Treize ans que l'Asvel n'avait pas connu une telle défaite. Samedi soir, à Chalon, lors de la 16ème journée de Pro A, Villeurbanne s'est incliné sur le score sans appel de 84 à 52. Trente-deux points d'écart. Et un écart de trop pour le coach franco-canadien de l'équipe, J.D. Jackson, écarté pour absence de résultat. Après seize journées, le club rhodanien présente un bilan tout juste équilibré de huit victoires pour huit défaites et pointe à la septième place du classement. C'est évidemment insuffisant pour un club qui disposait en début de saison du plus gros budget de l'histoire de la Pro A, avec 8,27 millions d'euros. Alors, le président du club, un certain Tony Parker, en poste depuis l'été 2014, a décidé de sévir, d'évincer J.D. Jackson et de placer son petit frère, T.J., ancien joueur, sur le banc. Lequel fera ses débuts mercredi soir, en Eurocoupe, face à Limoges.
Un assistant au premier rang. Cette nomination est dans la logique des choses. D'abord parce que T.J. Parker était coach assistant à l'Asvel depuis 2013 et avait notamment décroché aux côtés de J.D. Jackson un titre de champion de France de Pro A en 2016. On ne peut donc pas lui reprocher de ne pas connaître la maison. Et du côté du club, on ne cache pas qu'il s'agit d'un coup de pouce familial autant que d'un témoignage de confiance. Cité dans L'Équipe, le président délégué du club, Gaëtan Muller, confie : "Nous sommes une vraie famille, au sens propre pour certains. Resserrer les liens et gérer l'urgence est plus facile en famille. La confiance ne s'achète pas. Quant à T.J., il a ses diplômes, une vraie expérience d'assistant et une philosophie de jeu. Sa nomination s'est faite à l'unanimité." Elle a été décidée par Tony Parker, par Gaëtan Muller, mais aussi par… Nicolas Batum. Le joueur des Charlotte Hornets est en effet depuis le printemps dernier le directeur des opérations basket de l'Asvel.
Comme son frère TP, le joueur Terrence Jonathan Parker, 33 ans, a tenté de percer outre-Atlantique. Mais sa formation dans l'université de Northwestern, dans l'Illinois, n'a pas débouché sur un contrat en NBA. Revenu en France, il a évolué au Paris Racing (dans lequel son frère Tony a alors des parts) pendant deux saisons avant de rejoindre le Sluc Nancy. Il y joue peu mais devient tout de même champion de France avec le club lorrain, avant de le quitter à la fin de la saison suivante, en 2009, pour rejoindre… Villeurbanne, dont son frère est le nouveau vice-président depuis quelques mois. T.J. a terminé sa carrière à Orchies, en division inférieure, avant d'embrasser la carrière d'entraîneur.
"J'adore la pression". Mardi, en conférence de presse, le nouveau coach des Verts a livré ses premières réflexions après sa nomination. "Je l’ai apprise par mon grand frère", a-t-il expliqué. "Il m’a d’abord dit qu’il devait réfléchir parce qu’il ne prend pas de décision sur un coup de tête. Il m'a dit qu'il en avait un peu marre. Ensuite, il m’a dit : 'Tiens-toi prêt, peut-être que l’équipe sera à toi'. Et il a fait les choses correctement en parlant avec Nico (Batum) et Gaëtan (Müller) avant de me l’annoncer. Qui ne serait pas content d’être à la tête de l’Asvel ? Je sais que c’est le club français le plus titré, il y a de la pression. Mais j’adore la pression." Ça tombe bien car les deux premiers matches du bizuth Parker prévus cette semaine sont déjà très importants.
Mercredi soir, en Eurocoupe, l'Asvel doit s'imposer pour rester en course dans la qualification pour les quarts de finale. Et, samedi, le match face à Hyères-Toulon conditionnera la qualification ou non du club pour la Leaders Cup, anciennement Semaine des As, qui regroupera le mois prochain les huit meilleures équipes à l'issue des matches aller de Pro A. On saura donc très rapidement si Terrence Jonathan Parker, 33 ans, et plus jeune coach de l'élite, a les épaules pour sortir la "Green Team" du rouge.
"TP", président sans pitié. S'il sait faire confiance à sa famille - son deuxième frère, le cadet Pierre, est en charge des moins de 18 ans de l'Asvel -, le président Parker, 35 ans, sait aussi se montrer dur avec ses proches. Comme le rappelait L'Équipe mardi, "TP" avait donné son accord en 2010 au licenciement de Vincent Collet, alors son sélectionneur chez les Bleus, puis, en 2014, il avait écarté Pierre Vincent, coach avec lequel il avait été champion d'Europe juniors en 2000. T.J., tout petit frère qu'il est, sait à quoi s'en tenir…