L'édition 2023 de Roland-Garros, dont Europe 1 est la radio officielle, s'annonce pleine de surprises. Sans Rafael Nadal, le tenant du titre qui a déclaré forfait il y a dix jours, tous les espoirs sont permis. Côté Français, seuls Lucas Pouille et Fiona Ferro ont réussi à se hisser dans les tableaux principaux. Une autre Française sera aussi particulièrement surveillée : Caroline Garcia. À la cinquième place au classement mondiale, elle est la seule représentante du contingent français, femmes et hommes confondus, à être tête de série dans les tableaux de simple. Mais tous les regards vont probablement converger vers les deux stars du tennis : Carlos Alcaraz et Novak Djokovic.
"On est entre une ancienne génération qui tient encore et des jeunes qui poussent vraiment très fort. Donc j'ai hâte de voir ce que ça va donner", a confié au micro d'Europe 1 Amélie Mauresmo, directrice de Roland-Garros et ancienne numéro 1 mondiale de tennis. Concernant le forfait de Nadal, la directrice n'a pas caché sa tristesse "parce que son histoire est complètement liée à celle du tournoi", explique-t-elle. "Il a participé à chaque édition depuis 2005 et cette année, c'est la première fois où il ne sera pas ici à la Porte d'Auteuil. Je n'ai qu'une envie pour lui, c'est qu'il puisse revenir l'année prochaine et faire un adieux digne de son nom et digne de ce qu'il a vécu ici."
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Lucas Pouille au 2e tour d'un Majeur, pour la première fois en près de quatre ans
Lucas Pouille s'est qualifié dimanche pour le deuxième tour de Roland-Garros en battant l'Autrichien Jurij Rodionov (134e mondial) 6-2, 6-4, 6-3, une performance qu'il n'avait plus accomplie depuis près de quatre ans dans un tournoi du Grand Chelem, à l'US Open 2019.
Alors qu'à 29 ans il tente de retrouver son meilleur niveau après des années noires (blessures et dépression) qui l'ont vu plonger dans les profondeurs du classement (675e actuellement alors qu'il a été N.10), il s'est débarrassé de Rodionov (134e)... pour la seconde fois en trois jours. Après l'avoir affronté et battu au troisième et dernier tour des qualifications jeudi, il l'a une nouvelle fois battu dimanche au premier tour du tableau principal, l'Autrichien ayant été repêché.
Pouille tentera donc de se hisser au troisième tour, un stade qu'il n'a plus atteint en Majeur depuis Wimbledon 2019, année où il avait joué la demi-finale en Australie. Pour cela, il affrontera mercredi son compatriote Benoît Paire (149e et bénéficiaire d'une invitation) ou le Britannique Cameron Norrie (13e).
Leolia Jeanjean bat Kimberly Birrell, 1re victoire française
Leolia Jeanjean est venue à bout de l'Australienne Kimberly Birrell 6-4, 6-7 (8/6), 6-3 après 3h10 de combat dimanche lors de la journée d'ouverture de Roland-Garros, signant la première victoire française de cette édition. Ce n'est qu'au bout de sa septième balle de match que la Montpelliéraine de 27 ans a mis un terme à ce match très disputé entre deux joueuses qui bénéficiaient d'une invitation.
Sur l'ocre du court 14, la 124e joueuse au classement WTA aurait pu boucler cette rencontre bien plus tôt, se procurant cinq balles de match dans la deuxième manche à 5-4 d'abord, puis dans le tie-break, où elle menait 6-2 avant de s'effondrer, effectuant notamment plusieurs montés au filet mal senties. Birrell, 110e mondiale, a alors saisi l'occasion pour enlever le deuxième set au tie break, puis a même breaké dès le début de la troisième manche. Les joueuses ont alors successivement échoué à remporter leur mise en jeu.
