Les Anglais et leur constellation de stars, annoncés comme grands favoris, ont failli rentrer à la maison sans la coupe, noyés sous les regrets, mais ils ont réussi à sortir la tête de l'eau grâce à un finish de feu. Fantomatiques avant la mi-temps, menaçants et malchanceux ensuite, ils ont arraché la prolongation sur un retourné exceptionnel de Bellingham (90e+5, 1-1) et poussé leur avantage à la reprise sur une tête de Harry Kane (91e, 2-1).
"Vous êtes à 30 secondes de rentrer chez vous, d'avoir à écouter toutes les bêtises et d'avoir le sentiment d'avoir laissé tomber toute une nation, et en trente secondes ou en un tir dans le ballon, tout peut changer", a commenté Bellingham, homme du match.
Les vice-champions d'Europe en titre n'ont pas brillé mais ils restent en vie, avec devant eux un plateau assez dégagé jusqu'à la finale du 14 juillet à Berlin. Avant de viser le titre, que tout un pays attend depuis le Mondial-1966, il faudra se coltiner la Suisse, tombeuse de l'Italie, le 6 juillet (18h00) à Düsseldorf. En attendant, la pression s'allège un peu autour de Gareth Southgate, encore hué dimanche avant le match par une partie de ses propres supporters, exaspérés par la faiblesse du jeu collectif proposé.
"C'était une soirée où je n'étais pas préparé, pas prêt à rentrer chez moi et les joueurs ont clairement ressenti la même chose", a lancé le sélectionneur. Pour la suite, "nous savons que notre niveau de jeu devra être plus élevé, mais il y a un esprit et une unité qui se sont développés". L'ancien joueur et entraîneur de Middlesbrough sera encore au rendez-vous des quarts de finale d'une grande compétition, une constance sous son règne débuté en 2016.
Deux visages
Le scénario écrit dimanche à Gelsenkirchen apparaîtra cruel pour les "Faucons" slovaques, bien mieux partis dans la rencontre, et dont le cocktail de rigueur et de pressing a longtemps donné mal aux crânes aux Anglais dépassés, sans énergie ni idée.
Les "Three Lions" ont rejoint le vestiaire à la mi-temps avec une possession de balle très élevée (77%), mais totalement stérile, comme en témoigne leur nombre de tirs cadrés : zéro. La Slovaquie s'était procurée les meilleures occasions et elle en a mis une au fond par Ivan Schranz (25e, 0-1), l'ailier du Slavia Prague, venu tromper Jordan Pickford de l'extérieur du pied droit.
En seconde période, cependant, l'Angleterre est repartie à l'assaut avec des intentions et plus d'intensité pour faire céder l'actuelle 45e équipe au classement Fifa. Il y a eu un but de Phil Foden invalidé pour une position de hors jeu (50e), une tête de Kane de peu à côté (78e) et une frappe de Declan Rice repoussé par un poteau (81e).
Il y a eu, surtout, ce chef d'oeuvre dans les airs de Jude Bellingham, buteur et sauveur de tout un peuple, au lendemain de son 21e anniversaire. Marquer un si joli but, "en sélection et dans un match à élimination directe, c'est un sentiment comme aucun autre", a apprécié le phénomène du Real Madrid.
Le milieu offensif a évité l'élimination au bout du temps additionnel, et son capitaine Harry Kane a pris le relais pour assurer la qualification, au tout début de la prolongation.L'action de la libération part d'une frappe d'Eberechi Eze reprise de la tête par Ivan Toney, deux remplaçants lancés par Southgate quelques minutes (pour le premier) et secondes (pour le second) avant.
Au coup de sifflet final, les supporters anglais ont poussé un dernier rugissement, de plaisir et de soulagement, avant d'entonner "Sweet Caroline", le tube de leur sélection, à pleins poumons.