Le rugby sud-africain veut séduire davantage la communauté noire. La fédération sud-africaine, qui cherche à promouvoir les Noirs dans l’ovalie de haut niveau depuis des années, a décidé de prendre une mesure radicale et qui va faire parler. L’instance a ainsi annoncé que les Springboks partiront au Mondial, en septembre prochain, avec un quota d'au moins sept joueurs non-blancs. Cette décision s’inscrit dans le cadre d’un plan de "transformation raciale", a précisé mardi la fédération sud-africaine.
Le but : une moitié de non-blancs en 2019. Le but affiché est d’arriver à 50% de non-blancs pour toutes les équipes du championnat et les sélections d’Afrique du Sud d’ici à 2019. Sur les sept "non-blancs" sélectionnés, deux devront obligatoirement être des noirs. Les métis, eux, ont depuis longtemps trouvé une petite place dans les sélections, à l'image de l'emblématique ailier Bryan Habana, le joueur du RC Toulon et idole des supporteurs sud-africains depuis la Coupe du monde 2007 remportée en France. Pour arriver à ses fins, la fédération va porter son effort sur la détection et la formation dès les catégories de jeunes.
Une réalité plus compliquée. Mais ce plan ambitieux pourrait bien se heurter à la réalité du rugby actuel. Le sélectionneur Heyneke Meyer risque d'avoir du mal à trouver les sept hommes requis, sur les 23 présents sur la feuille de match, tant le très haut niveau reste encore majoritairement une affaire de Blancs. Actuellement, Habana est l'un des trois seuls non-blancs à avoir sa place quasi-garantie sur le terrain, avec le pilier Tendai Mtawarira (noir, mais actuellement blessé) et l'autre ailier JP Pietersen (métis).
Des pressions du gouvernement. Cette décision d'imposer sept non-blancs en Coupe du monde répond aussi aux pressions du gouvernement, qui avait menacé l'an dernier de sanctionner les fédérations qui n'avancent pas assez vite dans la "transformation". Lors du Four nations 2014, le sélectionneur avait été vivement critiqué pour avoir préféré rappeler des trentenaires blancs plutôt que de donner leur chance à des jeunes de couleur.
Un sport majoritairement pratiqué par les blancs au très haut niveau. Le débat sur la présence de non-blancs dans l’équipe nationale est récurrent en Afrique du Sud. En 1995, les Springboks avaient remporté le Mondial, à domicile, devant Nelson Mandela revêtu du mythique maillot vert et or, quelques années après la fin de l’apartheid. A l’époque, un seul joueur était non-blanc : Chester Williams. Vingt ans après, le rugby sud-africain reste toujours un sport majoritairement pratiqué par les blancs au très haut niveau.