Jeanjean, qui avait effectué un joli parcours l'an dernier Porte d'Auteuil, a finalement pris l'avantage pour convertir sa septième balle de match. Elle affrontera au tour suivant la gagnante du match entre la Russe Elina Avanesyan et la Suisse Belinda Bencic (N.12).
Alizé Cornet perd d'entrée pour sa 19e participation
Alizé Cornet, qui participait à son 19e Roland-Garros depuis 2005, n'a pu surmonter le premier obstacle dimanche, battue 6-3, 6-4 par l'Italienne Camila Giorgi (37e mondiale). La Française de 33 ans a atteint deux fois les huitièmes de finale à Paris, en 2015 et 2017. Mais depuis, elle a perdu trois fois au premier tour (2019, 2021, 2023).
C'est donc Giorgi qui affrontera au deuxième tour l'Américaine Jessica Pegula (3e) ou sa compatriote américaine Danielle Collins (46e). Cornet, qui détient le record du nombre de tournois du Grand Chelem joués d'affilée (65 depuis l'Australie 2007, Wimbledon 2020 ayant été annulé pour cause de Covid), s'était hissée pour la première fois -et la seule à ce jour- en quarts de finale en Australie en 2022.
Tsitsipas a eu chaud mais passe au deuxième tour
Stefanos Tsitsipas, 5e mondial, s'est qualifié dimanche pour le deuxième tour de Roland-Garros mais il a eu chaud face au revenant tchèque Jiri Vesely (455e) qu'il a finalement écarté 7-5, 6-3, 4-6, 7-6 (9/7). "Cela a été assez stressant. Mais je me suis dit : aucune chance qu'on aille au cinquième set", a admis le Grec de 24 ans qui a dû sauver quatre balles de set dans le tie break de la quatrième manche avant de conclure sur sa première balle de match.
"Je ne vais pas mentir, il m'a donné beaucoup de difficultés. Cette victoire est très importante pour moi", a-t-il ajouté. Le finaliste de l'édition 2021, qui fait partie des principaux outsiders d'un tournoi privé de Rafael Nadal, affrontera au prochain tour l'Espagnol Roberto Carballes (57e) ou l'Américain Emilio Nava (242e et issu des qualifications). Face à Vesely, qui était encore classé 66e en août dernier mais qui a chuté au classement en raison d'une blessure aux ischio-jambiers, Tsitsipas a été accroché dans le premier set où il a été breaké pour être mené 3-1.
Le Tchèque de 29 ans, qui n'a plus joué sur le circuit principal depuis l'US Open l'an dernier et n'a joué que deux tournois Challenger depuis son retour en compétition le mois dernier, a servi pour le gain du set à 5-4, mais Tsitsipas a enchaîné trois jeux, dont deux breaks, pour remporter la manche. Il a ensuite dominé la deuxième manche mais a concédé le seul break dans la troisième pour permettre à Vesely de reprendre espoir. Ce dernier a ensuite tenu tête au Grec dans la quatrième manche et s'est procuré quatre balles de set dans le tie break dont trois consécutives à 6/3, mais sans parvenir à en concrétiser aucune.
Lestienne trop court physiquement contre Khachanov après avoir mené deux sets à zéro
Le Français Constant Lestienne (70e), en tête deux sets à zéro face au N.11 mondial Karen Khachanov au premier tour de Roland-Garros, a fini par accuser le coup physiquement et s'est finalement incliné 3-6, 1-6, 6-2, 6-1, 6-3 après plus de trois heures et demie de jeu. Pendant deux sets, le trentenaire français au jeu atypique, qui multiplie les variations d'effet et de trajectoire, a déboussolé le puncheur russe, demi-finaliste des deux derniers Grand Chelem (US Open et Australie).
