Assez rare dans les médias, à Marseille comme ailleurs, le dirigeant espagnol de 35 ans a accordé une interview exclusive à Europe 1. Alors que son équipe se confronte ce jeudi soir au Stade Vélodrome au Feyenoord de Rotterdam pour une place en finale de la Conférence League, Pablo Longoria revient notamment sur la saison de l'OM, analyse le football français, évoque son entraîneur Jorge Sampaoli mais également le drame de Furiani, survenu à Bastia il y a 30 ans jour pour jour lors d'un match Bastia-OM, dans lequel 19 personnes trouvèrent la mort.
Sa passion du football : "La passion est née en allant au stade."
"Je crois que c'est quelque chose qui arrive naturellement. À l'époque, dans notre région des Asturies, une région au nord de l'Espagne, on avait des équipes en première division espagnole. Le Real Oviedo et le Sporting Gijón. Et la passion est née en allant au stade."
Sur l'OM : "L'OM est un club populaire."
"Une des valeurs les plus importantes que je considère, c'est que l'OM est un club populaire. On ne peut pas oublier ça dans la gestion du club. C'est une des forces du club. Chaque fois qu'il y a un déplacement, quand on va à l'hôtel, on voit beaucoup de supporters. Les regards des gens, la passion. Comme président, ça continue à beaucoup me toucher."
Sur sa prise de fonction en février 2021 : "Je voulais que tout le monde aille dans la même direction."
"La première chose que je voulais, c'était que tout le monde aille dans la même direction. Les supporteurs, les salariés, le club, les joueurs. Tout le monde forme la famille de l'Olympique de Marseille. Pour moi, c'était ça, l'objectif fondamental. C'est la façon de pouvoir retrouver un peu de stabilité dans un sport qui est un jeu. Je crois que c'est possible d'avoir de la stabilité. Il y a des villes comme Marseille, comme l'OM, plus passionnelle que d'autres. La passion, ce sont toujours des hauts et des bas, c'est blanc ou noir. J'ai toujours cru que construire un projet dans un club de football, ça doit être fait avec la logique et avec des décisions qui sont cohérentes. Et quand il y a de la cohérence, il y a toujours plus de stabilité."
Sur l'avenir de Sampaoli : "Donner de la continuité."
"Je prends du plaisir à regarder l'équipe cette saison. Il a un contrat avec nous jusqu'à 2023, mais il y a un composant important pour moi. Dans le moment où on commence des projets avec une identité de jeu, et qu'on voit qu'il y a des résultats, qu'il y a une identification. On a retrouvé des bons moments et des émotions. L'objectif des clubs, ça sera toujours de donner de la continuité à ça. Jorge est dans un moment où il est très content ici. Ceux qui sont proches de lui ou de l'équipe voient qu'il veut s'installer sur un projet à long terme, voit l'envie qu'il a dans le quotidien, dans toutes les actions qu'il fait. Nous sommes très contents et la plus importante qu'il nous a donnée, c'est l'identité de jeu qu'on a recherché."
Sur la demi-finale face au Feyenoord : "Jouer avec la tête et le calme."
"Une demi-finale, c'est un match particulier. C'est un match qu'on crée. C'est important de jouer ce type de match avec beaucoup de calme, en sachant quels sont nos points forts. Nous sommes une équipe construite pour jouer de façon très déterminée. Je crois que si on a nos valeurs, on a des opportunités. Si nous sommes nous-mêmes. Il faut prendre de l'expérience à jouer ce type de match. C'est une équipe jeune, qui doit progresser, on doit jouer avec la tête et le calme."
S'attendait-il à une saison comme celle-ci ? "Un des meilleurs groupes que j'ai vus dans ma carrière."
"On a travaillé pour faire les choses sérieusement. Dans la vie, le travail paye toujours. C'est compliqué de faire un projet de reconstruction d'un club avec beaucoup de nouveaux joueurs. Il faut qu'ils soient tous ensemble. C'est difficile, mais ce n'est pas surprenant parce que je crois beaucoup dans les coachs, dans le groupe. Dès la première année. Je crois dans l'élément qu'il y a entre les joueurs à l'intérieur du vestiaire. Il y a un bon groupe, vraiment. C'est un des meilleurs groupes que j'ai vu dans ma carrière. On l'a vu l'autre jour à Reims (victoire 1-0 de Marseille). C'était la victoire d'un groupe qui croyait dans ce résultat. C'est un groupe important et spécial. Et ça continue à se construire."
