Annoncée mi-décembre mais confirmée mardi seulement, l'arrivée de Christopher Nkunku à Chelsea est un pari risqué pour l'attaquant français qui se retrouve dans une équipe déboussolée privée de compétition européenne. Encore plus à un an de l'Euro 2024 et alors que son statut en Bleu reste à affirmer. "À mon avis, (Nkunku) a décidé de rejoindre Chelsea bien trop tôt. (…) Si j'étais son conseiller ou son père, je serais très inquiet à l'heure actuelle", avait lâché, fin avril, Ralf Rangnick, ancien entraîneur de Manchester United, mais surtout du RB Leipzig, sur la chaîne de télévision allemande ZDF.
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Un engagement de longue date
Il y a six mois, alors que la Premier League s'apprêtait à reprendre après le Mondial au Qatar, pour lequel Nkunku avait dû déclarer forfait en raison d'une blessure à un genou, la presse avait révélé que le buteur de Leipzig s'était engagé à rejoindre la capitale anglaise à l'été, moyennant plus de 60 millions d'euros. Chelsea était alors 8e mais pouvait encore rêver de Ligue des champions, à huit longueurs du top 4.
Mais une deuxième partie de saison au moins aussi médiocre, malgré un mercato d'hiver où 300 M EUR ont été investis, les a fait descendre dans la seconde partie du classement (12e), coûtant sa place à l'entraîneur Graham Potter dans l'intervalle. "Imaginer qu'un joueur aussi excellent puisse arriver dans un club dans un tel état, cela me fend le coeur, personnellement", avait poursuivi Rangnick.
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L'ombre des flops Werner et Havertz
Et les raisons de s'inquiéter sont réelles. D'une part, parce que les recrutements récents des Blues en Bundesliga ont viré au flop avec Timo Werner et, dans une moindre mesure, Kaï Havertz. Stars absolues en Allemagne, courtisés par toute l'Europe avant de porter le maillot bleu, ils n'ont jamais semblé vraiment au niveau en Premier League. Arrivé de Leipzig pour 53 millions d'euros en 2020 avant d'y retourner pour 20 millions d'euros en 2022, Werner a certainement eu tout le loisir de faire un retour d'expérience détaillé à son coéquipier français.
Des contre-exemples, comme Erling Haaland ou Manuel Akanji à City, ont pourtant prouvé cette saison que l'écart entre les deux championnats n'est pas forcément en cause. Cela semble beaucoup plus tenir à la situation particulière de Chelsea où les buteurs semblent soudain jouer avec des semelles de plomb, comme l'atteste aussi le manque spectaculaire de réussite de Romelu Lukaku l'an passé ou de Joao Felix, Raheem Sterling et Mykhailo Mudryk cette saison. Le plus grand danger pour Nkunku serait d'ailleurs que son arrivée s'accompagne d'espoirs démesurés sur sa capacité à inverser la tendance. Bien que co-meilleur buteur de Bundesliga cette saison, il l'a été avec le plus faible total de l'histoire de la compétition, 16 réalisations.
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Les armes pour briller
En ajoutant ses six passes décisives et ramené à son temps de jeu effectif lors de ses 25 apparitions en championnat, du fait de deux blessures, cela fait une action décisive toutes les 86 minutes, mais Nkunku ne sera pas, seul, l'antidote aux maux bleus. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne peut pas s'y faire une place de choix. Capable de marquer du droit, du gauche, de la tête, de près comme à distance ou sur coups-francs directs, très calme devant le but, avec une aisance technique supérieure à celle de Werner, par exemple, il a les armes pour briller.
Sa très grande adaptabilité à Leipzig, où trois entraîneurs (Jesse Marsch, Domenico Tedesco et Marco Rose) se sont succédé ces deux dernières saisons, alors que ses partenaires en attaque défilaient aussi (Yussuf Poulsen, Andre Silva, Brian Brobbey, Alexander Sorloth et Werner), autorise même un optimisme mesuré. Le dernier signal positif est l'arrivée de Mauricio Pochettino à la tête de l'équipe première. Le savoir-faire de l'Argentin pour aider les joueurs à franchir un cap et réaliser pleinement leur potentiel a déjà été éprouvé à Tottenham avec Harry Kane ou Christian Eriksen.