C'est une véritable résurrection que vit Paul Pogba à Manchester United. Le champion du monde français, à la peine sous les ordres de José Mourinho, a retrouvé des couleurs depuis l'arrivée sur le banc du Norvégien Ole Gunnar Solksjaer. C'était le 19 décembre, soit deux jours après le tirage au sort des 8èmes de finale de la Ligue des champions, et à ce moment-là, personne n'imaginait que deux mois plus tard, à la faveur d'une dynamique positive retrouvée, les Red Devils seraient presque favoris face à un PSG qui a dans le même temps perdu Neymar sur blessure, puis Edinson Cavani et Thomas Meunier avant de se rendre à Old Trafford mardi soir.
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La page Mourinho est tournée. Et ce retour au premier plan de Man U est à mettre notamment au crédit de Paul Pogba. Comme de nombreux joueurs de sa génération, le natif de Lagny-sur-Marne a besoin d'être aimé pour bien jouer. Qu’on le mette dans les meilleures conditions pour qu’il puisse donne la quintessence de son talent. Ce n'était pas le cas avec son ancien entraîneur. "José Mourinho ne le faisait pas jouer de la meilleure des manières", analyse pour Europe 1 James Cooper, journaliste pour la chaîne de télévision britannique Sky Sports.
"C’est beaucoup plus facile de jouer ce style de jeu (Ole Gunnar Solskjaer prône un jeu plus offensif, ndlr), que celui d’avant. On le montre bien sur le terrain", abonde le coéquipier français de "La Pioche", Anthony Martial, également bien en jambes depuis le départ de Mourinho.
La confiance (re)trouvée de son entraîneur. La relation humaine semble aussi plus facile, plus apaisée. Sous Mourinho, Pogba faisait régulièrement des tours sur le banc de touche et était utilisé à des postes au milieu du terrain où il n’est pas à l’aise. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Solskjaer, surnommé "supersub" (super remplaçant, car il marquait très souvent lors de ses entrées en jeu, ndlr) du temps de sa splendeur chez les Red Devils (1996 à 2007), connaît bien Pogba. Il l’a eu très brièvement sous ses ordres dans les équipes de jeunes du club, en 2010. Dès son arrivée à la tête de l'équipe, il a appliqué la méthode de la câlinothérapie et noué une nouvelle relation avec son numéro 6. "Pogba est redevenu une pièce principale au club", considère James Cooper. Il écoute son coach, il a beaucoup de respect pour Ole Gunnar Solskjaer, donc il fait ce qu'il lui dit… Ce n'était pas le cas sous Mourinho
"On retrouve le Pogba d’il y a trois ans". Solskjaer décide également de repositionner Pogba plus haut sur le terrain, et cela fonctionne. Très bien même. Sur les deux derniers mois, Paul Pogba est tout simplement le joueur le plus décisif d'Europe : il est impliqué dans 13 buts toutes compétitions confondues. En Premier League, il est même le meilleur buteur de Manchester United avec 11 réalisations. Soit d'ores et déjà sa meilleure année sur le plan des statistiques.
"On retrouve le Pogba d’il y a trois ans quand il a battu le record du transfert le plus cher de l'histoire (acheté par Manchester United à la Juventus Turin pour 105 millions d’euros, ndlr)", détaille James Cooper pour Europe 1. "La liberté, oui, c'est le mot qui lui va le mieux. C’est cette liberté qui a redonné à Paul de la joie. On peut le voir avec sourire, faire des pas de danse…"
"Il est devenu un leader", reconnaît Tuchel. Cette régularité n'a pas échappé à l'entraîneur parisien Thomas Tuchel, élogieux à l’égard du Français. "Ce n’est pas une surprise que Pogba soit un joueur clé de Manchester United. Il est capable de faire la différence offensivement, il a un excellent jeu de tête, sa connexion avec Martial à gauche est bonne. Il est devenu un leader, on sent qu’il aime son équipe. C’est impressionnant."
Le milieu de terrain parisien Julian Draxler, qui sera l'un de ses adversaires directs dans l’entrejeu, connaît bien "Pogboom". "Je le connais depuis longtemps, on a joué beaucoup de matches l‘un contre l’autre chez les jeunes en sélection", explique l'international allemand. "Quelques fois, on l’a arrêté (rires). Il a beaucoup de qualité, c’est clair. Il est capable de tout faire, mais nous aussi, on a des joueurs capables d’arrêter Paul."
#Draxler : "je connais @paulpogba depuis longtemps, on a joué chez les jeunes l'un contre l'autre, quelque fois on a arrêté Paul (rires). Il est capable de tout faire, mais on est capable aussi de l'arrêter." #MUNPSG@Europe1@Europe1Sport#Europe1pic.twitter.com/UsbDASU75H
— Julien Froment (@JulienFroment) 11 février 2019
Malgré de très belles prestations en Premier League, Pogba doit encoe gagner en régularité. "Le seul problème, c’est qu’il ne peut pas tenir 90 minutes à ce niveau, on l’a encore vu contre Fulham (Il est sorti à la 74e minute, ndlr)". On voit des moments, des flashes, comme les réseaux sociaux l'aiment", nuance James Cooper. Pogba a mardi soir une occasion en or, certes face à un PSG amoindri, de prouver que sa résurrection n’est pas un feu de paille.