J-100 pour l’Euro 2016 de football. A partir du 10 juin prochain, la crème du football européen a rendez-vous dans l’Hexagone pour y disputer le championnat d’Europe des Nations. Les Bleus comptent faire aussi bien qu’en 1984 quand, à domicile, ils l’avaient emporté et qu’en 2000, quand ils avaient été sacrés à Rotterdam. Mais les enjeux sportifs ne sont pas les seuls qui occupent les esprits. Après les attentats du 13 novembre 2015, dont le Stade de France a été l’un des théâtres, la sécurité est également au cœur des préoccupations des organisateurs.
La sécurité dans toutes les têtes
Les attaques du 13 novembre 2015 ont montré que les enceintes sportives étaient autant de cibles potentielles pour les terroristes, puisque trois kamikazes s’étaient fait sauter aux alentours du Stade de France. Forcément, la compétition qui se tiendra dans toute la France du 10 juin au 10 juillet prochain est classée à haut risque, et la sécurité des délégations sportives et des supporters impliquera un dispositif policier de grande envergure. Les services de l’Etat ont pu roder leur dispositif lors de la COP21, la grande conférence internationale sur le climat qui s’est tenue à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015, moins d’un mois donc après les attentats.
Depuis, les organisateurs de l’Euro 2016 planchent avec les autorités sur le dispositif à mettre en place. "Tout le sens de la coopération entre l'État et l'organisateur en matière de sécurité, c'est l'efficacité de l'interface", explique Jacques Lambert, président de la société d'organisation de la compétition. "Et notamment sur les stades, le moment où l'on franchit le périmètre avec d'un côté les forces de sécurité de l'État, et de l'autre celles de l'organisateur. C'est là que se joue l'essentiel de l'efficacité du dispositif." Le ministère de l'Intérieur devra trouver le juste équilibre entre information du grand public et nécessité de ne pas tout dévoiler, afin d'éviter de donner des clés à d'éventuels terroristes.
L’affaire de la sex tape, le gros point noir des Bleus
Soupçonné de "complicité de tentative de chantage" et de "participation à une association de malfaiteurs" contre Mathieu Valbuena, Karim Benzema, l’actuel meilleur attaquant français, a été jugé "non sélectionnable" par la Fédération française. Le contrôle judiciaire à son encontre a pourtant été partiellement levé, ce qui lui permet de rencontrer, au sein de l’équipe de France et ailleurs, le meneur de jeu de l’Olympique lyonnais. L'appel du parquet, non suspensif, sera jugé le 4 mars prochain.
Sur le plan sportif, le retour de Benzema en Bleu relève de l’évidence, car à 28 ans, l’attaquant traverse l'une des périodes les plus fastes de sa carrière avec 23 réalisations en 24 matches cette saison avec le Real Madrid. Ironie cruelle, depuis la divulgation de l’affaire, Mathieu Valbuena n’est, lui, plus que l’ombre de lui-même. Et finalement, aucun des deux joueurs ne devraient être présents pour le prochain rassemblement des Bleus (deux amicaux contre les Pays-Bas et la Russie, les 25 et 29 mars). Valbuena pour des raisons sportives, et Benzema parce qu'il est blessé à une cuisse et sera probablement forfait. Un répit sur lequel la FFF ne crachera pas.
D’ici à l’annonce de la liste du sélectionneur des Bleus Didier Deschamps pour l'Euro, la situation aura peut-être le temps de se décanter. Car l’enjeu, en termes d’image, est d’importance. Depuis la grève de Knysna et le "bus de la honte" lors de la Coupe du monde en 2010, l’équipe de France est toujours en quête de respectabilité, et l’affaire Benzema-Valbuena a effacé le crédit en partie retrouvé lors de la Coupe du monde de 2014, marqué par un honorable quart de finale perdu face au futur champion du monde allemand (1-0). Une victoire finale lors de l’Euro, le 10 juillet au Stade de France, serait évidemment le moyen le plus efficace de restaurer la popularité des Bleus.
