Au moins un million de touristes de plus qu'une année ordinaire, soit près de 30% d'augmentation. Tel est l'impact qu'anticipent les autorités russes pour la première Coupe du monde de football jamais organisée par leur pays, qui aura lieu du 14 juin au 15 juillet. Un événement largement anticipé sur tous les aspects, de la sécurité à la circulation des supporters, en passant par la barrière de la langue. Europe 1 fait le point sur les initiatives mises en place par Moscou pour "bichonner" les fans du ballon rond.
Des consignes d'accueil dans chaque ville
Les matches de la Coupe du Monde ne se dérouleront pas uniquement à Moscou ou Saint-Pétersbourg, habituées à l'accueil des touristes, mais dans onze métropoles réparties dans tout le pays. En amont, les autorités y ont prodigué des consignes pour que le séjour des supporters s'y passe le mieux possible. Kazan, la capitale de la république du Tatarstan, à majorité musulmane, revendique ainsi son ambition d'être la "ville la plus accueillante" du Mondial. Depuis plusieurs mois, le personnel des hôtels et restaurants de cette ville de 1,2 million d'habitants reçoit une formation intense pour perfectionner sa pratique du français et de l'anglais : le premier match disputé sur le sol tatar opposera la France à l'Australie, le 16 juin. Pendant toute la durée de la compétition, "les arrêts seront annoncés en anglais dans les transports en commun", a assuré à l'AFP Daria Sannikova, la responsable de l'office du tourisme local.
D'autres municipalités ont choisi de préparer l'arrivée des touristes en recommandant à leurs habitants de… quitter les lieux ! C'est le cas à Kaliningrad, entre la Pologne et la Lituanie. "La ville sera bondée, les déplacements seront difficiles, pratiquement interdits, sauf pour les navettes qui transportent les fans", a prévenu le maire Alexandre Iarochouk sur la radio Komsomolskaïa Pravda Kaliningrad, dès le mois d'octobre. Et d'ajouter, pour ceux qui resteront : "j'appelle tout le monde à être accueillant, gentil, à ne frapper personne. Si vous parlez anglais, aidez les touristes, donnez-leur des conseils, discutez avec eux."
Une police bilingue et accessible
Pour assurer la sécurité des supporters, les autorités russes ont annoncé la création d'une "police touristique" dans tout le pays. "Ces unités seront constituées d'agents du ministère de l'Intérieur qui parlent plusieurs langues", a précisé un porte-parole du ministère de l'Intérieur. "Si nécessaire, une formation supplémentaire leur sera proposée". Le défi : rassurer, et rendre plus accessibles des forces de l'ordre qui ne bénéficient pas vraiment d'une très bonne image auprès de la population locale, ayant la réputation de mener des contrôles d'identités musclés en pleine rue ou d'avoir recours à des tactiques autoritaires lors de manifestations pacifiques.
La police touristique sera déployée autour des stades et fan-zones des onze villes-hôtes dès le 25 mai. Pour garantir la sécurité des supporters, la Russie entend en outre déployer des moyens militaires pour prévenir une éventuelle attaque de drone lors d'un match : des unités chargées du brouillage électronique interviendront aux abords de chaque stade.
Pas de visa, mais un passeport spécifique
D'un point de vue administratif, les supporters munis de billets pour la Coupe du Monde sont dispensés de visa. Ils doivent en revanche se munir d'un "Fan ID", un document simplifié, spécifique à la compétition. Officiellement, le document entend simplifier les déplacements à travers le pays : même si les organisateurs n'ont opté que pour des villes situées dans la partie européenne du pays, 2.500 kilomètres séparent par exemple Kaliningrad, à l'ouest, d'Ekatérinbourg, à l'est - soit l'équivalent de la distance entre Paris et Moscou. Des transports gratuits seront proposés à tous les détenteurs de ces passeports.
Mais dans les faits, comme le relève Franceinfo, l'outil servira autant aux autorités russes qu'aux supporters. En amont, Moscou pourra contrôler l'identité de chacun des fans qui s'apprête à faire le voyage. "Bien sûr, on va savoir qui est au stade et il y aura une coopération avec la police de différents pays, un échange d'informations. Des criminels ne pourront pas entrer au stade", a indiqué Alexei Sorokine, responsable de l'organisation de la compétition, cité par la même source.