Athlétisme : la championne olympique Semenya devra limiter son taux de testostérone

Caster Semenya
Caster Semenya a été déboutée de son recours contre la Fédération internationale d'athlétisme. © STRINGER / AFP
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avec AFP , modifié à
Le Tribunal arbitral du sport a validé mercredi un nouveau règlement de la Fédération internationale d'athlétisme obligeant les femmes "hyper-androgènes" à faire baisser artificiellement leur taux de testostérone.

Voilà dix ans que la polémique dure entre Caster Semenya, et la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF). Le Tribunal arbitral du sport (TAS) a rendu une première décision, mercredi, en déboutant l'athlète sud-africaine... sans pour autant donner raison à la seconde. De fait, le TAS a demandé à l'IAAF de revoir sa copie mais son nouveau règlement, qui oblige les femmes "hyper-androgènes" à baisser leur taux de testostérone, entrera en vigueur le 8 mai.

Depuis les Championnats du monde de Berlin, en 2009, et une victoire éclatante sur le 800m, Caster Semenya, 18 ans seulement à l'époque, se bat pour être acceptée au même titre que les autres sportives de haut niveau. Car son niveau naturel mais anormalement élevé de testostérone, qui fait d'elle une athlète "hyper-androgène", n'a cessé de susciter la polémique. L'an dernier, l'IAAF a décidé de mettre en place un nouveau règlement obligeant les femmes "hyper-androgènes" à faire baisser artificiellement, grâce à des médicaments, leur taux de testostérone. Une condition sine qua non pour participer aux épreuves internationales allant du 400 mètres au mile (1.609 mètres). Caster Semenya avait alors contesté ce règlement. 

Le TAS demande des amendements à l'IAAF

Mercredi, le TAS a rejeté son recours, tout en émettant pourtant de "sérieuses préoccupations au sujet de la future application pratique de ce règlement". "Le TAS n'a pas validé le règlement de l'IAAF, il a simplement rejeté les requêtes de Semenya", a indiqué Mathieu Reeb, secrétaire général de l'instance juridique de recours. "C'est à l'IAAF maintenant de travailler sur son règlement pour l'adapter en fonction des réserves posées par le TAS." En l'état, le règlement de l'IAAF ne s'appliquera donc pas avant que la fédération ait corrigé ses aspects litigieux, pointés par le TAS.

Trois points posent en effet particulièrement problème aux experts : d'abord, la difficulté d'appliquer un principe de responsabilité objective en fixant un seuil de taux de testostérone à respecter, ensuite la difficulté de prouver un véritable avantage athlétique chez les athlètes hyper-androgènes sur les distances du 1500m et du mile, enfin les éventuels effets secondaires du traitement hormonal. Juste après la décision du TAS, et en dépit de ces points soulevés, l'IAAF a indiqué que son nouveau règlement entrerait en vigueur "dès le 8 mai", le temps pour elle de procéder aux modifications demandées.

Semenya très soutenue en Afrique du Sud...et par l'ONU

Le contentieux entre Caster Semenya et l'IAAF avait déclenché une foule de réactions, notamment en Afrique du Sud, où de nombreuses personnalités politiques, jusqu'au président Cyril Ramaphosa, avaient soutenu leur athlète double championne olympique et triple championne du monde sur 800 mètres. Même le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU y était allé de sa petite critique en mars dernier, estimant que le règlement de l'IAAF "pourrait ne pas être compatible avec les normes et règles internationales relatives aux droits de l'Homme". 

De son côté, l'IAAF invoque l'équité des compétitions féminines pour justifier sa décision. Ce que le TAS a validé : dans son communiqué, il estime qu'une "telle discrimination constituait un moyen nécessaire, raisonnable et proportionné d'atteindre le but recherché par l'IAAF, à savoir de préserver l'intégrité de l'athlétisme féminin dans le cadre de certaines disciplines (du 400m au mile)". Caster Semenya pourrait ne pas être la seule athlète à en subir les conséquences. Francine Niyonsaba et Margaret Wambui, deux sportives burundaise et kényane, ont également été confrontées à des polémiques sur leur taux de testostérone.