Bernard Laporte, figure centrale du rugby français depuis plus de 20 ans, a démissionné vendredi de la présidence de la fédération (FFR), à sept mois du Mondial qui se déroulera en France. Son départ a été annoncé en matinée par la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera, aux médias présents devant le siège de la FFR à Marcoussis, près de Paris, dont l'AFP.
Condamné à deux ans de prison avec sursis pour corruption
Depuis sa condamnation le mois dernier à deux ans de prison avec sursis pour corruption, la ministre poussait vers la sortie celui qui avait occupé ce même poste au gouvernement entre 2007 et 2009, après avoir été entraîneur des Bleus (2000-2007) et avant de s'emparer de la présidence de la Fédération fin 2016. "Je peux vous confirmer la démission de Bernard Laporte", a déclaré Amélie Oudéa-Castéra devant les locaux de la FFR à Marcoussis, où se tient un important comité directeur.
Cette réunion a pour objet de tirer les conclusions du vote organisé cette semaine auprès des quelque 1.500 clubs de rugby français, qui a abouti à un désaveu pour le président sortant. La question qui leur était posée, après la mise en retrait de Laporte, était simple : "Approuvez-vous la proposition de M. Bernard Laporte de désigner M. Patrick Buisson en qualité de Président-Délégué de la FFR ?" Buisson est un proche de Bernard Laporte, qui s'était mis en retrait après sa condamnation de décembre tout en conservant son titre. La réponse l'a été tout autant : 51,06% des votants ont dit non à cette option, avec une participation proche de 91%.
La ministre des Sports avait aussitôt salué "la très forte participation des clubs à ce temps démocratique, qui était indispensable après la condamnation en première instance de Bernard Laporte et sa mise en retrait". "J'ai confiance dans le fait que ces échanges permettront de trouver un chemin pour stabiliser rapidement une gouvernance claire et légitime, tout en continuant à préparer efficacement et sereinement (...) la Coupe du monde 2023 que notre pays a l'honneur d'accueillir", avait ajouté +AOC+, en allusion au comité directeur de vendredi.
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Le comité directeur refuse de démissionner
Selon les informations d'Europe 1, le comité directeur refuse de démissionner. Conséquence, les neuf membres de l'opposition démissionnent à leur tour. De nouvelles élections fédérales pourraient désormais être organisées, après la désignation d'un président par intérim qui exercera sa fonction jusqu'au prochain congrès de la FFR prévu cet été. Il choisira un président, parmi les membres du comité directeur, pour terminer le mandat actuel jusqu'en 2024.
Cette option est celle privilégiée par l'opposition à Laporte, dont Florian Grill, selon qui "les clubs veulent tourner la page". "Faisons des élections rapides, réunissons le rugby et rassemblons-le pour réussir un enjeu majeur et préserver notre équipe de France", a indiqué le président de la Ligue Île-de-France, qui sera candidat en cas de nouvelles élections.
Bernard Laporte a été condamné le 13 décembre à deux ans de prison avec sursis pour avoir noué un "pacte de corruption" avec l'homme d'affaires et président du club de Montpellier Mohed Altrad. Ayant fait appel de la décision, sa peine, assortie d'une interdiction d'exercer son activité de président de la FFR, n'était pas immédiatement exécutoire.
Mis en retrait jusqu'à maintenant
L'ancien sélectionneur des Bleus avait donc refusé de démissionner mais accepté, sous la pression conjointe de la ministre des Sports, de la Ligue nationale de rugby (LNR) et du comité d'éthique de la FFR, de se mettre en retrait derrière un président délégué jusqu'au procès en appel, qui ne devrait intervenir qu'après le Mondial-2023.
Mais sa position avait été encore fragilisée par sa garde à vue de quelques heures mardi, au lendemain de l'ouverture du vote, dans une affaire de blanchiment de fraude fiscale aggravée. Même s'il en était ressorti libre sans poursuite à ce stade. "Il est parfaitement scandaleux que le parquet ait choisi la date de l'élection de M. Patrick Buisson pour fixer celle de l'audition et que la divulgation de cette audition ait été faite le jour-même", avait protesté l'un des avocats de Bernard Laporte, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, fustigeant auprès de l'AFP "un acharnement du PNF".