Il y a Rai le footballeur, le numéro 10 de génie qui, d’un dribble, d’un but, fit soulever toutes les tribunes du Parc des Princes au milieu des années 1990. Et puis, il y a Rai l’humaniste, le citoyen. Et ce qu’il voit en ce moment dans son pays, le Brésil, l’inquiète. Le président en place, Jair Bolsonaro est "coronasceptique", alors qu’un peu moins de 50.000 cas ont été confirmés, pour plus de 3.700 morts.
"C’est triste, c’est terrible de voir le manque de vision, de cohésion", s’émeut Rai au micro Europe 1. "Les politiques ne se rendent pas compte de la gravité du moment et ne pensent qu’à des aspects politiques plus individualistes, à des intérêts qui ne devraient pas avoir lieu dans des moments comme ça."
Rai "étonné deux à trois fois par semaine" par les décisions de Bolsonaro
Le frère cadet de Socrates s’agace devant les décisions prises par le pouvoir en place. "On peut avoir une vision différente, mais quand on voit toutes les organisations globales, l’OMS (Organisation mondiale de santé, ndlr), la science, aller contre ça, c’est triste", s’offusque Rai sur Europe 1. "On avait peur déjà pour certains moments de la politique brésilienne dans ce mandat, et là avec la crise, on est étonné deux à trois fois par semaine par des décisions, des positionnements complètement négatifs, compliqués, qui nous amènent plus de problème".
Dernier épisode en date, la démission du ministre de la Justice Sergio Moro pour "ingérence politique" du président Bolsonaro. Le ministre de la Santé a quant à lui été démis de ses fonctions en pleine crise du coronavirus. "Il faisait du bon boulot, il arrivait à contrôler au début [l’épidémie] avec tous les gouverneurs de l’Etat du Brésil", se désole Rai. "Bolsonaro a eu des attitudes, en allant par exemple dans la rue, il a confondu la population. Ce sont des attitudes qui auront des conséquences. Ce sont des vies qu’on va perdre. C’est triste, mais je crois qu’avec la sortie des ministres de la Santé et de la Justice, la situation va encore plus se compliquer."
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L’association Gol de Letra en soutien des plus démunis
Pas question pour autant de rester les bras croisés pour l’ancien capitaine de la sélection auriverde. Grâce à son association Gol de Letra, créé en 1998 en France, Rai a redirigé ses activités pour aider les populations les moins aisées. "On aide en moyenne 4.500 enfants avec des activités éducatives, des formations pour l’emploi. On touche beaucoup de monde dans des banlieues pauvre de Rio et de Sao Paulo", explique-t-il. "On connait bien leur réalité avec la crise sanitaire un peu partout dans le monde, mais au Brésil particulièrement. Les Brésiliens n'ont pas beaucoup d’assurance, de droits, les aides de l’Etat sont très limitées. Pendant deux à trois mois, on va avoir des difficultés extrêmes".
D’où l’idée d’appeler à la solidarité. "Avec 20 euros, on arrive à payer des paniers de premières nécessités, des produits d’hygiène, des denrée alimentaires", détaille l’ex-joueur du PSG. Avec ces 20 euros, ça peut aider une famille pour un mois. On a besoin de la solidarité des Brésiliens, mais aussi de l’Europe, de pays plus développés." Pour l’heure, déjà plus de 1.000 familles ont pu profiter de ces paniers de première nécessité.