À quelques jours du début des championnats d'Europe d'athlétisme en salle à Istanbul, l'équipe de France se rend dans un pays meurtri. La compétition a été maintenue malgré le séisme qui a frappé l'Est de la Turquie et la Syrie le 6 février, causant plus de 50.000 morts (dont plus de 44.000 en Turquie) selon les derniers bilans. European athletics a annoncé qu'il n'y aurait "pas de publicité locale pour l'évènement et que les célébrations et animations extra-sportives seraient maintenues à un niveau minimum".
Lancée tant bien que mal vers des Jeux olympiques à domicile en 2024, l'équipe de France se présente en nombre à Istanbul avec 39 athlètes, quasiment tous les "sélectionnables", tenant la promesse des dirigeants d'ouvrir les vannes pour que les espoirs expérimentent les grands championnats avant l'immense scène olympique.
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"Championnat le plus accessible"
Les Bleus, emmenés par leur totem Kevin Mayer sur l'heptathlon, tiennent une bonne occasion de décrocher des médailles, face à une opposition de niveau varié. Après ce sera plus dur. "Ce championnat est extrêmement important. C'est le grand championnat le plus accessible, le plus 'faible'", juge l'un des deux doyens de l'équipe, le triple sauteur Benjamin Compaoré (35 ans), également entraîneur du jeune Enzo Hodebar (23 ans), présent dans la sélection.
Ensuite viendront les Mondiaux de Budapest cet été, les Mondiaux en salle de Glasgow dans un an puis l'Euro de Rome en début d'été 2024, trop proche des JO pour être représentatifs. "Quelqu'un qui se révélerait à Istanbul, en prenant une médaille, il peut engranger de la confiance. C'est la dernière opportunité d'avoir quelque chose d'accessible. C'est la réalité du niveau mondial, qui est très dur. Istanbul reste un championnat international, et il n'y a rien de plus vrai en athlétisme. C'est là qu'il faut apprendre à maîtriser ses émotions et ses performances."
Malgré le forfait de Sasha Zhoya, les tricolores présentent un gros collectif sur le 60 m haies, avec notamment la championne du monde en salle Cyréna Samba-Mayela, l'homme en forme Just Kwaou-Mathey, le multi-médaillé Pascal Martinot-Lagarde et le revenant Dimitri Bascou.
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Duplantis absent
L'Euro sera privé par choix de la star de la perche suédoise Armand "Mondo" Duplantis, qui vient pourtant de porter le record du monde de la discipline à 6,22 m samedi à Clermont-Ferrand. De quoi laisser plus de lumière à la sensation néerlandaise Femke Bol, qui s'est elle emparée du vieux record du monde du 400 m en salle (49.26 le 19 février contre 49.59 pour la Tchèque Jarmila Kratochvilova en 1982).
Bol (22 ans), déjà médaillée olympique et mondiale sur 400 m haies, continue d'explorer ses possibilités après avoir réussi le triplé à l'Euro de Munich en août 2022 (400 m, 400 m haies, relais 4x400 m). L'Italien Marcell Jacobs, champion olympique du 100 m et champion du monde du 60 m en salle l'hiver dernier, se doit lui une revanche après avoir été battu lors des Championnats d'Italie.
Le glouton norvégien Jakob Ingebrigtsen, déjà sept fois champion d'Europe sur la piste à seulement 22 ans, devrait défendre ses titres sur 1.500 et 3.000 m.