Mais Lestienne, blessé à un mollet en avril à Munich, n'a pas tenu le choc physiquement, se plaignant visiblement de ses deux mollets serrés dans des chaussettes de contention et massés en fin de troisième manche. Dans le set décisif, il a bien effacé un break d'entrée, puis égalisé à 3 jeux partout après avoir écarté trois balles de break d'affilée, mais Khachanov a fini par avoir le dernier mot. "Je jouais contre lui, le public, moi-même, contre tout le monde, a commenté le Russe de 27 ans. Ça a été un match difficile mentalement et physiquement."
À 31 ans, Lestienne vivait son tout premier match dans le tableau principal de Roland-Garros, lui qui s'est fait une place sur le tard dans le top 100 l'été dernier, à trente ans passés, à la faveur d'une série gagnante en Challengers, la deuxième division du tennis mondial, avec des victoires à Malaga, Pozoblanco et Vancouver, plus une finale à Ségovie en l'espace de deux mois. Il arrivait Porte d'Auteuil sans la moindre victoire sur terre battue en 2023, et même sans le moindre succès (hors qualifications) depuis le premier tour de l'Open d'Australie en janvier.
Au deuxième tour, Khachanov affrontera le Moldave issu des qualifications Radu Albot.
L'Ukrainienne Kostyuk refuse de serrer la main à la Bélarusse Sabalenka
L'Ukrainienne Marta Kostyuk a refusé dimanche de serrer la main à la Bélarusse Aryna Sabalenka après sa défaite 6-3, 6-2 dimanche au premier tour de Roland-Garros. Originaire de Kiev, Kostyuk juge les instances du tennis trop accommodantes avec les joueurs russes et bélarusses dans les mesures prises en réponse à l'invasion de son pays par les troupes de Moscou en février 2022. Elle avait déjà choisi de ne pas saluer une autre Bélarusse, Victoria Azarenka, préférant toucher la raquette de son adversaire avec la sienne lors du dernier US Open.
Elle a cette fois décidé de ne pas saluer Sabalenka du tout, s'attirant les huées du public à ce moment, puis en sortant du court. La Bélarusse a alors pensé dans un premier temps qu'elle était la cible du public, effectuant une révérence ironique face aux tribunes. "Excusez-moi, j'ai cru au début que la bronca était pour moi", a-t-elle ensuite expliqué lors de l'interview après le match, sur le court. "J'étais un peu surprise, mais après j'ai ressenti votre soutien. Donc merci beaucoup, c'est très important. C'était un match très dur au niveau émotionnel".
"Peu importe si elle me déteste", avait dit avant la rencontre Sabalenka, N.2 mondiale qui était interrogée à ce sujet. "Concernant l'absence de poignée de main, je peux le comprendre", avait-elle ajouté. Parmi les favorites du tournoi, Sabalenka a dominé cette rencontre qui dépassait les enjeux du tennis. D'abord bousculée par l'Ukrainienne de 20 ans, la Bélarusse, victorieuse de l'Open d'Australie en début d'année, s'est libérée après avoir été breaké (3-2), remportant les trois jeux suivant pour boucler la première manche. Plus offensive que son adversaire, la joueuse de 25 ans a pris l'avantage dans ce match grâce à la puissance qui la caractérise.
Acculée lorsqu'elle servait, Kostyuk, 39e mondiale, a concédé deux breaks dans le deuxième set alors que Sabalenka a été solide, effaçant deux balles de break pour finalement conclure la deuxième manche 6-2, et le match en 1h11. La Bélarusse n'a jamais encore passé le troisième tour de Roland-Garros en cinq participations dans le tableau principal.
Sans Nadal, voie libre pour les favoris
Carlos Alcaraz, numéro 1 mondial, est promis à un grand avenir et il le sait. "Même si Rafael Nadal avait été là, je ne me serais pas donné moins de chances de gagner", affirme-t-il. "Je dirais que je suis plus mature que l'année dernière, mentalement je suis meilleur, et je lis mieux ce qui se passe sur le court", prévient le joueur de 20 ans qui a tout pour devenir l'héritier de Nadal.
