors-norme, sa maman s'est présentée à Saint-Pierre. C'était en janvier 1998, et il ne m'a fallu que cinq minutes pour comprendre." Cinq minutes aussi pour convaincre la maman du petit Dimitri de s'engager en faveur de la Saint-Pierroise: "Je suis revenu vers sa mère et je lui ai expliqué qu'il fallait que son fils reste avec nous. C'était un buteur doué, mais surtout un joueur qui faisait basculer les matches. De toute façon c'est bien simple, je suis éducateur depuis 34 ans et Dimitri est de loin le joueur le plus talentueux que j'ai pu entraîner. Il est l'exception que tout formateur rêve d'avoir une fois dans sa carrière." Une carrière qui prend son réel envol à Nantes, mais trop vite freinée par une descente en Ligue 2 qui convainc l'intéressé de s'engager en faveur d'un autre club "historique" de la Ligue 1, Saint-Etienne. C'était il y a trois ans, trois années pendant lesquelles Payet a beaucoup joué (96 matches de L1), mais très peu marqué (6 buts). Au point que depuis le début de la saison, le Réunionnais a plus marqué (7 buts) qu'au cours des trois exercices précédents ! Batlles: "Il avait besoin de confiance" Comment passe-t-on du statut de bon joueur de L1 à celui de quasi-international en un été ? L'intéressé, interrogé jeudi sur la question, a sa petite idée: "Déjà, j'ai profité de mes vacances pour faire le point sur ce qu'il fallait faire pour être plus performant. Le groupe aussi a eu une prise de conscience pendant la préparation car on a vécu des dernières années difficiles. On voulait bien commencer le Championnat et c'est ce qu'on réalise. Je me sens bien, à l'image de l'équipe et je crois que le coach a aussi sa part de responsabilité dans ce renouveau." En lui accordant d'entrée sa confiance - Payet a débuté les sept matches de L1 des Verts cette saison, seulement remplacé par Landrin aux 86e et 88e minutes face à Montpellier et à Lyon -, l'ancien adjoint d'Alain Perrin a mis sur de bons rails un joueur qui, visiblement, ne demandait que ça pour exprimer tout son potentiel. "Il est récompensé pour son travail. Avec le bon comportement de l'équipe, son talent explose, il fait les efforts, ne se relâche pas. Il est en pleine confiance et avec son talent, ça fait des dégâts. Il n'a pas lâché quand c'était compliqué. Le voir heureux tous les jours à l'entraînement, c'est un vrai plaisir car c'est un garçon attachant", confirme ainsi son partenaire Sylvain Monsoreau, tandis que Laurent Batlles, du haut de sa grande expérience de la Ligue 1, ajoute: "'Dimi' a énormément de qualités. Tout le monde les avait louées depuis un moment. Il ne les avait pas perdues. Il avait besoin de confiance. Aujourd'hui, il marque des buts, fait des passes décisives. Pour nous, c'est tout bénef. C'est un joueur atypique. Il est technique, mais peut également allier beaucoup de vitesse dans son jeu. Cela n'est pas donné à tout le monde de faire tout ce qu'il fait. J'espère que cela va continuer tout au long de sa saison." Il a déjà marqué au Stade de France... Buteur décisif samedi dernier sur coup franc lors du derby à Gerland, ce qui a permis aux Verts de remporter un premier succès face à l'OL depuis seize ans (1-0), l'ancien Nantais est désormais attendu par des Marseillais auxquels sa réussite actuelle n'a bien évidemment pas échappé, Didier Deschamps en tête: "C'est un joueur offensif en pleine réussite, qui frappe peu souvent mais qui cadre énormément. Il est très adroit sur les coups de pied arrêtés, il évolue dans une zone, mais il a une certaine liberté et il peut changer de côté aussi. Quand on a un adversaire de cette qualité-là, forcément l'objectif est de limiter son champ d'action et son influence dans son équipe. Après, il n'y a pas que lui, il y en d'autres aussi, mais chaque fois qu'on rencontre des joueurs offensifs qui ont certaines caractéristiques, c'est important d'en tenir compte pour limiter leur influence", a commenté jeudi l'entraîneur olympien. Face à l'athlétique paire Diawara-Mbia, même encore en rodage, Payet, avec son mètre soixante-quatorze, risque cependant de souffrir, même si sa vivacité est sa meilleure arme pour contrarier de telles défenses, le joueur, doté d'une très bonne frappe, appréciant particulièrement le fait d'avoir du champ pour prendre de la vitesse. La venue à Geoffroy-Guichard du champion de France est en tout cas une occasion rêvée pour le Réunionnais de prouver à Laurent Blanc qu'il a eu raison de le prendre, le plus dur commencera dès lundi prochain à Clairefontaine, ce que n'ignore pas l'intéressé: "Cette convocation est une nouvelle étape, une de plus, une étape difficile. Il va falloir redoubler de travail pour assumer ce statut. Mais il faut vraiment relativiser car ce n'est que ma première convocation. Je ne suis pas arrivé, bien au contraire, il va falloir continuer à travailler." Une première convocation, et pourquoi pas une première sélection le 9 octobre contre la Roumanie ? Contrairement à d'autres le mois dernier, Payet ne sera pas forcément intimidé par un Stade de France dans lequel il a déjà marqué, c'était, comme le révèle le Journal de l'île de La Réunion, à l'âge de onze ans lors de la Coupe du monde 1998 en lever de rideau d'un France-Arabie Saoudite disputé au poste de libero par un certain Laurent Blanc...