Il y a, avec cette équipe de France, un sentiment souvent ambivalent. La victoire contre la Croatie (4-2), mardi soir en Ligue des nations, en a apporté une nouvelle fois la preuve. Complètement dépassés pendant trente minutes, collectivement sans idées pendant une bonne partie de la rencontre, les Bleus s’en sont une nouvelle fois remis à leurs individualités - et à l’incroyable réservoir de jeunes talents - pour enchaîner un deuxième succès de suite, après celui obtenu en Suède samedi soir (1-0). Une recette quasi-inchangée qui continue de payer.
Dans le jeu : la victoire en souffrant (et avec de la chance)
Deux victoires et la première place du groupe de Ligue des nations (à égalité avec le Portugal) : pour les Bleus, tous les voyants sont au vert. Du moins sur le plan des résultats, car pour la note artistique, on repassera. La terne victoire en Suède (1-0), samedi soir, n’avait assurément pas contenté les amateurs de beau jeu. "On ne peut pas dire que l’on a fait un match brillant, sérieux, appliqué", avait reconnu Didier Deschamps après la rencontre.
Mardi soir, les Bleus ont même été nettement dominés par la Croatie pendant une bonne partie de la première période, puis en début de seconde. Les champions du monde ont pourtant réussi à renverser la situation pour mener miraculeusement 2-1 à la pause, et c’était "bien payé", de l’aveu même de DD. Très bien payé.
Et quand on y ajoute un soupçon de réussite, avec un but contre son camp du gardien croate et un penalty généreux sifflé sur une main adverse, au point de finir par gagner sur le même score que lors de la dernière finale de la Coupe du monde (4-2), on se dit qu’il ne peut pas arriver grand-chose à ces Bleus-là...
Les individualités : Mbappé, puis Griezmann et Martial, les sauveurs
Si l’équipe de France est championne du monde et qu’elle est capable de gagner même sans forcément jouer très bien, elle le doit avant tout à ses individualités. Samedi soir, Kylian Mbappé avait sauvé la triste nuit bleue d’un éclair de génie (avec un soupçon de réussite), pour inscrire l’unique but en Suède.
Sans "Kyky", forfait après avoir testé positif au coronavirus, les Bleus s’en sont remis à Antoine Griezmann et à Anthony Martial contre la Croatie. "Grizi" a d’abord égalisé au terme d’une action collective magnifique (1-1), avant de délivrer une passe décisive sur corner pour Dayot Upamecano (3-2). Martial, lui, a d’abord offert un caviar à Griezmann, avant d’être décisif sur le but contre son camp du gardien croate (2-1). Après deux ans d’absence en sélection, l’attaquant de Manchester United a assurément marqué des points et prouvé que les Bleus possèdent de sacrés talents.
La jeunesse : Upamecano et Camavinga, deux diamants de plus
Les deux rencontres contre la Suède et la Croatie ont également démontré l’incroyable réservoir de jeunes joueurs à disposition de Didier Deschamps. Dayot Upamecano, le défenseur central de Leipzig (21 ans), a été convaincant pour ses deux premières sélections (malgré quelques difficultés) et a même inscrit son premier but, d’une tête rageuse. La liste des centraux de très haut niveau s’allonge d’un nouveau nom et donne le vertige : Lenglet (FC Barcelone), Hernandez (Bayern Munich), Varane (Real Madrid), Kimpembe (PSG), Aymeric Laporte (Manchester city) et désormais Upamecano.
Et que dire du prodige Eduardo Camavinga, phénomène de précocité qui a fêté sa première sélection contre la Croatie à l’âge de… 17 ans et 9 mois. Le milieu de terrain rennais, excellent après son entrée en jeu à la 63e minute, est même devenu le plus jeune joueur à porter le maillot de l’équipe de France depuis 100 ans. Chez les Bleus, le futur, c’est déjà maintenant.