Visé par une enquête depuis juin 2020 après la plainte d'un adolescent de 13 ans, Bruno Martini, 52 ans, a été interpellé lundi à Paris et placé en garde à vue, a-t-on ajouté de source proche du dossier, confirmant une information de France Info. Interrogé par l'AFP, le parquet de Paris a confirmé que l'ancien sportif avait été déféré mardi soir en vue d'une "probable comparution pour reconnaissance préalable de culpabilité et enregistrement d'images pédopornographiques", après la levée de sa garde à vue. Il devrait être présenté mercredi à un magistrat, qui devrait lui proposer une comparution pour reconnaissance préalable de culpabilité.
A ce stade, les enquêteurs n'ont pas eu connaissance d'autres victimes, hormis l'adolescent de 13 ans, a-t-on ajouté de source proche du dossier.
Une carrière de dirigeant
Bruno Martini, colosse de 1,97 m, était le gardien des Bleus champions du monde en 1995, le premier titre majeur du handball français, lançant l'ère dorée de la bande déjantée des "Barjots". De nouveau champion du monde en 2001, sa riche carrière de joueur l'a mené dans les plus grands clubs français européens, de l'OM-Vitrolles à Montpellier avec qui il remporte la Ligue des champions en 2003, puis Paris.
Il se tourne ensuite vers une carrière de dirigeant. A la tête d'un groupe d'investisseurs, il rachète le Paris Handball en 2010, dont il devient le manager général. Il le reste quand, deux ans plus tard, le club est racheté par le Qatar Sports Authority, déjà propriétaire du PSG. Le club devient le PSG Handball et domine le handball français, remportant neuf des dix derniers championnats de France.
Bruno Martini quitte son poste début 2021 et annonce dans la foulée rejoindre l'une des plus grosses équipes de esport, la team Vitality, comme manager général. Il la quitte quand il est élu président de la Ligue en novembre 2022. "Mes chantiers sont la visibilité, le développement économique et le positionnement", avait-il argué à l'époque : "Il faut porter les bonnes valeurs".
Un nouvel ennui judiciaire pour les dirigeants du sport français
L'enquête visant Bruno Martini est la dernière d'une longue suite d'ennuis judiciaires ciblant des dirigeants du sport français. Parmi les plus retentissantes, Bernard Laporte, le président de la Fédération française de rugby (FFR), a été condamné en première instance en décembre à deux ans de prison avec sursis pour avoir noué un pacte de corruption avec l'homme d'affaires et président du club de Montpellier, Mohed Altrad. Il a fait appel de ce jugement et s'est mis en retrait, sous la pression du ministère des sports et du Comité d'éthique de la FFR.
Il a de nouveau été placé en garde à vue mardi dans une affaire de blanchiment de fraude fiscale aggravée, mais en est ressorti sans poursuite à ce stade. Quant à Noël Le Graet, le tout puissant patron de la Fédération française de football (FFF), il est visé par une enquête pour harcèlement moral et sexuel et a été contraint de se mettre en retrait lors d'un Comité exécutif extraordinaire.