L'Equipe journal grève 2:11
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Charles Decant et Louise Bernard
Pour le cinquième jour consécutif, le journal "L'Équipe" ne paraît pas en raison d'une grève d'une majeure partie de ses salariés. Alors que la direction estime qu'un plan social doit permettre de sauver le groupe à moyen terme, les grévistes insistent sur la profitabilité du groupe, malgré un contexte de pandémie.

La crise s’enlise au sein du groupe L'Équipe : cela fait cinq jours, ce mercredi, que le quotidien sportif ne paraît pas dans les kiosques ni en version numérique. Et le dialogue entre la direction et les salariés semble très compliqué. Au coeur de ces tensions entre les deux parties figure un plan social qui prévoit la suppression de 50 postes et la création de 15 nouveaux, ce qui mène à la perte nette de 35 emplois au sein du groupe. "Avec ce nouveau plan, on nous demande encore une fois de tailler dans les effectifs", déplore au micro d'Europe 1 Denis Perez, délégué syndical SNJ-CGT. 

Plus d'abonnés à recruter

"On nous demande en même temps de relancer le titre, de gagner des abonnés tout en traitant moins de sports et moins de clubs, même en foot et en rugby", poursuit le responsable syndical. "La polarisation OM-PSG-Lyon, rejetée par beaucoup de nos fans, risque d'empirer."

Aujourd'hui, après une année très perturbée sur le plan sportif avec la crise du coronavirus, qui continue de chambouler l'agenda, "les salariés sont au bout du rouleau", assure Denis Perez. "Ils ont tout donné, notamment pendant le confinement, pour essayer de maintenir L'Equipe à flot. Avec succès, puisque les pertes vont être très modérées. À la sortie, on leur dit 'écoutez, tant pis, pour maintenir notre compétitivité, nous allons supprimer une soixantaine de postes et vous allez évidemment devoir faire encore plus de choses et gagner des abonnés malgré tout ça'."

Crise structurelle ou activité profitable ?

De son côté, la direction assure que la survie du groupe à moyen terme est menacée. Le confinement a accéléré une crise structurelle, celle de la baisse des ventes du quotidien papier. Le groupe se donnait deux ans pour booster considérablement son offre numérique afin de compenser cette baisse, mais il a été pris de court.

" Ça a été beaucoup moins compliqué que ce qu'avait essayé de nous faire croire le patron au sortir du confinement "

Aujourd’hui, la direction avance des pertes prévisionnelles de 6 millions d’euros pour 2021 et jusqu’à 10 millions pour 2023 et 2024. Et ce, alors que l’actionnaire a absorbé la facture liée au Covid-19 et à la faillite de Presstalis. Mais ce tableau très sombre ne convainc pas les syndicats. "L'Équipe appartient au groupe Amaury. C'est un groupe qui a encore gagné de l'argent en 2020, malgré la pandémie. La société qui édite L'Equipe a eu un résultat opérationnel positif en 2019, en 2018 et en 2017. Cela veut dire que son activité est profitable. Évidemment, ça a été un peu plus compliqué en 2020. Ça a été beaucoup moins compliqué que ce qu'avait essayé de nous faire croire le patron, Jean-Louis Pelé, au sortir du confinement. On va perdre quelques millions d'euros, certes, mais ça paraît quand même un moindre mal par rapport à tout ce qui s'est passé l'année dernière. Souvenez-vous notamment du premier confinement de l'arrêt total du sport."