À la sortie d'une réunion avec les membres de l'UCPF (Union des clubs professionnels de football), le syndicat dont il est vice-président, Bertrand Desplat, le président de l'En Avant de Guingamp, s'est exprimé sur la réforme des Coupes d'Europe sur l'antenne d'Europe 1. Il dénonce un projet qui "met en danger les championnats nationaux, en les galvaudant, en diminuant leur valeur", tout en mettant en avant "un football des territoires".
La réforme des Coupes d'Europe, initiée par les instances européennes, pourrait voir le jour en 2024. Elle permettrait notamment aux clubs engagés en Ligue des Champions de s'y qualifier de nouveau pour l'édition suivante, indépendamment de leurs résultats dans leur championnat national. Si la réforme était votée, seules quatre des 32 places de la Ligue des Champions seraient réservées aux championnats nationaux. De quoi agacer Bertrand Desplat, qui y voit là une façon de "fouler des pieds le principe historique, qui était qu'à travers les résultats qu'on obtient dans son championnat national, on accède à une compétition européenne".
Des mesures fortes contre les clubs "complices"
En réduisant l'intérêt des championnats nationaux, le président guingampais craint que les équipes engagées en Ligue des Champions ne laissent le championnat de côté. "De manière extrêmement concrète, demain, les meilleurs clubs français, qui sont engagés en Champions League, mettront leur équipe B pour le championnat de France. Ils n'auront plus cette volonté farouche de se qualifier pour la Champions League, puisque ce sera acquis quasiment à vie", déclare-t-il.
Face à ce danger, "à l'unanimité de ses membres, l'UCPF réclame la suppression des droits audiovisuels liés aux championnats domestiques pour les clubs qui seraient engagés dans ce type de compétition", annonce Bertrand Desplat. Concrètement, l'UCPF va saisir l'assemblée générale de la Ligue de football professionnel, "pour que cette démarche aille à son terme" et ce, dès 2020. "Puisque la réforme doit être entérinée au courant de l'année 2020, les clubs qui se rendraient complices de cette mort annoncée du football national n'auront plus accès aux revenus des championnats domestiques", explique le président de l'actuelle lanterne rouge de Ligue 1.
Nasser Al-Khelaïfi ? "Il ne peut pas être le fossoyeur de l'esprit du football"
Face à une réforme qui menace les championnats nationaux, Bertrand Desplat ne mâche pas ses mots quand il s'agit d'évoquer Nasser Al-Khelaïfi, président du PSG et membre de l'ECA (European club association), à l'origine du projet de réforme. "Il ne peut pas être le fossoyeur de l'esprit du football", insiste le président breton. "L'esprit du football, c'est d'abord un football des territoires, un football qui s'appuie sur ses régions. On voudrait, demain, mettre ce sport des régions complètement à plat. C'est tout simplement la mort du football au sens large".
Mais au-delà du Paris Saint-Germain, le vice-président de l'UCPF vise tous les grands clubs français. "J'ai en tête tous les clubs qui, aujourd'hui, ont un espoir […] de pouvoir éventuellement être qualifiés pour cette compétition. C'est une rente en fait, c'est pour eux extrêmement tentant de faire tout ce qu'il faut pour être dans la Champions League à partir de 2024. En pensant maximiser les revenus sur le très court terme, c'est le football qu'on est en train de tuer". "Je pense que la raison l'emportera", conclut cependant Desplat, qui se veut optimiste. Le projet de réforme doit être votée par le comité exécutif de l’UEFA, en 2020.