Malgré sa défaite contre l'équipe de France mercredi soir (2-0) en demi-finale de la Coupe du monde de football 2022, le Maroc sort de la compétition la tête haute. Une performance qui a permis aux Marocains de conquérir les cœurs de nombreux fans de football.
"Ce n'est surtout pas un hasard", explique Nasser Larguet, un des pères du projet à long terme qui a mené les Lions de l'Atlas dans le dernier carré d'une Coupe du monde, première pour une sélection africaine, vécu non comme un aboutissement mais comme un point de départ. "L'héritage est là", ajoute le promoteur de l'Académie Mohamed VI, lancée en 2009, qui a révolutionné le foot marocain.
Et l'équipe est encore jeune. Parmi les demi-finalistes au Qatar, seul le capitaine Romain Saïss (32 ans), dont la cuisse n'a tenu que 20 minutes, mercredi, et le gardien Yassine Bounou (31 ans) ont passé la trentaine. Tous les autres ont entre 22 ans, comme Ounahi, et 29, comme Sofiane Boufal et Hakim Ziyech, les ailiers qui ont beaucoup permuté et mis Théo Hernandez sur le gril.
"Les jeunes"
"Sa Majesté a mis beaucoup de moyens pour faire progresser le foot marocain, c'est aussi sa réussite", dit Regragui. "L'Afrique et le Maroc progressent, on a enfin compris qu'il fallait se prendre en main, on a montré au monde qu'au Maroc on travaille et on avance", poursuit le sélectionneur.
Cette académie est "une petite pierre à l'édifice", reprend Larguet. "On avait un peu baissé pavillon sur la formation locale. On a montré qu'on est capable de former des joueurs de haut niveau." Accompagné par le président de la Fédération marocaine (FRMF) Fouzi Lekjaa, le projet "repose sur trois piliers: les jeunes, les formateurs et l'élite", résume l'ancien formateur et entraîneur de l'Olympique de Marseille.
"On a décidé de développer le foot à tous les âges au Maroc, garçons et filles", dit-il. "Ils ont des centres dans toutes les régions, aucun pays africain n'a tamisé tout son territoire de cette manière", salue l'entraîneur adjoint du Cameroun, Sébastien Migné, qui a travaillé dans plusieurs pays d'Afrique depuis douze ans.
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"Les binationaux"
Enfin il fallait développer le foot d'élite, "travailler en profondeur avec les centres de formation des clubs professionnels", développe Larguet. Là aussi les résultats arrivent. Le WAC Casablanca, entraîné par... Regragui, a remporté la dernière Ligue des champions d'Afrique, avec notamment les mondialistes Tagnaouti, Yahya Attiat-Allah, entré plein de peps à la pause mercredi, et Achraf Dari.
Ce dernier, qui a depuis signé à Brest, a joué toute la demi-finale, à la place d'Aguerd, blessé et enlevé du onze où il était annoncé une heure avant le match.
Enfin la Fédération a cherché à "fidéliser les binationaux, les Hakimi, détecté à 16 ans, Mazraoui à 18 ans, Amrabat à 19 ans", énumère Larguet, qui est allé lui-même convaincre Achraf Hakimi à Madrid, alors qu'il pouvait jouer pour l'Espagne. Des joueurs formés localement et des stars nées à l'étranger : "le foot est un puzzle", résume le formateur, ajoutant que "Walid Regragui est le ciment et le guide de cette équipe", qui a eu des occasions d'égaliser contre les Bleus, avec une frappe d'Azzedine Ounahi (10e) ou un retourné de Jawad el-Yamiq (44e).