"S'il pense que le cyclisme fonctionne comme cela, il se trompe et c'est mieux qu'il rentre chez lui." Voilà ce que Lance Armstrong avait lancé à Christophe Bassons sur le Tour de France 1999. Ce Tour, l'Américain le remporta, le Français l'abandonna. Seize ans plus tard, la première des sept Grandes Boucles remportée (puis perdue pour dopage) par le Texan se retrouve au cœur de The Program, le film de Stephen Frears narrant le "système Armstrong" à partir du travail du journaliste irlandais David Walsh. Où l'on constate que le cyclisme fonctionnait bien "comme cela"...
The Program est visible sur les écrans depuis le mercredi 16 septembre :
"Ça permet de voir ce que l'on a pu décrire à un moment donné, avoir des images ce que c'est le dopage", explique au micro d'Europe 1 Christophe Bassons, qui a pu voir le film avant sa sortie en salles, mercredi. "J'ai l'impression de me retrouver dans l'équipe Festina il y a maintenant quasiment 20 ans." Car avant d'être un indésirable avec le maillot de la Française des Jeux, Bassons a été membre de la fameuse équipe Festina, exclue du Tour 1998 pour dopage organisée. Le natif de Mazamet (lieu de naissance également d'un certain Laurent Jalabert), n'était pas présent sur le Tour cette année-là. Il était l'un des rares coureurs, avec Laurent Lefèvre et Patrice Halgand, à refuser le dopage.
"Comment mettons-nous notre vie en danger ?" Catalogué "monsieur propre du peloton" à l'époque, Bassons n'a pas perdu son franc-parler. Et rebondit là où on l'attend le moins. "Comment mettons-nous notre vie en danger ? Est-ce que c'est en se dopant ou est-ce que c'est finalement en faisant le Tour de France sans prendre rien du tout ?", fait mine de s'interroger celui qui prit sa retraite en 2001, après une dernière saison chez Jean Delatour. "Pourtant, moi je suis contre le dopage et j'ai lutté contre le dopage bien évidemment mais tout cela mérite réflexion et je pense que le film peut pousser les gens à voir le dopage autrement." Réaliste sur le dopage, sur ses dérives mais également ses origines, The Program montre également un autre visage d'Armstrong, selon celui qui fut, à l'époque son plus grand pourfendeur. "On passe rapidement d'une étape à une autre de sa carrière mais ça montre bien comment il a construit sa situation dans le milieu Mais il y a un autre élément qui est intéressant dans le film, c'est tout le côté sentiments. Parce que je pense que beaucoup de gens ont oublié qu'à un moment donné, Armstrong pouvait avoir un peu de cœur."
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— Feria Sport (@feria_sport) 7 Décembre 2013
"Réconciliés, c'est un grand mot." En décembre 2013, Armstrong et Bassons avaient été réunis par plusieurs médias, dont les quotidiens Le Monde et L'Equipe, pour un entretien croisé qui avait des allures de grande réconciliation. "Réconciliés, c'est un grand mot, c'est vrai qu'on s'est rencontrés il y a un an et demi, il souhaitait me présenter ses excuses", précise aujourd'hui Bassons. "Il sait qu'il a fait une grosse erreur, il n'a pas su faire la différence entre le vélo et la vie normale, il était aussi violent sur la machine que dans la vie. Cet état d'esprit lui a permis de gagner beaucoup de courses, mais on ne peut pas passer sous silence les fautes qu'il a faites et c'est tout à fait normal et qu'on lui ait enlevé ses sept Tours de France. Mais je pense qu'il peut encore s'appuyer sur ce qu'il a vécu et on pourrait, pourquoi pas, travailler ensemble sur de la prévention contre le dopage. Je pense qu'à deux, on pourrait avoir un impact." On attend désormais l'avis de Lance Armstrong après avoir vu The Program.