En moins d'une semaine, Mathieu Valbuena et Karim Benzema, les deux plus fameux protagonistes de l'affaire de la "sextape", se sont exprimés dans les médias. Le premier l'a fait dans le quotidien Le Monde, vendredi. Le second, sentant le vent mauvais après les déclarations de son coéquipier chez les Bleus mais aussi la prise de position du Premier ministre, Manuel Valls, sur Europe 1, a décidé de s'exprimer devant les caméras de TF1, mardi soir. Son entretien a été diffusé mercredi soir au "20-Heures", alors que Le Monde a publié le contenu de son audition devant la juge en charge de l'affaire. Celle-ci fournit des éléments supplémentaires sur la façon dont cette "sextape" s'est invitée dans leur relation...
- Leur relation : "potes" ou "collègues de travail" ?
Les deux joueurs n'ont pas exactement la même perception de leur relation. Interrogé à ce sujet par la juge en charge du dossier, Nathalie Boutard, Karim Benzema répond tout de go : "C'est un bon pote à moi, on est souvent ensemble en équipe de France, on déconne souvent, on s'entend bien." S'ils n'ont jamais porté le même maillot en club, Benzema, 27 ans, et Valbuena, 31 ans, se sont souvent croisés depuis en équipe de France. Ils ont été titulaires ensemble la première fois le 7 septembre 2010, lors d'un match en Bosnie-Herzégovine, en éliminatoires de l'Euro 2012 (victoire 2-0). Depuis, s'ils n'ont jamais paru complices sur le terrain, aucun signe d'animosité n'a émergé.
L'avocat de Benzema n'a pas manqué de jouer sur cette entente cordiale sous le maillot Bleu. "Ces deux-là s'aiment bien. J'ai vérifié sur le compte Facebook de Valbuena. En juillet 2014, on a une photo de Benzema qui serra contre lui Benzema." En effet, sur un compte Facebook au nom de "Mathieu Valbuena" qui semble être celui du joueur de l'OL ("semble" car il n'est pas certifié), apparaît une photo des deux joueurs en train de sourire. Cette photo a d'ailleurs longtemps été la photo de profil du compte, avant d'être remplacée par une, plus neutre, de Valbuena à l'OL.
Posté par Mathieu Valbuena sur jeudi 3 juillet 2014
Benzema n'en démord pas. Même s'il a traité Valbuena de "tarlouze" au téléphone, il n'en reste pas moins son ami. "Je me suis dit qu'il était allé me dénoncer à la police, alors que j'étais allé le voir. Après, 'tarlouze', on peut le dire à tout le monde, à ses amis, à ses potes. Pour moi, pour la nouvelle génération, c'est amical." Dans son entretien à TF1, Benzema a rappelé : "Dans un vestiaire, on se dit pas 'mon cher', on se dit 'tarlouze', des choses comme ça." Interrogé sur Benzema, Valbuena ne le définit pas comme une "tarlouze", ni comme un "bon pote" d'ailleurs.
"C'est un collègue de travail, je ne suis pas cul et chemise avec lui non-stop, mais il n'y a aucune animosité entre nous, aucun problème. C'est un coéquipier", a d'ailleurs confirmé Valbuena dans les colonnes du Monde, avant de regretter son implication supposée dans la tentative de chantage : "Même à mon pire ennemi, je ne ferais pas ça. Je ne peux être que très, très, très déçu, et constater que la relation avec Karim, elle n'est pas aussi sincère qu'il pouvait peut-être le prétendre. Je peux rejouer avec lui. Après, que ce ne soit pas mon meilleur ami, bien sûr."
- Leur conversation à Clairefontaine : "conseil" ou "incitation" ?
Dans cette affaire, c'est évidemment l'épine dans le pied de Benzema. Le joueur du Real Madrid a utilisé un rassemblement de l'équipe de France pour évoquer avec son coéquipier cette histoire de "sextape". "Quand j'ai commencé à lui dire (à Valbuena) qu'il y avait une vidéo, que j'étais pour lui et que je pouvais l'aider, il m'a posé des questions sur ce genre de choses-là", a raconté Benzema à la juge. "Je lui ai dit que tout dépendait de lui et que c'était à lui de décider. Il m'a parlé de buzz, car on est des personnes connues. Je lui ai dit que ce n'était pas mon problème et qu'il devait faire ce qu'il voulait. Je lui ai dit qu'il y avait quelqu'un qui pouvait voir avec lui et essayer de l'aider aussi. C'est M. Zenati (l'intermédiaire Karim Zenati, ami d'enfance de Benzema écroué dans cette affaire, ndlr)."
Aide, le mot revient souvent dans la bouche de Benzema au moment d'évoquer son rôle. Sauf que le contenu des écoutes révélé par Europe 1 laisse apparaître un Benzema volontiers moqueur : "Je lui ai dit (à Valbuena) si tu veux que la vidéo elle soit détruite, mon ami il vient te voir à Lyon. Tu vois directement avec lui et toi tu parles avec lui, tu envoies personne. Il était tout blanc. Je l'ai vu avaler de travers." Dans son entretien au Monde, Valbuena explique n'avoir guère de doutes sur la volonté de son coéquipier : "La façon dont il m'a amené les choses, c'était bien pour m'inciter à voir quelqu'un, indirectement, ça veut dire payer cette personne pour détruire cette vidéo."
- La "sextape" : vue ou pas vue ?
Dans cette affaire, l'un des éléments les plus à charge contre Benzema concerne la "sextape" en elle-même, et son existence. Devant Valbuena, Benzema explique l'avoir vue. "Il m’a dit : 'C’est quand même chaud, la vidéo. Je sais que moi, la famille et tout… Faut être costaud'", explique Valbuena. Devant la juge, Benzema revient sur ses propos et explique au contraire n'avoir pas vu cette fameuse "sextape". "Franchement je ne sais pas pourquoi je lui dis ça", reconnaît l'attaquant du Real devant la juge. "La vidéo, je ne l'ai pas vue. Comme Karim (Zenati) m'a dit que c'était une vidéo sérieuse, c'est ce que j'ai dit à Mathieu. Je me suis fait un film par rapport à ce que m'avait dit Karim (Zenati), parce que je lui fais confiance et qu'il est mon meilleur ami. Je pense qu'il (Zenati) l'a vue, car il m'en a parlé avec des détails".
- Leur avenir : l'Euro ensemble, réaliste ou non ?
Dans son intervention au micro de TF1, Benzema espère que cette affaire va faire long feu. "J'espère que ça va bien se terminer, qu'on va tous être bien, que ce soit Mathieu, moi, mon ami. Qu'on retourne tous en équipe de France pour gagner cet Euro." A priori, Valbuena ne serait pas contre, lui non plus, rejouer avec Benzema sous le maillot tricolore, si l'interdiction d'entrer en contact est levée par la justice.
"Personnellement, je n’ai jamais eu de problème pour jouer avec Karim, bien au contraire. Il n’y a pas de souci. Jouer avec des gens avec qui je ne me suis pas bien entendu, à Marseille, je l’ai fait. Pour moi, en équipe de France, le groupe passe avant tout, avant les individualités, les ego." Pour autant, ce ne sont ni Benzema ni Valbuena qui ont leur avenir entre leurs mains, mais bien Didier Deschamps, le sélectionneur, et plus encore, la justice.