Un an et demi plus tard, Alberto Contador a donc perdu le Tour de France 2010. Ainsi en a décidé lundi le Tribunal arbitral du sport (TAS), qui lui a infligé une suspension de deux ans après son contrôle positif au clenbutérol, effectué lors d'une journée de repos sur la Grande Boucle, le 21 juillet 2010. Mais, suite à cette décision, Contador ne perd pas seulement le Tour 2010, qui revient à Andy Schleck.
Suspendu jusqu'au 5 août 2012, l'Espagnol ne pourra pas participer à l'édition 2012 de la Grande Boucle ni aux Jeux Olympiques de Londres, qui était l'un des objectifs de sa saison. Cette décision du TAS met fin à l'un des plus longs feuilletons du cyclisme moderne, un an et demi d'attente, qui débouche sur un jugement qu'Europe1.fr a décortiqué.
Aucune certitude, une probabilité
Depuis le début de la polémique, Contador avance que son contrôle positif est dû à l'ingérence d'une viande importée d'Espagne et contaminée au clenbutérol, un agent anabolisant figurant sur la liste des produits interdits. Ses arguments avaient fini par convaincre la Fédération espagnole, qui l'avait blanchi au printemps 2011.
Mais cette hypothèse, largement remise en cause par les spécialistes du dopage, avait laissé sceptique l'Union cycliste internationale (UCI) comme l'Agence mondiale antidopage (AMA), qui avaient interjeté appel devant le TAS. Lundi, ce dernier a donné (en partie) raison aux deux instances en condamnant Contador sur la base du caractère improbable d'une contamination alimentaire par une viande.
Le TAS condamne Contador à deux ans de suspension :
"Contrairement à certains autres pays, notamment en dehors d'Europe, l'Espagne n'est pas connue pour avoir un problème de contamination de sa viande au clenbutérol. Par ailleurs, il n'existe aucun autre cas d'athlète ayant subi un contrôle antidopage positif au clenbutérol qui aurait été causé par de la viande espagnole", justifie le TAS. Pour le Tribunal, "la présence de clenbutérol a été plus vraisemblablement causée par l'ingestion de suppléments nutritifs contaminés."
En revanche, le TAS ne croit pas à l'autre scénario avancé par l'UCI et l'AMA, à savoir une transfusion sanguine effectuée avant le contrôle. "La Formation (du TAS) a conclu que, aussi bien le scénario de la contamination de la viande que celui de la transfusion sanguine, étaient, en théorie, des explications possibles pour justifier un contrôle positif, mais qu'ils étaient tous deux hautement improbables."
Une décision plus sévère qu'attendu
Des résidus de plastique avaient été retrouvés dans les urines de Contador. Lors de l'audience de novembre dernier, l'un des experts mandatés par l'AMA, Mike Ashenden, n'avait cependant pas pu apporter la preuve qu'il y avait eu transfusion sanguine.
La décision du TAS, et sa sévérité (la rumeur évoquait davantage une suspension d'un an), surprennent. Certains observateurs avaient en effet relevé que le président du Panel du TAS, Efraim Barack, est ami avec le président de la Fédération espagnole, qui avait absous Contador. Il est également le père d'un des avocats du coureur espagnol. Et, au-delà de ces accointances supposées, le cas de dopage était loin d'être des plus simples, ce qui explique également la longueur de la procédure. En effet, la dose de clenbutérol présente dans les échantillons d'urine (A comme B) de Contador était infinitésimale. Mais ces 50 picogrammes ont fini par mener "le pistolero" à sa perte.
L'intégralité de la décision du TAS (en anglais) :
FINAL20AWARD202012.02.06