Didier Quillot, le directeur général de la Ligue de football professionnel (LFP), est presque devenu un habitué des lieux. Après une première édition l’an passé, le Trophée des champions, qui oppose à chaque début de saison le champion sortant au vainqueur de la Coupe de France, revient à Shenzhen, dans le sud de la Chine. La LFP, qui avait posé les premiers jalons de son développement dans le pays, il y a deux saisons, avec l’ouverture du premier bureau de la LFP, commence à récolter les fruits de son travail.
"La Chine est un pays stratégique pour le développement international de la Ligue 1", explique au micro d'Europe 1 Didier Quillot. "On a intensifié notre présence sur les réseaux sociaux, on a signé un partenariat avec CCTV (l’équivalent de France Télévisions, en Chine, ndlr) qui a un bassin d’un milliard d’habitants. Il y a deux matches de Ligue 1 diffusés en direct chaque week-end. Résultat, les audiences ont augmenté. "On est la 3ème Ligue européenne en termes d’audience derrière la Premier League et la Liga. Les choses progressent plutôt bien, les indicateurs sont orientés à la hausse en termes d’audience et en matière de revenus de nos droits en Chine."
Cent millions de téléspectateurs en audience cumulée
Grâce notamment au PSG et ses stars - "notre locomotive, notre tête de gondole en Chine", admet Didier Quillot -, les matches de notre championnat national ont été regardés par près de 100 millions de téléspectateurs sur CCTV l’an passé en audience cumulée.
"C’est évidemment petit à l’échelle du pays (qui compte 1,4 milliard d'habitants, ndlr), mais c’est un chiffre supérieur à ce que font Canal+ et BeIn Sports en France. On a des indicateurs qui vont dans le bon sens. Il faut qu’on rattrape notre retard sur les autres ligues européennes," ajoute le directeur général de la LFP à Europe 1. "Et à partir de l’an prochain, il y aura tous les week-ends un match le dimanche à 13 heures. Le test, il y a deux saisons (Nice-PSG), avait connu un grand succès d’audience. On va installer une habitude, une récurrence, pour que cette case devienne référente pour le marché chinois."
Cap sur les États-Unis en 2020
Désormais, la Ligue de football professionnel veut continuer son expansion à l’internationale de l’autre côté de l’Atlantique. "J’ai envie de proposer une grande tournée aux États-Unis, en couplant deux événements : la EA Ligue 1 Games (la première édition s’est tenue en juillet dernier à Washington, ndlr) et le Trophée des champions. Cela permettrait d’intensifier la présence de la Ligue 1 aux États-Unis, fin juillet, début août. "Rien n’est encore décidé, il faut faire la synthèse", tempère toutefois Didier Quillot, conscient qu’il y a encore beaucoup à faire. Pour sa première édition, le tournoi à Washington s’est joué dans des stades quasiment vides.
Mais la Ligue veut semble-t-il persévérer, consciente que le pays de l’oncle Sam est essentiel au développement économique et marketing du football français. "On a deux priorités géographiques dans le plan de développement de la Ligue 1 à l’internationale : la Chine et les États-Unis. Ce sont deux pays amateurs de football. En Chine, c’est même une priorité nationale, le président veut accueillir la Coupe du monde en 2030. Aux États-Unis, ils sont fans de soccer, surtout féminin, mais ça doit contribuer à rendre plus populaire le foot masculin et il y aura le Mondial en 2026. Les planètes sont donc alignées. C’est à nous, Ligue 1, d’être les meilleurs par rapport à nos concurrents espagnol, italien, anglais. C’est un long travail, les Anglais ont commencé il y a 20 ans, nous cela fait trois ans, il y a donc beaucoup à faire."
Et avant d’attirer durablement les supporters américains ou chinois, on n’oublie pas à la Ligue une condition sine qua non : la performance sportive. "Il faut aussi que nos clubs performent en Coupe d’Europe, c’est ce qui est le moteur de la notoriété dans les contrées un peu lointaines", conclut le directeur général de la LFP.
Professionnalisation du foot féminin : le "oui, mais" de Didier Quillot
Cela n’a pas échappé à Didier Quillot, la Coupe du monde féminine en France a rencontré un franc succès populaire et d’audience. Ce dernier est prêt à aider au développement du foot féminin français.
"La LFP a déjà donné de l’argent au foot féminin, il y a deux ans, sur les bénéfices que nous avions avec la FFF sur la Coupe du monde 2018 (environ 100 000 euros par club, ndlr). On va maintenant travailler plus étroitement avec la FFF. On en a parlé avec Noël Le Graët, à sa demande. Rien n‘a été décidé à ce stade, mais il y a des discussions pour voir comment la Ligue 1 peut aider le football féminin. Il y a une volonté commune d’aider les sections féminines à grandir plus vite comme l’Espagne et l’Angleterre l’ont fait, on doit le faire aussi. Pour autant, je pense que le marché du football féminin est un marché en démarrage. Je ne suis pas certain qu’il y ait un marché, au sens économique du terme, suffisant pour professionnaliser l’ensemble de la Division 1 féminine. En tout cas, il y a une volonté commune de la Fédé et de la Ligue 1 d’aider le football féminin à grandir plus vite."