C'est ce mardi que l'un des hommes-clés de l'affaire dite du Fifagate va connaître le verdict de son procès. Cet homme, c'est Jeffrey Webb, l'ancien vice-président du comité exécutif de la Fifa. Il était jugé pour corruption à New York dans ce scandale qui a frappé l'institution il y a maintenant six ans. Une affaire tentaculaire qui commence par un coup de filet spectaculaire.
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Arrestation de Jeffrey Webb
Nous sommes le 27 mai 2015. La scène se déroule à 6 heures du matin. Des policiers suisses débarquent dans le hall d'un luxueux palace du centre de Zurich. Ils viennent arrêter des responsables de la FIFA qui logent ici en Suisse, à quelques jours de l'élection de leur nouveau président. Ce matin-là, quatorze membres sont interpellés. Parmi eux : Jeffrey Webb. Visage caché par des draps blancs, Webb, ainsi que les autres responsables de la Fifa sont escortés jusqu'au véhicule de police.
"On leur reproche d'avoir touché des dizaines des centaines de pots de vin, plusieurs dizaines, plusieurs millions de dollars. Un système également de rétrocommissions sur les droits télé aurait été mis en place. Le ministre de la Justice américain dénonce la Coupe du monde en Afrique du Sud en 2010. Son attribution a été totalement corrompue", explique le journaliste François Clauss. Dans le viseur de la justice : la Coupe du monde de 2010, mais aussi celle de 2018 en Russie et celle à venir au Qatar. en 2022.
Une taupe dans FIFA
La justice suisse et la justice américaine enquêtent depuis des mois. Blanchiment, racket, corruption : c'est la première fois que la Fifa est attaquée judiciairement. Le FBI avait une taupe dans l'institution depuis des années. Son identité est dévoilée. L'homme est un cadre corrompu de la Fifa, qui a conclu un accord avec la police. Il s'agit de Chuck Blazer. Il est agent double. Muni d'un porte-clés micro caché, aux Jeux olympiques de Londres en 2012, il enchaîne les rendez-vous avec plusieurs responsables du football mondial. Ce sont ces conversations enregistrées qui conduisent au coup de filet du 27 mai 2015 à Zurich.
Ces arrestations interviennent à deux jours de l'élection du président de la Fifa, poste qui est occupé depuis 17 ans par un homme : Sepp Blatter. Même s'il n'est pas directement mis en cause à ce moment-là, le scandale touche évidemment la personne de Sepp Blatter, son aura, son omnipotence. Face aux accusations, son allié, Michel Platini, président de l'UEFA, prend ses distances. "Écœuré et dégoûté", dit-il : "Je lui ai dit : 'Ecoute Sepp, aujourd'hui, je viens te demander de quitter la Fifa, de démissionner de la Fifa, de partir de la Fifa parce que l'image est mauvaise. On ne peut plus continuer comme ça".
Sepp Blatter et Platini accusés d'escroquerie
Entre les deux hommes, c'est la rupture. Pendant des années, ils s'accusent mutuellement. Aujourd'hui, ils sont tous deux poursuivis pour soupçon d'escroquerie. En 2015, Sepp Blatter est réélu pour la cinquième fois à la tête de la Fifa. Mais cinq jours plus tard, il prend une décision à la surprise générale.
"Ce mandat n'a pas le soutien de l'intégralité du monde du football et j'entends par là des supporteurs, des joueurs, des clubs. C'est pourquoi je remettrai mon mandat à disposition lors d'un congrès électif extraordinaire", déclare-t-il. A partir de ce moment-là, les révélations vont s'enchaîner de semaine en semaine. La presse révèle l'ampleur des pratiques frauduleuses de la Fifa, les pots de vin, les tentatives d'achats de voix.
Aujourd'hui, la justice américaine a condamné plusieurs dirigeants pour des faits de malversations. Aucune condamnation concernant l'attribution de la Coupe du monde au Qatar n'a encore été prononcée, même si, selon la justice américaine, il y a bien eu corruption sur cette question. Des enquêtes sont toujours en cours en Suisse et en France.