Sans cela, tout irait bien (ou presque)
Didier Deschamps peut d’autant regretter cette triste affaire qu’à part cela, la préparation de l’Euro 2016 est presque idéale pour l’équipe de France. Si l’on enlève la défaite concédée à Wembley face à l’Angleterre, quatre jours après les attentats de Paris (2-0), les Bleus restaient sur 5 victoires convaincantes. Versée dans le groupe I des éliminatoires, l’équipe de France aurait terminé en tête de sa poule si ses résultats avaient été réellement pris en compte, devant le Portugal, avec une seule défaite en dix rencontres. Plutôt de bon augure.
En outre, Didier Deschamps peut se satisfaire d’avoir en tête une bonne partie de son groupe de 23 joueurs pour la compétition. Le cas Benzema mis à part, les quelques incertitudes qui demeurent concernent des places de remplaçants. L’équipe titulaire, elle, a belle allure, avec notamment un milieu impressionnant, composé - a priori - de Lassana Diarra, Blaise Matuidi et Paul Pogba (photo ci-dessus). Certes, sur le papier, les Bleus ne partiront pas favoris face aux grosses écuries que sont l’Allemagne, l’Espagne ou la Belgique. Mais les Bleus de 1998 n’étaient pas plus donnés gagnants au moment d’aborder la Coupe du monde. On connaît la suite.
Les adversaires se cherchent
A un peu plus de trois mois de l’échéance, certaines grandes sélections du continent se cherchent encore, l'Angleterre au premier chef : son capitaine et leader d'attaque, Wayne Rooney, qui connaît une saison compliquée, est forfait jusqu'à la mi-avril en raison d’une blessure au genou. Du côté de l'Allemagne, c'est derrière que ça coince : le patron de la défense, Jérôme Boateng, sera absent jusqu'à fin avril. En outre, depuis la retraite internationale de Miroslav Klose, les champions du monde ont aussi un problème d'avant-centre. Joachim Löw a rappelé Mario Gomez, peu convaincant, et a alterné avec des joueurs offensifs aux profils de "faux 9", comme Thomas Müller et Mario Götze.
Le problème est similaire en Espagne. Diego Costa ne s'est jamais vraiment imposé à la pointe de la Roja, pas plus que les anciens (Soldado, Negredo) ou les jeunes (Alcacer, Morata). La question du gardien s’annonce elle aussi épineuse. Le sélectionneur Vincente Del Bosque conservera-t-il sa confiance à Iker Casillas, capitaine des doubles champions d'Europe en titre, mais moins en vue depuis son exil à Porto ? Enfin la Belgique, numéro un au classement Fifa, est attendue de pied ferme. Mais la forme de son joueur star, Eden Hazard (photo ci-contre), pose question. Le génial milieu offensif connaît une saison médiocre à Chelsea et s’il n’est pas à son meilleur niveau, les Diables Rouges s’annoncent à coup sûr moins démoniaques.
Un Euro pour sortir du marasme
En plein marasme économique, traumatisée par les attentats de Paris, la France aurait bien besoin d’une belle campagne de son équipe à l’Euro 2016 pour insuffler un peu d’optimisme dans le pays. Accessoirement, l’impact économique pourrait ne pas être négligeable. Certains économistes avaient calculé que la victoire des Bleus en 1998, certes dans un contexte économique mondial bien différent, avaient rapporté jusqu’à un point de croissance. François Hollande et Manuel Valls ne diraient pas non à une telle hypothèse. D’autant qu’en cas de sacre des Bleus, le président de la République et le Premier ministre pourraient bien, en termes de popularité, profiter de l’euphorie ambiante, comme Jacques Chirac et Lionel Jospin avant eux.
>>> Mercredi, une journée spéciale Euro 2016, J-100, a lieu sur l'antenne d'Europe 1.