Pourquoi on aime le football américain

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FOOT US - Le Super Bowl oppose dimanche les Patriots aux Giants, à Indianapolis. A ne pas rater.

Le refrain concernant le football américain est connu. Trop compliqué, trop long, trop d'argent, trop de dopage, trop de morts précoces... Toutes ces accusations ne sont pas infondées. Mais, au-delà des critiques faciles et par-delà l'océan Atlantique, le football américain (et la NFL en particulier) reste un sport passionnant. Tentative d'explication en quatre temps, deux mouvements, à quelques heures de la 46e édition du Super Bowl qui opposera dimanche les New York Giants aux New England Patriots (en clair sur la TNT, sur W9, à 0h00).

Foot US (930x620)

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La tête et les jambes. De prime abord, le football américain possède tous les oripeaux d'un jeu barbare, consistant à parer au plus pressé en évitant les coups. Oui, les contacts existent et font même partie intégrante du spectacle. Mais le foot US tient plus du jeu d'échecs, d'autant plus excitant que les 22 pièces bougent en même temps. La règle de base est très simple : chaque équipe a quatre tentatives pour gagner dix yards, soit un peu plus de neuf mètres, pour avancer sur le terrain et aller jusque l'en-but. Deux grandes façons de le faire : la course ou la passe. A partir de ces deux tactiques primaires, se déploient des centaines de combinaisons différentes, en fonction des déplacements des joueurs, onze par équipe. Le but de l'attaque : piéger la défense. Le but de la défense : anticiper l'attaque. Le foot US, c'est une guerre tactique avant d'être une guerre tout court.

Mario Mannigham (930x620)

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L'espace et le temps. Horizontalité des contacts au sol et des courses échevelées, qui rappellent le rugby. Verticalité des passes et des duels aériens, qui évoquent le basket. Le foot US semble réussir la synthèse parfaite entre les éléments les plus spectaculaires de différents sports. Mais si ce sport est si passionnant, ce n'est pas tant dans son rapport au terrain qu'à l'horloge. Oui, chaque action en football américain ne dure en moyenne que quatre ou cinq secondes. Mais sur cette courte période, tout peut se passer, partout. Vitesse du jeu, maîtrise du temps. En fonction du score et du temps restant à jouer, chaque action sera différente. Il faut gagner peu de terrain ? On court. Il faut en gagner beaucoup ? On passe. Ce sont les tactiques les plus logiques. Mais c'est aussi en surprenant l'adversaire qu'on peut le mieux avancer ses pions. Et le ballon...

Green Bay toujours vert !

La ferveur et les couleurs. Dans un sport où chaque joueur a un poste spécifique dédié, le collectif compte énormément. Si le quarterback (le meneur de jeu, celui qui passe la balle) n'est pas protégé par ses "gros" de la ligne offensive, l'équipe n'a aucune chance de gagner. Ainsi, un joueur peut réaliser une grande carrière sans jamais avoir touché le moindre ballon. Ce qui explique les réactions parfois exubérantes de certains défenseurs, peu habitués à être mis en valeur. La ferveur sur le terrain est aussi perceptible en tribunes, notamment dans certaines places fortes où le foot est une vraie religion, comme à Pittsburgh ou Green Bay (photo). Ici, pas de tunique chocolat ou orange pour faire vendre, les franchises conservent leurs couleurs d'une saison sur l'autre. Les maillots, épurés et débarrassés de tout sponsor (l'argent est bien là, mais ailleurs), facilitent l'identification et donnent au spectacle une dimension épique, renforcée par le reste de l'équipement, qui embellit autant qu'il protège le joueur (casque, gants, pantalons, chaussettes, etc.).

Tom Brady (930x620)

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La tradition et l'innovation. Le football américain sait s'adapter sans perdre sa saveur. Sport d'innovations (utilisation de la vidéo, limitée et encadrée, vaste campagne de sensibilisation pour de grandes causes, comme le dépistage du cancer du sein), il est aussi un sport de traditions (cérémonies diverses, numéros retirés). Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si chacune des 17 journées de championnat NFL a lieu le dimanche. Le foot, c'est une affaire de famille. Pour l'anecdote, Eli Manning, le quarterback des Giants qui participera dimanche au Super Bowl, est le frère cadet de Peyton, quadruple MVP, et le fils d'Archie, ancien quarterback des... Giants. En face d'Eli Manning, le fils de bonne famille, on retrouvera Tom Brady, triple vainqueur du SuperBowl, mari de Gisele Bündchen et gueule de mannequin (photo). Les deux visages de l'Amérique, en quelque sorte. La filiation et le clinquant. Piquant.