C'est en tournant le dos aux conventions que l'Américain Dick Fosbury, décédé lundi à 76 ans, est entré dans l'histoire de l'athlétisme, avec son "flop", technique révolutionnaire de saut en hauteur qui lui a rapporté l'or olympique en 1968, avant de faire école dans la discipline. L'ancien entraîneur d'athlétisme Jean-Claude Perrin a loué "un grand sauteur très fort mentalement" dans l'émission Europe 1 Sport (tous les soirs de 20 heures à 23 heures).
For the first 72 years at the Olympic Games, athletes jumped forwards in the high jump
— AW (@AthleticsWeekly) March 13, 2023
Then, at Mexico 1968, Dick Fosbury came along with his "Fosbury flop" and changed the sport forever pic.twitter.com/AZOwrV6scA
"Le gamin va se casser le cou". Voilà ce que disaient, cinq ans avant sa consécration de Mexico, les entraîneurs, perplexes sinon réfractaires, en voyant ce lycéen de 16 ans s'évertuer à franchir les barres, non pas selon la technique du rouleau ventral ou du ciseau, mais à sa façon bien à lui, en dorsal.
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Persévérance
Jusque-là, ce fils d'immigrés anglais, né à Portland le 6 mars 1947, est un élève de Medford, Oregon, manifestement plus doué pour les sciences que pour ce sport qu'il pratique depuis six ans, après avoir délaissé le baseball et le basket. Au point de se décrire lui-même, dans son autobiographie "Wizard of Foz" ("le Magicien de Foz") comme "l'un des pires sauteurs en hauteur de l'État".
C'est alors dans la plus grande indifférence que le sauteur persévère. En 1968, aux Jeux olympiques de Mexico, Dick Fosbury concourt sans grandes convictions. Mais c'est la consécration : grâce à son premier essai à 2m24, synonyme de record du monde et de titre au olympique, le sauteur est acclamé par la foule. "Il a fait son show dans l'inconnu. Personne ne lui prêtait attention mais quand il a réussi son premier essai, les gens se sont levés et ont agité les drapeaux. C'était stupéfiant", s'est remémoré Jean-Claude Perrin.
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"Show de cirque"
Dick Fosbury "était une attraction fabuleuse, les gens étaient émerveillés. Il mélangeait l'athlétisme avec un show de cirque", a raconté avec émotion l'entraîneur d'athlétisme dans Europe 1 Sport. "Il a créé quelque chose d'universel qui s'est déplacé à la vitesse de la lumière dans les écoles", a poursuive Jean-Claude Perrin.
Avant sa mort, le sauteur américain avait également commenté ses prouesses : "J'ai adapté un style désuet et l'ai modernisé pour le rendre efficace. Je ne savais pas que quelqu'un d'autre dans le monde pourrait l'utiliser et je n'aurais jamais imaginé que cela révolutionnerait la discipline", confiait celui qui échoua à se qualifier pour les Jeux de Munich, après avoir dû mettre entre parenthèses sa carrière sportive pour ses études de génie civil. Les JO de Mexico en 1968 resteront à jamais inscrits dans l'histoire des olympiades. "Ce sont des Jeux de la gloire", a fini par résumer Jean-Claude Perrin en hommage à celui qui a modernisé et révolutionné sa discipline.