Le directeur général du Tour de France, Christian Prudhomme et l'ancien champion cycliste Raymond Poulidor, lors de la présentation officielle de la Grande Boucle 2019, le 25 octobre 2018 4:30
  • Copié
Cédric Chasseur , modifié à
Invité du journal de la mi-journée sur Europe 1, le patron du Tour de France Christian Prudhomme a évoqué "sa grande tristesse" à l'annonce du décès de Raymond Poulidor. Comme un paradoxe, le 9 juillet prochain, la Grande Boucle passera dans son village de Saint-Léonard-de-Noblat.
INTERVIEW

Christian Prudhomme s'était préparé à la disparition de Raymond Poulidor. L'une des filles du grand champion cycliste, Isabelle, l'avait appelé samedi matin. "Elle m'avait laissé entendre qu'il n'y avait plus d'espoir, que c'était une question de jours", raconte sur Europe 1 le patron du Tour de France, qui ressent "une grande tristesse" après l'annonce de la disparition mercredi de "l’éternel second" de la Grande Boucle, à l'age de 83 ans. Poupou était "un monument du Tour de France, du cyclisme, du sport", selon Christian Prudhomme. "On parle de Poulidor de la politique, même de Poulidor du Goncourt. Son nom est passé dans la vie courante."

Des pancartes "Poupou reviens !"

Celui qui avait tout connu sur le Tour de France, "sauf le Maillot jaune", précise Christian Prudhomme, se souvient de l'incroyable cote de popularité dont bénéficiait encore Raymond Poulidor. Lors du dernier Tour de France, alors que le cycliste a arrêté sa carrière professionnel en 1977, "il y avait encore des pancartes 'Allez Poupou !', 'Poupou reviens !'" raconte le directeur de la Grande Boucle, qui explique cette incroyable longévité "à ses victoires, au fait qu'il n'ait jamais eu le Maillot jaune bien sûr, mais aussi à sa bonhomie". "Tous les ans, il y avait un livre au moins sur Raymond Poulidor qui sortait, et il le signait en regardant les gens dans les yeux, en leur parlant, en ayant un mot pour chacun", se remémore Christian Prudhomme. 

Éternel malchanceux sur le Tour

Recordman des podiums sur le Tour de France (huit), Raymond Poulidor a connu son lot de malchance sur la Grande Boucle. Comme en ce jour de 1968, alors que la victoire finale semble plus que jamais à sa portée. "Entre la génération Anquetil et la génération Merckx, on se dit qu’il va réussir à gagner, et il est fauché par une moto qui l’envoi par terre", raconte Christian Prudhomme. "Il a le nez cassé et le lendemain il ne repart pas, c’est le destin." Un parcours hors du commun qui a fait la renommé de Raymond Poulidor. "En le regardant, chacun peut se replonger dans sa propre vie", estime Christian Prudhomme. "Il y a des moments qui sont beaux, qui sont forts, et d’autres qui sont beaucoup plus tristes."

Adversaire des plus grands champions, Raymond Poulidor gardait malgré tout un œil rieur sur sa carrière. L'ancien journaliste reconnaît avoir découvert qu'il avait "beaucoup d'humour" en le côtoyant. Raymond Poulidor avait encore fait un tabac lors de la présentation du Tour de France 2019 au Palais des Congres de Paris. "C’était le centenaire du Maillot jaune. Eddy Merckx, Bernard Hinault et Miguel Indurain, qui ont chacun gagné cinq tours de France étaient là", se souvient Christian Prudhomme. "Raymond avait pris la parole et a dit 'à nous quatre, on a gagné quinze tours de France'. Chacun avait ri et il avait fait se lever la salle. Il avait ça en lui."

Clin d’œil du destin, le Tour de France rendra hommage à Raymond Poulidor l'an prochain, à l'occasion de la 12ème étape qui reliera le 9 juillet Chauvigny à Sarran. Le peloton traversera alors la localité de Saint-Léonard-de-Noblat, où vivait l'ancien cycliste.

"Je me disais qu'il fallait que l'on s'organise pour qu'on puisse être ensemble chez lui", raconte Christian Prudhomme. "Il ne sera pas là. Il nous manquera." Le patron du Tour de France promet déjà "énormément d’émotion ce jour-là". "J’imagine bien que les pancartes fleuriront pour lui."