Un brusque retour à la réalité. L'équipe de France, qui rêvait de remporter la dernière Coupe Davis dans son format historique, a été sèchement battue en finale par la Croatie (3-1), dimanche, après la défaite de Lucas Pouille contre Marin Cilic. Jamais, tout au long du week-end, les Bleus n'ont pu contester la supériorité des Croates, bien trop forts en simple. La victoire dans le double, samedi, n'a offert qu'un sursis de courte durée aux hommes de Yannick Noah. De quoi laisser un goût amer à toute l'équipe de France.
- Les tristes adieux de Yannick Noah
A 58 ans, Yannick Noah dit adieu à la Coupe Davis sur une défaite nette et sans bavure. Le capitaine des Bleus, qui sera remplacé l'an prochain par Amélie Mauresmo, rêvait de remporter une quatrième fois le Saladier d'Argent, après 1991, 1996 et 2017. Pour créer l'exploit, il a tenté une nouvelle fois un coup de poker, en évinçant Lucas Pouille, son meilleur joueur depuis deux ans, lors des deux premiers simples de vendredi. Des paris perdants : Jérémy Chardy, le moins expérimenté des trois prétendants au simple, a d'abord été balayé par Borna Coric. La titularisation de Jo-Wilfried Tsonga, de retour d'une longue blessure depuis seulement quelques semaines et impuissant face à Cilic, pose question. Le retour de Pouille, dimanche, a également fait pschitt.
- Des joueurs trop limités
Mais peu importe le choix des hommes, aucun d'entre eux n'a rivalisé avec les Croates. En simples, le bilan est implacable : les Français n'ont pas remporté un seul set et, humiliation supplémentaire, n'ont pas réussi le moindre break. La défaite est lourde mais, au final, terriblement logique. Car le tennis masculin français sort d'une année cauchemardesque, avec aucun joueur en quart de finale de Grand Chelem pour la première fois depuis 1980. Dans ces conditions, renverser la Croatie, portée par deux membres du top 15 mondial (Cilic est n°7, Coric n°12) aurait été un exploit gigantesque. Avec Pouille (32e), Chardy (40e) et Tsonga (259e), c'était mission impossible.
- Le public a pourtant joué son rôle
Le public du stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d'Ascq n'y aura cru que samedi, lors du double remporté par Pierre-Hugues Herbert et Nicolas Mahut dans une ambiance extraordinaire. Les supporters français ont également donné de la voix dimanche, avec de puissants "Lucas, Lucas" et des encouragements incessants à l'attention de Pouille. Mais face à la nette supériorité des Croates, ils n'ont jamais pu vraiment s'enflammer lors des simples. Ils ont en revanche contesté avec véhémence, à l'aide de plusieurs pancartes ("118 ans, l'ITF m'a tuer" ; "Adieu et merci pour tous ces moments"), la future réforme de la Coupe Davis, qui se jouera à partir de l'an prochain à Madrid, sur une seule semaine. Eux aussi rêvaient d'adieux plus festifs.