Moins de six mois après son départ de Toulon, Sonny Bill Williams effectue ce samedi son retour en Europe revêtu du maillot all black à l'occasion du coup d'envoi de la tournée européenne des Néo-Zélandais. A Twickenham, face à l'Angleterre, l'ex-idole de Mayol voudra prouver qu'il est bien l'arme fatale attendue à un an de la prochaine Coupe du monde. "Woo hoo, je suis la plus fière des mères néo-zélandaises." C'est par ces mots de la première de ses supportrices, rapportés par The Sydney Morning herald, que Sonny Bill Williams a appris il y a quinze jours qu'il intégrait pour la première fois le squad des All Blacks. Un SMS de maman Williams - "Je pourrais être engagé dans le Championnat du monde de marelle qu'elle resterait ma fan n°1" - pour confirmer cette étape supplémentaire dans la trajectoire fulgurante de l'ancien treiziste devenu en l'espace de deux ans la plus grande attraction du rugby mondial. A seulement 25 ans et surtout à un an de la Coupe du monde en Nouvelle-Zélande, l'ancien chouchou du public toulonnais est de retour en Europe, prêt à concrétiser son rêve de gosse et à honorer ce samedi, à Twickenham, sa première cape sous le mythique maillot à la fougère argentée. "Je suis encore abasourdi. Je ne vais pas 'redescendre' avant que je me retrouve là-bas devant 80 000 personnes", a déclaré cette semaine, à l'annonce de sa titularisation, l'ancienne star treiziste, premier joueur à évoluer dans les équipes nationales néo-zélandaises à XIII et XV depuis l'ailier Marc Ellis en 1992-1995, et dont le passage au rugby à quinze date de 2008 sous les couleurs du RC Toulon. C'est là, à l'ombre de Mayol, que "SBW" a intégré les nouveaux codes du XV sous les ordres de son mentor, Tana Umaga, pour incarner ce qu'Aubin Hueber, coach des avants toulonnais, n'a pas hésité à qualifier dans L'Equipe de "prototype du joueur des années 2015-2020". Là aussi qu'après une vingtaine de matches, tout au plus, Graham Henry, le sélectionneur néo-zélandais, à l'origine du retour au pays du phénomène, l'a arraché à Mourad Boudjellal et au public toulonnais. "Je l'ai appelé quand il était en France l'an dernier. Il m'a dit: 'J'aimerais jouer pour les All Blacks, mais je ne reviendrai en Nouvelle-Zélande que si vous pensez que je suis au niveau'", a révélé Henry cette semaine. Williams: "Un rêve de gosse" Convaincu ainsi qu'il a sa place chez les Blacks, mais surtout qu'il peut disputer la Coupe du monde l'an prochain au pays du long nuage blanc, Williams, rapatrié en juin dernier, n'a depuis fait que redoubler l'engouement à son égard dans un championnat des provinces, où chacune de ses apparitions avec son équipe de Canterbury, de plus en plus concluantes, ont déclenché l'hystérie collective et fini de convaincre le staff des Blacks de le sélectionner pour cette tournée en Europe. Mais lui ne se voit pas seulement en attraction médiatique et populaire, le joueur est mu par un dessein plus grand et sait qu'il doit désormais gagner à sa cause les observateurs et les acteurs du milieu, dont beaucoup sont encore persuadés qu'il reste perfectible. Au point qu'ils étaient nombreux à prédire que sa première cape n'interviendrait au mieux qu'en Ecosse, à l'occasion d'un test moins exposé, pour celui qui n'a jamais évolué au niveau international, si ce n'est lors d'un match avec les Barbarians en juin dernier face aux Wallabies, conclu sur une déroute des Baa-Baas (55-7), au cours de laquelle "SBW" avait affiché des limites criantes en défense. Une humiliation pour un joueur à la fierté exacerbée... "Je sais que beaucoup de gens ont regardé le match et pensé que je n'avais pas d'avenir dans ce rugby. Quand je me retourne sur cette période en France, je doutais énormément de moi-même. (...) En revenant, il s'agissait de me prouver quelque chose avant tout à moi-même. Parce j'avais fait mes preuves au rugby à treize. (...) C'est important pour moi, mais ma fierté l'est tout autant, et quand j'entends: 'C'est un joueur de rugby de m....', je ne peux y prêter attention que dans une certaine limite, mais ça blesse un peu votre fierté aussi. Ça devient: 'Je veux vous prouver, je vais revenir et le faire'. Comprenez-moi, il s'agit de jouer pour les All Blacks et de réaliser un rêve de gosse en essayant de mettre un pied dans la porte avant la Coupe du monde... mais ce n'est pas que ça. Pour moi, la fierté compte énormément dans ma prise décisions. C'est pourquoi je suis revenu. Si je n'en avais rien eu à faire, je serai retourné en France pour un paquet de fric." Le Néo-Zélandais aurait ainsi refusé un contrat avec Toulon, estimé à plus de 4 millions de d'euros sur trois ans. Au lendemain d'une défaite face aux Wallabies, qui a mis fin à la série d'invincibilité des Blacks, le voilà prêt à être propulsé au coeur du mythe. Henry et son staff, pour l'intégrer samedi face aux Anglais, n'ont pas hésité à défaire leur association Ma'a Nonu-Conrad Smith et à sortir le second, il est vrai en délicatesse avec ses adducteurs, des 23. Toutefois, après avoir évolué toute la saison au poste de premier centre, Williams sera décalé d'un cran à Twickenham. "Sonny Bill est capable de jouer aussi bien en 12 qu'en 13, a précisé Henry, soucieux malgré tout de protéger le débutant. Mais il y a un écart énorme entre le rugby des provinces en Nouvelle-Zélande et celui des matches internationaux. Donc pour ses débuts, nous pensons qu'il sera plus efficace si on lui donne un peu plus d'espace." Face au rugby très direct du XV de la Rose et un autre treiziste, néo-zélandais d'origine, Shontayne Hape, naturalisé anglais, "SBW", ses mensurations (1,91 m, 115 kilos) dignes d'un Jonah Lomu, lancés au sein d'une ligne d'attaque de gros tonnage (Rokocoko-Nonu-Gear), inspire déjà l'inquiétude chez ses adversaires. A l'image de Mark Cueto: "Nous disposons de nombreux ordinateurs pour analyser tous les joueurs, explique l'ailier sur la BBC, Quand vous cliquez sur Sonny Bill, ça ressemble à Superman." Twickenham retient son souffle...