Alors que Sébastien Loeb a remporté lundi la deuxième étape de la course du Dakar en Arabie Saoudite, c'est un autre pilote français qui retient l'attention. Philippe Bourlon a été gravement blessé avant le départ dans ce qui ressemble à un attentat. Et pourtant, l'épreuve continue, ce qui ne va pas redorer son image, estime l'éditorialiste Virginie Phulpin dans Europe Matin mardi.
Le parquet antiterroriste ouvre une enquête
Des incidents graves, il y en a eu souvent dans l’histoire du Dakar. Le rallye auto-moto n’est pas un exercice sans risque. Mais on parle ici d’une suspicion d’attentat, ce qui n’est pas exactement la même chose qu’un accident. Le pilote Philippe Boutron a été grièvement blessé aux jambes lors de l’explosion du véhicule dans lequel il se trouvait avec cinq autres personnes avant le départ, dans la ville de Djeddah. Il a été opéré à plusieurs reprises, et aujourd’hui il est de retour en France, à l’hôpital militaire de Clamart.
Une enquête est en cours, de la part de la direction de la course et de la part des autorités saoudiennes. Mardi soir, le parquet national antiterroriste a également ouvert une enquête pour tentative d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste. Tous les témoignages recueillis montrent bien qu’on soupçonne un attentat. Il y a de forts soupçons, avec un engin explosif placé sous le châssis du 4X4. Et pourtant, le rallye suit son cours comme si de rien n’était. Une situation qui interpelle.
La France et les Français peuvent être des cibles en Arabie Saoudite. Il y a eu des exemples récents d’attaques, comme il y a un peu plus d’un an dans cette même ville de Djeddah quand une attaque à l’engin explosif avait été perpétrée lors d’une cérémonie organisée par le consul général de France. Alors qui peut dire aujourd’hui que ça ne peut pas se reproduire pendant la course ? Personne.
L'image du Dakar une nouvelle fois dégradée
Le rallye raid n’avait pas besoin de cela. Depuis qu’il a quitté l’Afrique, le Dakar passionne moins les foules, c’est le moins qu’on puisse dire, même s’il a conquis un nouveau public lors de ses années en Amérique latine de 2009 à 2019. Aujourd’hui, le fait qu’il se déroule en Arabie Saoudite fait grincer quelques dents depuis deux ans déjà.
Derrière les paysages de carte postale, il y a un régime autoritaire et peu respectueux des droits humains. L'ASO, l’organisateur, a-t-il vraiment le choix ? Non. Peu de pays sont prêts en ce moment à accueillir un rallye de cette ampleur. Peu de pays ont un terrain propice à une telle course également. Et après deux ans de pandémie, ASO a besoin financièrement de faire vivre ses épreuves.
Tout cela, l’Arabie Saoudite est une des rares à pouvoir l’offrir. A quel prix ? Là, avec cette explosion, ces soupçons d’attentat, et le silence qui entoure le drame, on a peut-être passé les bornes. Surtout que si le Dakar a quitté l’Afrique, c’est justement parce qu’à cause de la présence de groupes terroristes, les régions traversées n’étaient plus assez sûres pour les pilotes.