Les spectateurs de la finale de la Coupe Davis se souviendront longtemps de ce week-end de novembre 2017. Dimanche, pour la journée décisive entre la France et la Belgique, le stade Pierre-Mauroy s'est à nouveau embrasé. L'enceinte habituelle des footballeurs du Losc, transformée en court de tennis de gala, a rugi de plaisir pour célébrer le dixième sacre des Français dans la compétition (victoire 3-2), seize ans après le dernier. Mais avant de porter Lucas Pouille, facile vainqueur du cinquième match face à Steve Darcis, vers le Saladier d'argent, l'enceinte de Villeneuve-d'Ascq avait bouillonné pour David Goffin, intraitable face à Jo-Wilfried Tsonga. De l'enfer rouge au paradis bleu en quelques minutes.
Un choc d'abord serré en tribunes… Vendredi, les supporters belges avaient pris le dessus. Samedi, les fans français leur avaient répondu. Dimanche, tout ce petit monde est arrivé surmotivé, en rouge d'un côté, en bleu de l'autre, mais tous réunis avec le même objectif : encourager le plus bruyamment possible son équipe. Avant l'arrivée des gladiateurs David Goffin et Jo-Wilfried Tsonga dans l'arène, le bruit était déjà assourdissant. Des "David, David" puissants se faisaient entendre, immédiatement couverts par des "Allez les Bleus", et vice-versa. Le premier set, serré et extrêmement tendu, n'a pas fait retomber la pression, bien au contraire. Et quand David Goffin a remporté le jeu décisif, le clan belge a explosé.
….mais pas sur le court. Touché mais pas coulé, le public français a continué à encourager sans relâche "Jo". Mais au fur et à mesure que les jeux ont défilé et que Goffin a poursuivi, comme face à Pouille vendredi, son implacable et méthodique entreprise de démolition, ces diables (rouges) de supporters belges ont fait résonner un boucan d'enfer dans Pierre-Mauroy. Les "Allez les Bleus" n'ont jamais cessé, mais rien n'a pu empêcher Goffin et le clan belge d'égaliser à deux partout pour offrir aux 27.500 spectateurs un ultime combat, à la vie à la mort cette fois.
Goffin et l’équipe belge célèbrent l’égalisation à 2-2. Les fans belges sont en délire. Ça s’annonce très très très chaud pou le cinquième match décisif ... #FRABEL#CoupeDavispic.twitter.com/XgJKVqsyvM
— Julien Ricotta (@julienricotta) 26 novembre 2017
Lucas Pouille comme chez lui. La peur et la tension avaient changé de camp, se disait-on. On avait tort. Quelques minutes après cette nette défaite de Tsonga, les supporters tricolores ont immédiatement repris le dessus. Car la nouvelle, qui se murmurait dans les travées, s'est répandue comme une traînée de poudre : Lucas Pouille, le gamin du Nord, allait avoir l'occasion d'offrir le trophée à son pays à quelques kilomètres de chez lui.
À son entrée sur le court, le 18ème mondial est accueilli par des "Lucas, Lucas" assourdissants, et a droit à une intense et sublime Marseillaise improvisée. "J'ai tout donné pour mes proches et pour l'équipe", a assuré le joueur français, interrogé en conférence de presse. Il ne lui restait qu'à convertir tous ces cris d'amour en coups gagnants, ce qu'il a fait au-delà de toutes les espérances.
Le public entonne la Marseillaise juste avant le début du match. Ça sent la poudre, le feu, la folie, la dinguerie ! #FRABEL#CoupeDavispic.twitter.com/yfqmnIxFnz
— Julien Ricotta (@julienricotta) 26 novembre 2017
L'apothéose finale. Sur le court, Lucas Pouille a déroulé le plan rêvé. Intraitable au service, agressif sur tous les points, surpuissant en coup droit, il n'a laissé aucune chance au malheureux Steve Darcis, laminé en trois sets (6-3, 6-1, 6-0). En tribunes, dès le premier break du premier set, l'ambiance a été phénoménale. Le stade Pierre-Mauroy, debout, ne s'est jamais rassis (on exagère à peine). Jeu, set et match, troisième point et Saladier d'argent : le triomphe du Nordiste, chez lui, a été total.
"C'était un beau week-end de Coupe Davis. Le stade, les supporters, l'équipe, c'était fantastique. C'était écrit que Lucas devait gagner chez lui", a résumé Yannick Noah en conférence de presse. Toute l'équipe de France pouvait alors se jeter sur Lucas Pouille, prodige local devenu, en un week-end, un héros national.