C'est le débat qui avait animé la semaine des tricolores. Qui, en l'absence d'Olivier Giroud, allait accompagner Antoine Griezmann sur le front de l'attaque des Bleus, vendredi soir contre la Bulgarie ? André-Pierre Gignac, héros malheureux de la finale de l'Euro, avait la légitimité. Nabil Fekir, de retour dans le groupe après une longue indisponiblité, a le talent. Mais Didier Deschamps, comme c'était attendu finalement, a opté pour la complémentarité en titularisant Kevin Gameiro, lequel a rejoint Griezmann à l'Atlético lors du dernier mercato. Logique sur le papier, ce choix n'allait pas forcément de soi. Pourquoi ? Parce que Gameiro a connu une histoire contrariée avec les Bleus et qu'il n'avait plus été titulaire en sélection depuis près de cinq ans. Il a fallu bien moins de temps pour se rendre compte que le sélectionneur avait fait le bon choix.
Gameiro égalise pour les Bleus :
Gameiro de la tête, Griezmann du pied gauche. Passé un premier quart d'heure marqué par le penalty bulgare, Gameiro a en effet été celui qui a réveillé les Bleus. Sur un centre de Bacary Sagna depuis son côté droit, l'ancien joueur du Séville FC est allé placer une tête plongeante, et gagnante, digne des plus grands avant-centres (1-1, 23e). Face à une défense bulgare rapidement aux abois, Griezmann a imité son partenaire moins d'un quart d'heure plus tard (3-1, 38e). Profitant d'une énorme erreur de relance, "Grizou" a placé un tir à ras de terre hors de portée du gardien Vladislav Stoyanov, qui avait causé bien des soucis à Cristiano Ronaldo en mars dernier en amical (victoire face au Portugal 1-0) mais qui avait aussi encaissé trois buts lors de la courte victoire face au Luxembourg le mois dernier (4-3)…
Griezmann inscrit le but du 3-1 d'un tir à ras de terre :
Bilan : trois buts, une passe décisive. Avec deux buts au compteur, l'association Griezmann-Gameiro était déjà une réussite. Mais il manquait encore un but 100% "GG", avec une passe de l'un pour l'autre. Griezmann avait déjà cherché à alerter son partenaire en première période, sans succès (14e). Il a fallu attendre la deuxième période. Après un splendide travail sur le côté gauche du latéral parisien Layvin Kurzawa, Griezmann a hérité du cuir près de la ligne de sortie de but avant de centrer pour Gameiro, lequel ne s'est pas fait prier pour inscrire son troisième but en Bleu, son deuxième de la soirée. Les deux joueurs pouvaient alors se congratuler, à la mode madrilène.
Gameiro marque sur une passe de Griezmann :
Vers une reconduction lundi aux Pays-Bas. En Liga, c'est davantage Gameiro qui sert Griezmann (trois passes décisives). Là, ce fut donc l'inverse. Et l'on fut même tout près d'une redite à la 67e minute du jeu, juste avant la sortie du héros du soir, sous la "standing ovation" du Stade de France. Si on avait dit ça à Gameiro il y a quelques années, voire quelques mois, sans doute ne l'aurait-il pas cru. Quelques minutes plus tard, son nouveau compère a logiquement eu droit lui aussi aux applaudissements nourris du Stade de France. Les deux hommes ont donc été quelque peu préservés par Deschamps. Jusqu'à lundi, il n'y aura pas débat : ces deux-là seront à nouveau associés, lundi soir, aux Pays-Bas, face à une défense sans doute bien plus rigoureuse….
Ce qu'ils ont en pensé :
Kevin Gameiro (AFP) : "J'ai fait ce qu'on m'a demandé de faire, j'ai été performant, j'ai bien défendu aussi. Le premier but, j'ai été le chercher, la tête n'était pas facile. Avec Antoine (Griezmann), on commence à avoir des habitudes. Ca fait deux mois qu'on se cherche en club, là, on s'est bien trouvés. Notre entente ? Elle est naturelle, on est deux petits gabarits, on aime jouer au ballon, moi, je prends plus la profondeur, lui navigue dans les petits espaces."
Antoine Griezmann (AFP) : "Satisfait ? Des quinze premières minutes, non. Après, on a su réagir, c'était important. En première période, moi non plus, je n'étais pas au top, je cherchais des espaces qui ne se créaient pas. Gameiro ? j'essaie de le chercher, je regarde où il est... C'est vrai qu'on s'entend bien, sur le terrain comme en dehors."
Didier Deschamps (au micro de TF1) : "Ils ont été complémentaires, efficaces. C'est la vérité d'un soir. Je suis content pour eux et pour l'équipe. Evidemment, le fait de jouer ensemble en club, il y a des automatismes, on les répète au quotidien. Le faire en équipe de France, c'est bien aussi."