Et l'aventure européenne de l'équipe de France s'arrêta net, par une douce soirée d'été sur la pelouse de la National Arena de Bucarest, lundi. Menés, rejoints et finalement éliminés au bout de la nuit par une séduisante équipe suisse, les Bleus ont quitté prématurément une compétition qui paraissait à leur portée, sans grand favori en dehors d'eux, champions du monde à la force collective a priori intacte. L'édifice tricolore s'est écroulé et avec lui les certitudes des Français dans cette équipe. Tout est-il à jeter après cette désillusion ? Non, pas vraiment. Europe 1 a listé les raisons de ne pas totalement sombrer dans la dépression malgré cette élimination rocambolesque.
Le récital de Pogba
Parmi les indéniables motifs de satisfaction (en dépit de l'abattement général, il faut bien le dire), les prestations de Paul Pogba durant cet Euro occupent une place de choix. Irrégulier avec Manchester United, le milieu de terrain tricolore a littéralement survolé ces quatre matches, avec un rendement majuscule notamment contre l'Allemagne et la Suisse. Avec, en guise de conclusion anticipée d'une compétition disputée avec envie et inspiration, cette frappe somptueuse nichée dans la lucarne de Yann Sommer, lundi soir, pour le but d'un 3-1 que beaucoup pressentaient définitif.
À 28 ans, "la Pioche" a encore montré lors de cette campagne qu'il était le patron de l'entrejeu tricolore, aux côtés d'un Kanté émoussé et d'un Griezmann pas particulièrement inspiré. Il aura 29 ans lors du Mondial au Qatar, fin 2022, et rien ne laisse présager une baisse de qualité du soyeux pied droit mancunien.
Benzema, retour gagnant
Il était attendu, il a répondu : rappelé in extremis par Didier Deschamps en mai, Karim Benzema a su se montrer à la hauteur de la pression qui pesait sur ses épaules. Avec quatre buts au compteur, lors des deux derniers matches, après deux premières rencontres pour s'ajuster en compétition officielle, la première depuis 2015 en Bleu. À la pointe de l'attaque, "KB9" a affiché un visage conquérant, s'adaptant intelligemment aux habitudes de jeu de ses compères de l'attaque, Antoine Griezmann et Kylian Mbappé.
Pour lui aussi, 2022 n'est pas si loin, avec un statut de quasi-intouchable au Real Madrid. Et on imagine mal Didier Deschamps se passer de nouveau de celui qu'il a rappelé pour renforcer l'efficacité offensive de son équipe. Celle-ci reste armée pour faire sauter n'importe quel verrou défensif. Pour cela, il faudra disputer de nombreux matches ensemble, tenter des combinaisons, roder une animation capable de mettre en valeur les qualités des trois joyaux français. La saison prochaine, avec notamment un Final Four en Ligue des nations à l'automne, est justement là pour ça.
La solidité défensive n'a pas totalement disparu
Certes, les Bleus ont encaissé six buts en quatre matches (autant que lors de toute la Coupe du monde 2018). Oui, la Nati, qui n'est pas un cador européen, a pu marquer trois buts à cette équipe de France, qui plus est dans un match à élimination directe. Mais les coéquipiers d'Hugo Lloris n'ont pas été une "passoire" durant cet Euro. En témoigne la solidité défensive affichée durant toute la rencontre face à l'Allemagne et pendant une bonne partie du match contre le Portugal. Si de nombreuses questions se posent désormais sur la charnière centrale et les latéraux tricolores, tout n'est pas à jeter, là non plus.
La réponse collective après les errements tactiques
Hors de ces deux individualités en verve, il faut retenir de cet Euro une certaine capacité des joueurs alignés à très bien jouer par moments. Passée l'adaptation désastreuse à un nouveau système de jeu en 3-5-2 lundi soir, les Bleus se sont remis dans le sens de la marche en misant sur leurs forces : pressing haut de l'équipe adverse, projection efficace sur toute la largeur du terrain, combinaisons très nombreuses dans les trente derniers mètres pour déstabiliser la défense. C'est ce que les supporters Français ont vu aux alentours de l'heure de jeu, face à la Suisse.
La Nati, comme d'autres équipes avant elles, n'a pas su, momentanément, faire face à cette animation offensive retrouvée. Si elle a ensuite faibli, l'équipe de France a montré qu'elle avait toujours du répondant quand elle était dos au mur. Un motif de satisfaction pour Didier Deschamps, avec qui le président de la Fédération, Noël Le Graët, va bientôt "discuter" en vue de 2022.