À tout seigneur tout honneur : Europe 1 a laissé le soin d'inaugurer son nouveau concept, "Face aux auditeurs", à Didier Deschamps, sacré champion du monde avec les Bleus pour la deuxième fois, le 15 juillet dernier, cette fois au poste de sélectionneur.
Le principe : une grande personnalité du sport répond aux questions d'auditeurs de la station pendant une heure et demie, le dimanche, à 20 heures. Pour interroger le sélectionneur des Bleus, qui vont se lancer cette année dans les éliminatoires de l'Euro 2020, les équipes d'Europe 1 ont retenu cinq auditeurs qui avaient répondu favorablement à l'invitation passée à l'antenne, sur les réseaux sociaux de la station, et via le Club Europe 1.
Cinq auditeurs, une même passion. Bilal, 23 ans, est coach sportif à Paris ; Laurent, 35 ans, est ouvrier viticole à Chablis ; Cécile, 26 ans, travaille dans un cabinet de recrutement à Paris ; Annissa, 36 ans, est chef de caisse en supermarché à Toulouse et enfin Laurent, 43 ans, est directeur d'une agence de communication à Paris. Leur point commun : leur amour du football et leur envie farouche de "cuisiner" Didier Deschamps pour connaître ses recettes du succès.
Le jour de l'enregistrement de l'émission, les cinq auditeurs sont accueillis au nouveau siège d'Europe 1, dans le 15ème arrondissement de Paris, peu avant midi, par Cédric Maruani, en charge de leur "recrutement", et Marie Guidat, coordinatrice des émissions sport du week-end. Les premiers échanges autour d'un panier repas sont l'occasion pour chacun de donner son avis sur Didier Deschamps, avant la rencontre tant attendue : "Ça a l'air d'être un mec bien", "Il avait l'air froid avant", "Quand il a une idée, il la garde"… Les grands "dossiers" du mandat de "DD" sont passés en revue : la confiance maintenue au poste d'avant-centre à Karim Benzema, puis à Olivier Giroud, malgré leur inefficacité, les réticences à appeler le défenseur de Manchester City Aymeric Laporte, les victoires face à l'Argentine, la Belgique ou la Croatie au Mondial…
Lionel Rosso en passeur de plats. Après un déjeuner rapidement ingurgité, il est temps de se préparer lors de la "conférence de rédaction". Car hors de question de monter sur le plateau du nouveau studio Bellemare sans être prêt. Autour de Lionel Rosso, habituel maître de soirée des rendez-vous foot d'Europe 1, et de Jean-François Pérès, chef du service des sports, les auditeurs égrènent les questions qu'ils souhaiteraient poser au sélectionneur.
Anissa souhaite interroger Didier Deschamps sur le foot féminin : "pourquoi a-t-il dit qu'il ne se verrait pas à la tête de l'équipe de France féminine ?" Cécile aimerait (comme d'autres d'ailleurs) lui poser la question sur son nouveau sourire. Bilal, avec sa référence aux jeux vidéo, se veut plus taquin, alors que les deux Laurent ont envie de parler de leur club de cœur, l'AJA pour l'un, l'OM pour l'autre. Pour la lisibilité de l'émission, on s'organise en plusieurs thèmes (1998-2018, le mode de fonctionnement, l'Euro 2022, le foot français…), mais on n'édulcore pas (ou peu) et on respecte au maximum les envies des uns et des autres. Lionel Rosso se veut avant tout un "passeur de plats".
Leurs questions désormais écrites noir sur blanc ("pour la confiance", Lionel Rosso leur conseillant de s'exprimer naturellement), les cinq auditeurs rejoignent leurs places dans le studio. Après quelques minutes d'attente, le sélectionneur national arrive enfin et les salue un à un, sous l'ovation d'un public venu nombreux. Les premières blagues fusent, les premières questions aussi. Les "paris" Pavard-Hernandez, le choix des 23, les rivaux pour l'Euro, la formation française… Nos cinq auditeurs sont parfaitement à l'aise, et Didier Deschamps, détendu, n'hésite pas à prendre son temps pour répondre.
Les dents et le racisme, sujets sensibles. À deux moments seulement, son visage se ferme. Quand on lui pose une question sur ses dents, et quand Lionel Rosso lui rappelle les accusations de racisme dont il a été victime peu avant l'Euro, après que Karim Benzema a été écarté du groupe. Mais rapidement, le professionnalisme et la bienveillance reprennent le dessus et Didier Deschamps répond à ses interlocuteurs.
Après plus d'une heure et vingt minutes d'échange (une rareté pour une telle personnalité, dont l'emploi du temps est très chargé), le sélectionneur trouve encore le temps de signer des autographes et de faire des selfies, avec des membres du public mais aussi, bien sûr, avec ses cinq "intervieweurs" du jour, lesquels quittent le studio enchantés de l'expérience, même s'il leur a fallu gérer l'émotion de se retrouver aux côtés d'une idole.
"Un pur moment de plaisir". "J'étais assez calme avant l'émission, pas forcément très excitée, mais arrivée sur le plateau, en voyant Didier Deschamps, toutes les émotions ont resurgi", avoue Cécile. "J'étais un peu stressé sur la première question et après, dès que c'était parti, ça a été", sourit Laurent, le fan de l'AJA, qui explique avoir vécu "un pur moment de plaisir". "C'est bien de se retrouver du côté journaliste et de pouvoir poser ses propres questions, et d'avoir le retour direct de la personne, sans que ce soit retranscrit par quelqu'un d'autre", reconnaît Anissa.
Bilal garde lui en mémoire "le naturel, l'aisance, l'œil vif de Didier Deschamps". "Ça se voit que c'est quelqu'un de très intelligent", estime-t-il. Enfin, Laurent, le fada de l'OM, a apprécié que Didier Deschamps ne s'exprime pas "avec un côté hautain". "Il parlait de communication tout à l'heure, et de représentation de la France, et je pense qu'il nous représente très, très bien, sur la plan national et mondial également."
Si l'on en croit les quelques retours que nous avons eus, Didier Deschamps a lui aussi apprécié cet exercice singulier d'échange direct, à la radio et en vidéo, avec ces Français qu'il a fait rêver.