Deux jours après la mort du descendeur tricolore David Poisson après une chute à l'entraînement, lundi, au Canada, l'émotion reste vive dans le monde du ski alpin français. Mais après le choc causé par la disparition de celui qui était surnommé "Kaillou", des questions se posent, forcément, sur les circonstances d'un tel drame, devenu rare aujourd'hui dans le ski alpin moderne.
"Il aurait percuté un arbre". Mardi, à la mi-journée, le président de la Fédération française de ski (FFS), Michel Vion, a apporté les premiers éléments sur les circonstances de l'accident. David Poisson "aurait chuté lourdement après avoir perdu un ski lors de la séance d'entraînement partagée avec d'autres nations (...) Il aurait percuté un arbre après avoir traversé les filets de sécurité", a-t-il indiqué à l'AFP.
Un membre de l'encadrement de l'équipe d'Italie, qui s'entraînait également dans la station, a précisé à l'AFP que le skieur tricolore était sorti de la piste en bas de parcours.Citée par L'Équipe, une source anonyme présente sur place a indiqué au quotidien suisse Blick que David Poisson avait glissé "à 100 km/h" et qu'il avait ensuite "percuté frontalement un arbre". Les pistes de Nakiska, qui ont accueilli les épreuves de ski alpin lors des Jeux olympiques d'hiver de Calgary, en 1988, sont tracées dans la forêt, ce qui explique la présence d'arbres à proximité. Interrogé par Eurosport.fr, son coéquipier en équipe de France Blaise Giezendanner a souligné : "On connaît le décor là-bas. Il y a des arbres partout. Et malheureusement, David a percuté l'un d'eux." Il n'y a pas eu de transfert à l'hôpital, le skieur français est mort sur le coup.
"Il y avait au moins deux filets de type B". Michel Vion a expliqué qu'à l'endroit où est sorti David Poisson, "il y avait au moins deux filets de type B". Qu'entend-on par "filets de type B" ? Les filets de type B, généralement placés le long des pistes d'entraînement, mesurent 2,5 m de haut, alors que les filets A, utilisés lors des manches de Coupe du monde, sont fixés à une potence et s'élèvent jusqu'à quatre mètres. Comme le précise L'Équipe dans son édition de mercredi, cette potence est complétée par "une bâche prise dans la neige pour rendre impossible le passage en dessous". À l'endroit où David Poisson est sorti de la piste lundi, il n'a pu bénéficier d'une telle protection.
Dans l'attente des résultats de l'autopsie. Aurait-on pu placer un dispositif plus conséquent au bas de cette piste ? C'est à cette question que devra répondre en priorité la Gendarmerie royale du Canada (GRC), essentiellement à la lumière des conclusions du médecin légiste. "C'est à lui d'établir ce qui s'est produit et si des mesures correctives doivent être mises en place" sur la piste où l'accident s'est produit, a expliqué Curtis Peters, porte-parole de la GRC, dont des membres sont venus observer la zone de l'accident lundi et prendre des photos. "La GRC n'interviendrait dans le dossier que s'il y a des éléments de nature criminelle ayant conduit au décès", par exemple une négligence quelconque ou un manquement en matière de sécurité.
"C'est bien la station qui est en charge de la sécurité". Le président de la FFS a été très clair, mardi. "Chaque équipe paye une prestation et c'est bien la station qui est en charge de la sécurité", a-t-il souligné. Les équipes nationales, comme la France, mais aussi l'Italie, la Suisse ou encore l'Autriche, ont l'habitude de venir préparer la saison de vitesse, qui débute le week-end des 25 et 26 novembre à Lake Louise, aux États-Unis, dans la station canadienne. "Les équipes gèrent leurs propres entraînements, tracent les parcours, elles font tout par elles-mêmes", a de son côté indiqué à la presse canadienne Matt Mosteller, représentant officiel des stations des Rocheuses canadiennes qui travaille à Nakiska. Mais ce sont bien les pisteurs de ces stations qui mettent en place les filets de protection. "Quand on arrivait, tout était en place", se souvient ainsi Laurent Chrétien, qui a fréquenté les lieux alors qu'il était responsable de l'équipe de France dames de vitesse. Interrogée par l'AFP sur ce drame, la Fédération internationale de ski (FIS) n'a pas souhaité répondre, arguant de circonstances encore imprécises et renvoyant à la station de Nakiska et à la fédération canadienne.