Son regard sur le football français : "Un des meilleurs championnats d'Europe."
"J'ai toujours considéré le football français comme le championnat le plus important pour faire du scouting (repérage de joueurs). À La Juventus, on disait qu'on pourrait faire du scouting seulement en regardant les championnats de Ligue 1 et de Ligue 2. Ce sont des championnats avec un nombre énorme de talents, de joueurs modernes, de joueurs physiques avec une très bonne coordination. Ça, c'est un football moderne et c'est la première chose qui attire beaucoup de clubs étrangers. Mais quand tu es à l'intérieur, c'est intéressant de voir l'évolution du championnat.
Je crois que cette saison, c'est un des meilleurs championnats d'Europe. Beaucoup de clubs ont retenu leurs meilleurs talents. Beaucoup d'équipes utilisent le bloc bas. Il y a eu une évolution tactique et c'est très important. Je vois beaucoup plus d'organisation dans des équipes et ce type d'évolution, vraiment, c'est quelque chose sur lequel on commence à réfléchir. Ces dernières années, c'était le pressing de Klopp (l'entraîneur de Liverpool) contre le football de possession.
C'était un peu la bataille tactique du football. Et je crois que maintenant ça va être les équipes qui ont des transitions rapides, qui jouent à haute intensité contre des équipes qui défendent et qui sont bien structurées pour jouer des contre-attaques. Et comment trouver l'équilibre là-dedans, ce sera la grande question de la prochaine saison, je pense."
Sur la formation des jeunes : "Une des choses qu'on se fixe comme priorité."
"On tient à remercier le travail de Nasser Larguet. Il a apporté beaucoup de bonnes choses pour le club, spécialement sur un aspect de l'organisation. Le centre de formation s'est beaucoup amélioré sur l'organisation, pour mettre en place différentes choses et il a fait un bon travail à l'intérieur de l'OM. C'est important pour nous de comprendre que nous sommes dans une région où il y a beaucoup de passion pour le football. Comment bien développer une politique dans laquelle nous pouvons aussi bien développer le centre de formation ? C'est très important pour l'identification. C'est quelque chose qu'on demande, le niveau d'identification avec l'équipe, le sentiment par rapport à l'équipe. C'est une des choses qu'on se fixe comme priorité."
De la place pour les anciens ? "Ce sont eux qui ont fait l'histoire du club."
"La porte est toujours ouverte. La première chose qu'un club doit faire, c'est de respecter son histoire. Sinon, il n'y a pas de projet. Ce sont eux qui ont fait l'histoire du club, qui permettent aujourd'hui à tout le monde de travailler dans le quotidien et de continuer à être ici. Nous sommes de passage. La question la plus importante, c'est toujours la compétence. Mais toujours avec une porte ouverte pour la collaboration avec tous les anciens joueurs. Parce qu'un club, sans ses anciens joueurs et qui ne respecte pas l'histoire, ce n'est pas un club de football."
Sur l'anniversaire du drame de Furiani : "Faire un monument, ici, à Marseille."
"Tout d'abord, mes pensées vont aux victimes et aux familles des victimes. Ça, c'est la chose la plus importante. Un club doit toujours penser à son histoire et bien connaître ces moments tragiques. On doit être à la hauteur. On a cherché à être à la hauteur avec l'UEFA, avec la question des brassards noirs et une minute de silence. On remercie l'UEFA de nous permettre de faire ça. C'est important de montrer du respect dans un moment important. J'aimerais que l'OM aille plus loin et on doit travailler à penser comment rendre un hommage encore plus fort. Furiani, c'est quelque chose de très important dans l'histoire du club. On aimerait commencer à travailler pour avoir des différentes initiatives, des idées, pour pouvoir faire un monument, ici, à Marseille."