Adversaire de longue date de l'assistance vidéo dans le football, Michel Platini n'en démord pas. Encore moins après le penalty polémique accordé à Manchester United en toute fin de match contre le PSG, mercredi soir, en huitième de finale de la Ligue des Champions. Dans les colonnes du Journal du dimanche, l'ancien patron de l'UEFA réaffirme sa défiance envers la VAR, et appelle les joueurs à "se bouger les fesses" pour marquer leur désaccord avec cette récente modification du règlement.
Mercredi soir, alors que les Parisiens tenaient difficilement leur qualification pour les quarts de finale de la Ligue des Champions, en étant menés 2-1 après leur victoire au match aller, le défenseur Presnel Kimpembe avait détourné le ballon en corner sur un tir de Dalot, à la 92e minute. Mais après visionnage de la vidéo, l'arbitre Damir Skomina a désigné le point de penalty, Kimpembe ayant détourné le ballon du bras, et Rashford ne s'est pas fait prier pour envoyer les Red Devils en quarts de finale.
"C'est aller contre l'esprit du football". Pour Michel Platini, "l'arbitre a fait ce qu'il fallait faire en sifflant corner, et puis des gens lui ont dit qu'il devait regarder de plus près. Or décréter que tout contact de la main (dans la surface) doit être sanctionné d'un penalty, c'est aller contre l'esprit du football, contre le jeu". Pour le triple Ballon d'or, "cela risque de conduire à des situations où, plutôt que d'ajuster leur centre ou leur tir, les joueurs vont d'abord viser la main du défenseur".
L'ancien joueur de la Juventus de Turin dit ne pas en vouloir aux arbitres, mais "à ceux qui les dirigent". "Le football est un jeu dans lequel les arbitres n'ont qu'à se démerder pour bien arbitrer", estime celui qui assumait déjà lorsqu'il était président de l'UEFA son opposition à l'instauration de la vidéo. "Je crois que les arbitres devraient d'abord être sur les terrains plutôt qu'en train de bouger des manettes. Là, on a l'impression que celui qui officie sur la pelouse est commandé par ceux qui sont installés en tribunes", ajoute Michel Platini.
Les arbitres "auraient dû râler quand on leur a imposé ce système". Pour lutter contre la vidéo, Michel Platini appelle les acteurs du jeu à se mobiliser. Les arbitres, tout d'abord, qui "auraient dû râler quand on leur a imposé ce système", mais surtout les joueurs. Pour Michel Platini, qui a envoyé une lettre au président de la FIFPro, le syndicat mondial des joueurs, "pour que les joueurs se bougent les fesses", ces derniers doivent dire "via leur syndicat 'ça suffit, nous aussi on doit participer à l'élaboration des lois du football'".
Et l'ancien entraîneur des Bleus de conclure : "si on donne la responsabilité à des gens du football de décider de ses règles, le jeu n'est pas en danger. Mais si elles sont confiées à n'importe qui, il peut l'être oui".