Mais il ne faut pas oublier le "vieux" Djokovic (36 ans) qui, après avoir égalé en Australie le record de 22 titres en Majeurs de Nadal, a bien l'intention d'en ajouter un 23e sur les terres-mêmes de l'Espagnol.
Même s'il "n'est pas en très grande forme physique, il est exceptionnel en Grand Chelem", rappelle pour l'AFP le coach Patrick Mouratoglou qui sera dans le box d'Holger Rune. De tous les joueurs du plateau, "Djokovic est celui qui gagne le plus de Grands Chelems chaque année", insiste Mouratoglou. Le sort a voulu que s'ils devaient se retrouver face à face ce serait en demi-finales, le Serbe étant descendu cette semaine au troisième rang mondial.
Les empêcheurs de gagner en rond
De l'inattendu -sur terre battue- Daniil Medvedev (2e) à celui qu'on attend au plus haut niveau Jannik Sinner (8e), ils sont six à s'aligner sinon comme vainqueurs potentiels, au moins comme épouvantails. "J'ai accumulé beaucoup de confiance, je vais essayer de transférer cela dans le tournoi", prévient Medvedev tout juste vainqueur la semaine dernière à Rome de son premier titre sur une terre battue qu'il exécrait jusque-là.
Dans sa moitié de tableau, il aura pour principaux adversaires Holger Rune (6e), le Danois aux dents longues qu'il a battu en finale à Rome et qu'il pourrait retrouver en demies à Paris. Avant ça, il aura dû écarter Sinner en quarts et Rune aura dû se débarrasser de son rival scandinave Casper Ruud (5e), finaliste l'an dernier.
Dans le haut du tableau, Djokovic et Alcaraz trouveront nombre d'écueils sur leur route. Parmi eux, Stefanos Tsitsipas (4e) semble promis à l'Espagnol en quarts. "Il n'y aura pas d'adversaire facile. Certains n'aiment pas la terre autant que moi, et certains se sont améliorés sur cette surface, comme Daniil Medvedev et Andrey Rublev", analyse le Grec qui se dit néanmoins prêt. "Mon potentiel est grand et je le ressens", prévient le finaliste 2021 (il a mené deux sets à zéro en finale face à Djokovic). De son côté, Djokovic pourrait affronter en quarts Rublev (7e), vainqueur du Masters 1000 de Monte-Carlo en avril.
Un Big 3 féminin
La Polonaise Iga Swiatek (N.1 mondiale), la Bélarusse Aryna Sabalenka (N.2) et la Kazakhe Elena Rybakina (N.4) se sont affirmées comme les reines du circuit depuis quelques mois. Sur ses cinq défaites de la saison, Swiatek en doit quatre à ses deux rivales.
Elles se partagent notamment les quatre derniers tournois du Grand Chelem: Swiatek a gagné à Roland-Garros et à l'US Open l'an dernier, Rybakina s'est imposée à Wimbledon 2022 et a perdu en finale de l'Open d'Australie en janvier face à Sabalenka. Elles arrivent à Paris en ayant remporté à elles trois sept tournois depuis le début de l'année, dont les principaux et les derniers joués sur terre battue : Sabalenka à Adélaide et l'Open d'Australie (dur) et à Madrid (terre), Swiatek à Doha (dur) et Stuttgart (terre), Rybakina à Indian Wells (dur) et Rome (terre).
En outre, la place de numéro 1 mondiale est en jeu entre Sabalenka et Swiatek qui ne pourront s'affronter qu'en finale. La Bélarusse est-elle prête à monter sur le trône ? "Je crois que oui, affirme-t-elle. J'ai beaucoup progressé et j'ai tout pour être N.1, mais je ne veux pas me concentrer sur ça, je veux juste me concentrer sur mon jeu." Rybakina aura son rôle à jouer puisqu'elle se trouvera vraisemblablement sur la route de la Polonaise.